CHAPITRE 006

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- Depuis quand es-tu à Niamey ?

- Oh, cela fait seulement trois ans. Au village, j'ai voulu me marier à une très belle fille, mais hélas on a refoulé la dot que j'ai envoyée.

-Mais pourquoi ?

-Les parents de la fille me considéraient comme pauvre, et eux voulaient marier leur fille à un homme riche, capable de les entretenir. Par contre, la fille, la belle Aïssa, m'aimait follement, mais ne pouvait rien contre la volonté de ses parents qui menacèrent même de la maudire. Voilà pourquoi j'avais pris la décision, il y a trois ans, de venir à Niamey chercher fortune.

- Comptes-tu retourner chez toi ?

- Dès que j'aurai réuni un peu d'argent, je retournerai au village pour chercher une autre fille.

- Suppose que tu retrouves ta fiancée encore dans le célibat... -

-C'est impossible, car les garçons
qui soupiraient après elle étaient nombreux, et étaient tous plus aisés les uns que les autres. Mais si je devais la retrouver sans mari, je ne consulterai personne, et l'épouserais immédiatement.

- Le travail est-il facile à trouver ici ?

- Heey, c'est même très difficile à trouver, surtout pour nous les campagnards.

-Couze, dis-moi comment vous arrivez à vous déplacer dans cette ville si vaste et si grouillante, sans vous perdre et comment on peut ne pas se faire écraser par ces nombreux engins à moteur qui circulent continuellement ?

- L'habitude, mon cher. Si tu restes un moment à Niamey, tu verras que tout n'est pas diable, qu'il s'agit simplement d'une question d'habitude.

Garba et Couze avaient déjà repris le chemin du retour. Quand ils arrivèrent dans leur petite maison, Couze demanda à Garba les raisons qui l'ont poussé à venir lui aussi à Niamey.
- Comme toi, j'ai aimé une fille belle et charmante. J'ai envoyé ma dot que les parents me firent retourner quelques jours plus tard parce qu'un autre homme voulait lui aussi de la fille; il avait fait parvenir une dot qui triple la mienne. Le mariage devait être célébré quand trois jours avant les cérémonies, Maïmou prit la fuite pour on ne sait où. Toutes les recherches pour la retrouver furent vaines. Avant de s'en aller, Maïmou avait dit à une vieille femme que tant qu'on n'accepterait pas notre union, elle ne reverrait plus jamais sa famille. Ah, si tu pouvais savoir combien elle avait souffert ! La pauvre Maïmou, aujourd'hui encore personne ne sait où elle se cache. Mais moi, je sais qu'elle est en vie. Voilà pourquoi je suis ici. Le moment venu, je retournerai à Dourmi et j'irai à sa recherche. Où qu'elle se cache, il faudra que je la voie ; je la ramènerai à la maison et notre mariage sera célébré.
Oui, il le faut, car Maïmou est l'une de ces filles qu'on ne rencontre pas souvent. Après avoir rêvé jour et nuit, matin et soir, deux mois durant, au milieu des soucis et des déchirements de toutes sortes, je pris la décision de venir à Niamey, avec l'espoir qu'un jour je retournerai au village, riche et fier.

- Mais d'ici ton retour, ta Maimou se sera accrochée à un autre.

- Non, Maïmou n'en est pas capable: elle a refusé de céder aux menaces de sa mère, elle a pris la fuite à cause de moi, c'est qu'elle m'aime.







Garba est donc à Niamey et il lui faut trouver du travail, à un moment où la récession frappe de plein fouet la capitale et où le chômage est visible partout.
Il erra de société en société, d'entreprise en entreprise, mais sans succès. Déçu et ne sachant plus où donner de la tête, il prit la décision de retourner au village, si la situation ne changeait pas dans une semaine ou deux. joie, il oublia de faire escale chez la "Yao", ce restaurant pour les pauvres, où il avait coutume de prendre son repas quotidien.
C'est donc à la SNE que Garba restera deux années durant à la grande satisfaction de son employeur.
En effet, sa présence effective, de jour comme de nuit, sa taille et sa robustesse ont dissuadé plus d'une fois des malfrats s'aventuraient aux alentours, tant et si bien qu'il devint le "patron" des gardiens du coin, celui que l'on respecte et que l'on craint à la fois. Il fut même pris en modèle parmi les autres, et la société en était fière, si fière qu'elle le gratifia d'une augmentation de salaire et d'une prime de rendement pour son efficacité et sa grande courtoisie à l'égard du personnel et des clients, dont certains, à l'occasion en parlaient au Directeur, un jeune cadre qui a fait de la rigueur et de la bonne gestion, son souci permanent.

Un beau matin, Garba prit congé de Couze et deux jours après, à l'heure où chacun dort d'un profond sommeil, il fit son entrée à Dourmi. Pour ne pas réveiller ses parents, il posa sa valise près de lui et s'endormit à même le sol.
Le matin, la surprise fut générale dans la famille, quand on le trouva en train de faire ses ablutions pour la prière.
La nouvelle parcourut aussitôt le village ; Bango, le griot à la voix de ténor, était encore à Dourmi.
Hommes, femmes et enfants se ruèrent vers la demeure de Garba; tous ceux qui vinrent lui souhaiter la bienvenue, le trouvèrent souriant, détendu et plein de dignité.
A chacun, il offrait cola, parfum, savon ou argent... Dans toute la région, on se mit à parler de sa richesse, de sa largesse aussi. Adamou en devint jaloux à mourir d'un couteau planté en plein coeur.
Quelques jours plus tard, un mendiant qui demandait l'aumône de case en case s'arrêta chez Garba. Comme poussé par quelque démon, Garba s'empressa de l'habiller et lui donna jusqu'aux chaussures.





Une semaine après, le mendiant dans sa longue randonnée, atteignit le village de Kwaramargu à l'heure où le soleil disparait au fond de sa demeure. Le hasard le conduisit à passer la nuit chez la vieille femme qui hébergeait Maimou.

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant