CHAPITRE 10

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Ils la firent transporter vite chez ses parents, grâce à la bienveillance d'un cavalier qui était de passage sur les lieux. Quant à l'équipe de sauvetage, elle suivit à pieds. La traversée de Dourmi provoqua un spectacle rappelant le jour où Maïmou réintégra le toit familial après ses deux années d'absence. La nouvelle bouleversa tout le monde. Des femmes qui revenaient du puits laissèrent tomber leurs canaris sous le coup de l'indignation, des hommes abandonnèrent subitement leurs travaux champêtres, de nombreux jeunes, garçons et filles, ne purent retenir leurs larmes.

Tout ce monde bigarré accourut chez Salmou pour voir Maïmou étendue sur la natte comme un morceau de bois mort.
Heureusement que grâce à la politique de décentralisation entreprise depuis quelques années par l'Office National des Produits Pharmaceutiques et Chimiques (ONPPC) à travers tout le pays, Dourmi a pu bénéficier d'une modeste Pharmacie Populaire. C'est donc là qu'on alla payer à bas prix les quelques produits de premiers soins qui serviront à traiter Maïmou.
Garba, dans son champ était accroché à sa hilaire; cultivant son lopin de terre, lorsque son plus jeune frère vint lui annoncer la nouvelle. Avec la rapidité d'un lièvre, il courut jusqu'au chevet de sa bien-aimée.
Seule la présence des habitants du village, et plus particulièrement celle de l'oncle Abdou, avait pu empêcher Garba de pleurer: visiblement, il était un homme seul, un homme qui n'existait que par son corps, une sorte de robot planté là, incapable de dire un mot, et regardant bouche béante Maïmou.

La foule aussi était bouleversée, indignée, de la façon la plus forte, car tout le monde connaissait Maïmou, tout le monde admirait sa vertu, sa serviabilité, et son respect à l'égard de tous. Jamais dans ce petit village, même du temps de sa prime jeunesse, elle n'avait eu maille à partir avec quelqu'un.




A DOURMI tout le monde éprouvait de la peine à la voir souffrir. Chaque jour, les gens défilaient au chevet de la malade pour lui apporter un reconfort moral.
Garba, lui, ne la quittait que pour aller manger à la hâte ou quand il se faisait tard la nuit. Ses visites ne plaisaient pas à Salmou, mais il ne pouvait pas ne pas s'y rendre, et chaque fois qu'il s'y rendait, il faisait remettre à Salmou par l'intermédiaire d'un ami, une certaine somme d'argent destinée à Maïmou; Salmou acceptait ces cadeaux avec joie et les utilisait à des fins personnelles tout en se disant:
"Je déteste Garba, mais pas son argent, car l'argent lui, n'a pas d'odeur".
Oui, l'argent n'a pas d'odeur, surtout pour Salmou: sa cupidité au-dessus de toute mesure lui interdisait d'en refuser de qui que ce soit.



















Un jour, pour la première fois depuis le drame, Adamou vint sur les conseils de ses amis; rendre visite à Salmou. Ce jour là, Salmou ne savait que faire : vite, elle étala son unique belle "natte de Say", celle qu'elle ne sortait qu'en des occasions exceptionnelles.
Salmou voulait faire croire à Adamou que rien n'était perdu, que Maïmou ne pouvait appartenir qu'à lui? Pour le convaincre, Salmou rappela qu'elle avait renvoyé pour la seconde fois la dot que Garba lui avait fait parvenir. Adamou était visiblement heureux de constater que Salmou acceptait encore de
l'accueillir à bras ouverts, et même de lui promettre formellement la main de Maïmou.
Fort donc de toutes ces promesses, il se leva et se dirigea vers la case de Maïmou. Il prit place près d'elle, mais ne lui adressa pas la parole. Seuls ses yeux d'amoureux rencontraient de temps en temps le regard glacial de la fille.
Au moment de partir, Adamou déposa sur le lit une somme de trois mille francs avant d'aller remettre cinq autres mille à SAlmou.
Salmou courut aussitôt au chevet de sa fille pour lui montrer ce qu'elle venait de recevoir.
La aussi, elle trouva trois billets de mille francs: elle se mit instinctivement à danser devant sa fille.

Juste à ce moment, la vieille Ramatou, à la fois coiffeuse et confidente de Maimou se présenta à la porte. Salmou interrompit brusquement sa engagea le dialogue: danse.
Après un bref moment de silence, Ramatou engagea le dialogue :

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant