CHAPITRE 23

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Petit à petit donc, l'harmonie du jeune couple commença à s'effriter à cause des querelles quotidiennes. Même la venue au monde de leur premier enfant, un garçon, qu'ils ont bâptisé d'un commun accord du nom du père de Maïmou n'arrangera pas les choses.
Garba ne pouvait accepter, en effet, et il l'a souvent dit à son épouse, que sa belle-mère se mêle de leurs affaires.
"Je ne comprends pas l'attitude de ta mère. Qu'elle nous laisse en paix mener notre vie telle que nous voudrions qu'elle soit, à notre mesure, comme avant".

Maïmou, n'eut d'autres mots que de murmurer: "Je regrette beaucoup qu'une fois encore maman soit au centre de notre vie conjugale. Car j'ai l'impression que si cela continue, tu finiras soit par me chasser de ton foyer, soit par me coller une coépouse plus jeune, et peut-être plus belle et plus charmante.

Coépouse ! Coépouse ! Le mot est lâché, un mot à résonnance diabolique pour une femme. Mais le mot a été lâché, et il vient à propos. D'autant plus que Garba, depuis quelques temps, réfléchissait sérieusement à la question. Pour lui, le seul remède aux problèmes qu'il rencontre avec Maïmou c'est de lui trouver une coépouse.
Aussi, a-t-il déjà commencé des investigations ! C'est ainsi qu'une nuit, à l'occasion d'une cérémonie d'intronisation du Sarkin Samari, une jeune fille toute fraîche, d'à peine seize ans, attira son regard. Une fille belle et charmante. Et puis, la petite Kadi est de bonne souche comme on dit.
Sa famille est l'une des plus riches de la région: une centaine de bovins, autant d'ovins et caprins et des greniers toujours remplis
de mil, sorgho et niébé.
Kadi, bien sûr, n'est pas dupe des larges sourires que lui distribue Garba. Elle sait que celui' dont rêvent toutes les filles pour son sérieux, son ardeur au travail et sa silhouette d'homme bien fait, est véritablement tombé k.o.
Alors, elle joue le jeu, répondant au sourire par le sourire, aux clins d'oeil par des clins d'oeil. Un bref dialogue entre les deux et c'est le commencement d'un autre roman d'amour pour Garba.









Cette nuit là, il est rentré tard à la maison, mais Maïmou n'a pu s'imaginer autre chose, sinon que son mari a dû être retenu par les manifestations de la Samaria. Elle ne se doute donc de rien. Or, c'est justement cette nuit-là que Garba a pris la décision fatale: celle de convoler de nouvelles noces. Mais les sorties qui deviennent de plus en plus fréquentes ont commencé à rendre Maïmou à la fois soucieuse et inquiète. Puis voilà qu'un beau matin, elle voit venir chez elle la vieille Goudou, celle qui sait toujours tout sur les autres.
Elle lui révèle que depuis près d'un mois, Garba fait une cour assidue à Kadi, la fille de Haïnikoye et qu'il est même question de mariage.
Les pourparlers sont très avancés, dit-elle, et on dit même que la dot ne tardera pas. Maïmou écoute calmement, mais dignement la vieille femme lui raconter tout avec force détails. Garba bien entendu n'est pas là. Il est parti très tôt le matin pour les champs, sans se douter que chez lui, une langue de vipère est en train de démolir son ménage. De retour à la maison, il trouve Maïmou toute furieuse qui l'attend de pied ferme:

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant