CHAPITRE 15

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Les parents en éprouvèrent une grande honte.
Ils ne pouvaient imaginer que Biba pût commettre un acte aussi déshonorant.
La mère en souffrit tellement qu'elle décida d'abandonner le village, la région même.
Le matin déjà, la nouvelle était sur toutes les lèvres.
Pendant ce temps, Adamou s'était retiré seul chez lui, des jours durant pour méditer. Au soir du septième jour, il en vint aux conclusions suivantes:

1) Woyboro kan kungu nan ga zotti, autrement dit: la femme trop choyée, disposant de tout le confort et de tout ce dont elle a besoin, est généralement tentée par le démon de l'infidélité.

2) l'amour est un sentiment supérieur qui ne s'achète pas.

3) La meilleure épouse est celle qui dans votre malheur comme dans votre bonheur a accepté de partager votre vie sans jamais se plaindre. C'est le cas de Gambi, qui avait plus de vingt ans de mariage avec lui.



Adamou décida alors de rappeler Gambi, la mère de ses enfants, ainsi que Fati sa seconde épouse.
Dès le lendemain soir, Adamou réunit chez lui quelques amis et leur fit part de son intention.
La nouvelle parut si importante qu'on décida sur le champ, d'envoyer une délégation auprès de Gambi et de Fati. Toutes deux acceptèrent de réintégrer leur foyer la même nuit.
Gambi arriva la première, suivie quelques instants plus tard de Fati. Adamou était là, souriant et détendu. Il était d'une gaieté exceptionnelle.
Gambi et Fati étaient contentes de voir leur époux dans cet état.

La nuit avançait ; un à un, les amis se retirèrent, laissant Adamou seul avec ses épouses.

Adamou les fit venir et leur parla ainsi:

Je vous ai réunies pour vous remercier d'être revenues.
J'avais commis une erreur, et aujourd'hui je m'en répens. Désormais, je ferai tout ce qui est humainement possible pour éviter les problèmes conjugaux du genre de ceux que nous venons de vivre. Toi particulièrement, Gambi, je te demande de me pardonner.

-Père d'Aysa, ce qui est passé est passé. Et puis, je ne puis laisser mes enfants tout seuls ; ving-deux ans de mariage, c'est quelque chose.

Fati: Moi, je crois que nous devrions examiner les problèmes chaque fois qu'ils se posent. Ainsi, nous pourrions mieux nous comprendre pour mieux les assumer.

Amadou : Je suis d'accord,Absolumenet d'accord avec toi.D'ailleurs je promets de ne rien
entreprendre désormais sans vous consulter. Tout ce dont vous aurez besoin, je vous le ferai dans la limite de mes moyens. Mais... il y a un vieil adage qui dit qu'on ne peut jamais répondre d'une femme. Moi je voudrais en retour, que vous me promettez de pouvoir répondre de de vous.Sinon celle qui essaiera de faire l'infidèle comme Biba, en subira les conséquences.

Gambi:
Le jour où tu en auras vent, je
t'ordonne de me tuer, père d'Aysa.

Fati: Père d'Aysa, tu ne devrais même pas dire cela.

Depuis ce jour, Adamou et ses deux épouses vécurent dans une entente parfaite. Et les habitants du village les admiraient pour cela. Biba, elle, avait perdu et son mari et son jeune amant, ainsi que son honneur. Ne pouvant même plus se promener dans le village, elle resta cloîtrée des mois et des mois.
Lasse d'attendre, elle commença par se prostituer, en cachette, puis, un beau jour, elle alla s'installer à Niamey pour vendre ses charmes. Comme des milliers d'autres femmes, victimes de leur beauté et de leur charme, Biba échoua sur les carreaux du désespoir et de la vie dure.

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant