"Avez-vous passé la journée en paix ?
"Paix, grâce à Dieu" lui répond Garba
Puis sortant de sa maison, il se retrouve nez-à-nez avec sa belle-mère et la vieille Ramatou.
- Soyez les bienvenues mères, je vais prévenir Maïmou de votre arrivée.
Garba entre dans la maison et y ressort en compagnie de son épouse toute rayonnante de joie et de beauté à la vue de sa mère et de celle qui fut sa tresseuse attitrée, la vieille Ramatou.
- Soyez les bienvenues, mères.
Quelle coïncidence ! Nous nous apprêtions justement à aller à la maison pour rendre visite à Maman. C'est pourquoi vous nous voyez habillés ainsi. Entrez, entrez donc mères, et asseyez-vous là.
Ah, que je suis heureuse aujourd'hui.Là-dessus, Maïmou, rapidement délaie la boule de mil assaisonnée de lait caillé et offre à ses visiteuses le hari kwaraï traditionnel.
Garba, sous le hangar de la cour, élève la voix et dit: "Mères, je vais devoir vous laisser causer avec votre fille". A ces mots, Ramatou s'empresse de lui dire de rester un moment encore. Dans la maison, les trois femmes. Salmou promène ses yeux partout et sur tout. C'est Ramatou, qui la première engage la conversation.-Ma fille, et ces premiers mois de vie conjugale ?
Maïmou, d'abord hésisante et gênée finit par répondre à voix basse:
- Très bien ! Du moins jusqu'à maintenant. Je ne saurai prédire évidemment ce que sera la suite.
Mais j'ai toutes les raisons de penser comme hier, comme aujourd'hui, que demain sera également merveilleux pour moi. Il m'entoure du maximum d'affection. Rien ou presque rien ne manque à la maison. Quant à l'habillement, je vous laisse le soin de constater par vous-même à travers ces valises.Là-dessus, elle se lève, va prendre trois valises, et les ouvre devant les visiteuses émerveillées. Aucune n'a pu dissimuler son étonnement face à tant de robes, de pagnes, de bijoux, de chaussures et de produits de beauté. Leur seule réaction a été de dire : "c'est extraordinaire !
Tout çà pour toi seule, Maïmou ! Oh ! que c'est magnifique. Nous ne connaissons pas de femme aussi choyée dans cette région !".
Dehors, Garba obligé d'attendre, se demande ce qu'elles peuvent bien se dire tout ce temps. Mais ce qui l'intrigue le plus, c'est la raison pour laquelle Ramatou lui demande de
rester.
"Qu'ont-elles à me dire" ?
Juste au moment où la question lui effleurait l'esprit, voilà que Ramatou se penche vers la porte et lui fait signe de rentrer. Garba entre. Il s'asseoit un peu à l'écart, tout gêné au milieu de ces deux femmes. Ramatou prend la parole et dit:
- Je t'ai demandé de rester parce que je voulais te dire que ta belle-mère Salmou est fière de toi. Ce qui s'est passé entre vous doit faire partie du passé. Maintenant, il faut seulement considérer l'avenir.
Dieu te bénisse et vous ouvre des lendemains meilleurs, ton épouse et toi. A présent, nous, nous allons partir.Garba s'empresse de répondre:
- Mère, je vous suis très reconnaissant. Mais je voudrais surtout que vous sachiez combien je suis heureux aujourd'hui d'avoir retrouvé Maïmou-Gna que je considère autant que je considère ma propre mère. Et je suis heureux que vous soyez ici, chez moi, pour nous bénir. Merci encore une fois, mères.
A présent, si vous le permettez, je vais me retirer.
Garba sort. Mais avant de s'en aller, il appelle son épouse et lui tend quelques billets de mille francs pour les deux visiteuses. Quand celles-ci se décident à partir, Maïmou les raccompagne jusqu'à mi-chemin, et leur remet l'argent au nom de son mari. Elles les remercièrent longuement en ayant pour eux des mots très gentils du genre "fasse Dieu que vous restiez toujours unis, que vous ayez beaucoup d'enfants, et que ceux-ci se conduisent envers vous comme des fils dignes, vous qui savez honorer les anciens".Visiblement, Maïmou est fière d'entendre sa mère et sa tresseuse prononcer de telles paroles à son endroit et à l'endroit de son mari. A partir d'aujourd'hui, se dit-elle, tout est entré dans l'ordre entre maman et nous. Désormais, je ne serai plus une femme bannie par les siens. Et tout cela grâce à maman Ramatou, je le sais maintenant. Qu'elle en soit remerciée mille fois.
Cette merveilleuse journée, Maïmou l'a perçue comme un don du ciel. La compréhension filiale qu'elle a toujours souhaitée est enfin devenue une réalité. Ainsi s'achève également une lutte sourde à laquelle se livre Salmou depuis la date fatidique du mariage de sa fille pour se dépasser, et accepter le fait accompli comme une volonté divine. Pour Maimou et Garba, c'est la fête et la paix intérieure retrouvée.
Salmou, désormais, ne se prive plus des occasions pour rendre visite au couple Garba.Mais ces visites devenaient tellement fréquentes que Garba finit par en avoir assez. Car non contente d'être présente quasi-journellement chez sa fille, Salmou ne se prive pas aussi des occasions pour la convoquer à domicile et lui inculquer un code de vie bien à elle, qui irrite de plus en plus Garba. Celui-ci en effet, ne conçoit pas que sa belle-mère tente de dicter pratiquement la façon dont Maïmou doit se comporter dans son foyer. D'autant plus que Salmou, on le sait, n'a pas été une épouse exemplaire du vivant de son mari.
VOUS LISEZ
MAÏMOU ou Le drame de l'amour
Literatura FaktuJe suis une jeune Nigérienne passionnée de lecture et récemment j'ai eu l'incroyable idée de vous faire part de nos romans ici au Niger Ps : Certains parti seront en langue.