CHAPITRE 14

13 2 0
                                    

Le jeune homme et Biba étaient persuadés que nul ne le savait ; or, l'oeil de faucon, l'amie des nuits noires, la vieille Goudou à la langue pendante, plus d'une fois, les avait remarqués: comme toutes les vieilles de son genre, elle informa
Adamou, avec l'espoir d'obtenir quelque récompense.
Sans accorder de l'importance à l'information, Adamou la récompensa. Cependant, la rumeur persista à Kangaou, que depuis quelque temps, Biba avait cessé d'être fidèle. Tout le monde le savait, mais personne n'osait prendre la responsabilité d'un éventuel drame conjugal.

Les rumeurs parvenaient journellement à Adamou, lui pesaient sur le coeur: mais sa femme, plus que par le passé lui vouait un semblant d'amour puissant.

Finalement, Adamou prépara un plan. Biba l'aida à faire sa valise et l'accompagna jusqu'à la gare routière: la, Adamou attendit les camions de transport partant sur Niamey.
Quelques instants plus tard, il monta dans une "403" bâchée. Convaincue que son mari ne rentrerait pas avant deux jours, Biba se fit rejoindre par son amant une nuit merveilleuse etait en perspective.
Mais Adamou, après seulement quelques dizaines de kilomètres, se fit descendre du camion, resta dans un village jusqu'à la tombée de la nuit, et longtemps encore après le diner. Il enfourcha alors un cheval et prit le chemin du retour. Il atteignit Kangaou au premier chant du coq, se dirigea directement chez son frère aîné pour confier le cheval, et regagna son domicile. Il pénétra dans la concession, ôta ses chaussures et marcha à pas feutrés jusqu'à la porte de sa case.

il entendit une voix, puis deux voix, puis des soupirs et des grincements de lit... Pris de rage, il ouvrit d'un trait la porte, et braqua sa lampe electrique en direction du lit.
Biba et son amant curent a peine le temps de se lever; ils étaient là, dans le nudisme le plus total, et sur le lit douillet d'Adamou.
Ils tremblaient de peur et de honte.
Adamou dévisagea longuement le petit camelot de Dourmi dont la totalité du commerce ne dépassait guere plus de trois mille francs.
Après avoir longuement réfléchi, Adamou lui ordonna de se rhabiller et de s'en aller, sans aucune crainte. Il se retourna ensuite vers Biba et lui ordonna d'emboîter les pas du jeune homme telle qu'elle, c'est-à-dire sans robe, sans foulard, sans chaussures, avec pour seul vêtement son petit "'mukuru" qu'elle avait autour des reins. Adamou la conduisit jusque chez ses parents, leur narra l'histoire, et les informa qu'il décidait de rompre définitivement avec leur fille.

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant