CHAPITRE 20

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Mais si Garba lui s'en est bien tiré, il n'en est pas de même pour Adamou. D'autant plus que les péripéties de l'incendie ne s'arrêteront pas là, car l'Union Générale des Assurances du Niger fit ouvrir une enquête pour déterminer les causes réelles des incendies.
Dès que les enquêteurs arrivèrent sur les lieux du désastre, ils orientèrent tout naturellement leurs investigations vers le court-circuit électrique, d'autant plus que des voisins affirmèrent avoir vu s'échapper du poteau alimentant du magasin, une sorte d'étincelle juste avant que le feu ne prenne.

La NIGELEC (Société Nationale d'Electricité) virtuellement mise en cause, fut donc contactée.
Elle y dépêcha à cet effet aussitôt une équipe de techniciens avertis qui, à l'issue de minutieuses vérifications, parvint à convaincre, de manière irréfutable, que l'incendie du magasin n'était nullement le fait d'un court-circuit. C'est alors, et alors seulement qu'on envisagea la probabilité de l'incendie criminel.
La NIGELEC elle, s'en était sortie grandie.
Les enquêteurs se mirent donc à pied d'oeuvre, interrogeant d'abord et très longuement Garba sur ses relations, ses ennemis potentiels; elle interrogea tous ceux qui à un titre ou à un autre pouvaient lui en vouloir, parce que la spontanéité des deux incendies, presque au même moment, laissait nettement supposer un acte de sabotage.

A l'issue des différentes interrogations, l'étau commença à se resserrer autour des rivaux de Garba, ceux qui comme lui, voulaient épouser la belle Maïmou. Adamou était, bien entendu, celui que l'on soupçonnait le plus, car seul lui était sur le point d'épouser Maïmou quand celle-ci opposa un refus catégorique, préférant Garba ou le suicide.



L'enquête dura plus d'une semaine sans qu'il n'y ait aucune preuve concrète contre telle ou telle personne. Mais voici que spontanément, un homme d'une quarantaine d'années vint voir les enquêteurs et leur fit part de ce que quelques jours avant les incendies, Adamou leur avait dit que jamais il n'accepterait que dans cette région on puisse faire l'éloge d'un autre homme parce qu'il aurait mieux réussi dans les affaires que lui.
Forts de cette révélation, les enquêteurs interpelèrent Adamou, se mirent à le "cuisiner" de façon telle qu'il fut obligé d'avouer être à la base des deux incendies qui ont ravagé les magasins de Garba. Arrêté immédiatement et déféré devant les tribunaux, Adamou fut jugé et condamné non seulement à rembourser intégralement l'Union Générale des Assurances du Niger (UGAN), mais aussi à payer une très forte amende, avant d'aller réfléchir sur le bien-fondé de son acte pour trois ans entre les quatre murs d'une cellule de la prison civile de Niamey, au moment même où venait de s'ouvrir à peine l'autre dossier, celui relatif au trafic de carburant.
Voilà pourquoi aujourd'hui encore en pays zarma, on continue d'immortaliser l'adage plein de sagesse qui dit:
"quand tu creuses un trou
d'adversité, fais-le le moins profond possible, parce que tu ne sais pas si tu ne seras pas le premier à y tombé''

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant