CHAPITRE 35 (fin)

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Mais Kadi, j'ai pourtant acheté à chacune de vous quatre (4) pagnes ainsi que des chaussures et autres parures pour la fête.

- Je ne t'ai pas demandé un discours ; je t'ai demandé de me remettre ces pagnes, un point, c'est tout, car je ne veux pas fêter avec une seule tenue.

- Ainsi donc si je comprends, tu voudrais que je te fasse deux tenues alors que Maïmou n'en a qu'une ! Cela est impossible. Vous êtes toutes mes épouses et je dois vous traiter équitablement. Et puis, de toutes les façons, je ne priverai pas ma mère de ces pagnes pour te faire plaisir. C'est aussi clair que l'eau de source.

Là-dessus, Garba bouleversé et meurtri, sort en claquant la porte pour aller rejoindre ses amis, changer d'air et tenter d'oublier...

Hélas ! il connaissait très mal Kadi; car lorsqu'elle se décide à obtenir quelque chose, elle va jusqu'au bout. Elle profita donc de l'absence de son mari pour s'emparer des pagnes qu'elle porta aussitôt chez le tailleur. Quelques heures plus tard Garba rentrant de la ville, voulut porter les pagnes à sa maman. Ne les retrouvant pas, il s'adressa à Kadi qui lui répondit avec un rire moqueur:

- Les pagnes que tu cherches ont cessé d'être des pagnes, ils sont devenus une robe depuis au moins une heure déjà, car je les ai amenés chez le tailleur. Car voix-tu, depuis que j'ai eu mes dix ans, je n'ai jamais fêté avec une seule tenue. Mes parents m'en ont toujours fait deux. Ce n'est donc pas maintenant que je suis mariée à un homme riche que je me contenterai d'une seule tenue, moi Kadi, la fille de Hainikoye que tout le monde connaît. Non, jamais je ne l'accepterai d'aucun homme.

- Tu oublies que ce sont des pagnes destinés à ma mère que tu viens de t'approprier malgré le refus que j'ai opposé à ta demande. Et puis, sache que je place ma mère au-dessus de tout, et je ne tolère pas que mon épouse lui manque d'égard.

- De toutes les façons, une mère égale une mère. Moi aussi, j'ai une mère, et que j'aime.

Alors, c'est la mienne que tu n'aimes pas donc, et c'est pourquoi tu as pris ses pagnes pour en faire une robe. Pourquoi n'as-tu pas confisqué ceux que j'ai achetés à ta maman ?

- Ils ne m'intéressent pas, ceux-là.

- Pourtant c'est la même couleur et les mêmes motifs.

- Oui, je le sais, mais ce qui est fait est fait. Va plutôt acheter d'autres à ta maman, puisque tu y tiens tellement, et laisse-moi me reposer.

- Te reposer où ? En tout cas pas ici. Tu ramasses tes affaires et tu fiches le camp de chez moi pour rejoindre tes parents. Ta nouvelle robe, tu la
porteras là-bas, mais pas ici.
A partir d'aujourd'hui, je te rends ta liberté, et je remercie Dieu qu'il ait inspiré ma décision. Autrement je deviendrai fou ou assassin un jour, avec une épouse comme toi, à la fois idiote, orgueilleuse et impolie.

Kadi, la mort dans l'âme, retourna chez ses parents et leur annonça son divorce d'avec Garba.

Le vieux Haïnikoye, père de Kadi, envoya un de ses frères auprès de Garba pour en savoir davantage. Mais lorsque celui-ci apprit les raisons ayant motivé le divorce, il ne put s'empêcher de dire à Garba : "Tu as agi en homme responsable et digne. A ta place, moi-même j'en ferai autant, car une épouse qui n'a de respect ni pour toi, ni pour tes parents, ni pour tes amis, n'est pas une épouse.
Il vaut mieux donc que vous vous sépariez avant qu'un drame ne se produise. Je m'en vais de ce pas informer mon frère.

Et c'est ce qu'il fit.
Le divorce fut prononcé le même jour, mais cette fois de manière officielle, plongeant la famille Haïnikoye dans l'amertume et la désolation

Quant à Maïmou, elle retrouva définitivement son mari, l'homme qu'elle s'était choisi, et pour lequel elle a bravé mille et une difficultés, sans jamais perdre la foi en un avenir radieux pour elle, pour son mari et pour leur enfant, le petit Souleymane qu'ils décidèrent d'un commun accord de surnommer "Sayé"

Pour Maïmou, c'était le second jour le plus beau de sa vie, et elle s'en ouvrit à Garba avec un large sourire que celui-ci s'empressa de lui rendre, en ajoutant:
"Maïmou, désormais, tu es toute ma raison d'être, et je fais le serment devant Dieu, de te rester fidèle jusqu'à la mort. Tu l'as bien mérité, et je t'en félicite"

Ils se dévorèrent des yeux si longuement et si tendrement qu'ils disparurent sans s'en apercevoir, sous les draps de leur vaste lit si chaud et si douillet frappé "Made in Niamey by Hamdallaye
Meubles".
Et la légende de Maïmou ravivée, continuera Sans nul doute de briller de mille feux de génération en génération, et l'on raconte qu'aujourd'hui encore, il n'est pas de famille dans cette région qui ne souhaite avoir "sa Maimou".



Fin






Tout est bien qui finit bien non?☺️








🫶🏽🫶🏽🫶🏽

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant