CHAPITRE 21

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Dans le petit village de Doumi, et ce septième jour du mariage de Garta et Maïmou, le silence est total.
Les habitants dorment profondément après une rude journée de travail.
Mais dans la maison du jeune couple, la petite lampe à pétrole vascillante restait encore allumée. On se regarde longuement et on sourit ; on s'enlace et on se dit des tas de choses ! Que la nuit devient décidément trop courte pour ces deux amoureux au destin exceptionnel.





Le lendemain au petit matin, Garba prend la route des champs, laissant Maimou encore à demi éveillée. Mais elle ne se presse pas de quitter son lit si chaud et si douillet frappé
"Made in Niamey".
Quand elle se décide enfin de quitter le lit, c'est pour se débarbouiller le visage, prendre quelques gorgées de "Hary kouarey'' et s'en aller au puits.
Au puits où les femmes qu'elle y trouve ou qui la trouveront se mettent à lui faire des compliments, à la dévisager, elle qui a osé s'opposer de toutes ses forces à toute une coutume jugée désuète de nos jours.

Après le puits, Maimou de retour à la maison, préparera le "donou"*E habituel qu'elle portera à son mari avant de revenir s'occuper du repas du soir. Et il en sera ainsi chaque jour, pendant toute la saison des cultures. La vie continue de se passer ainsi sans histoire chez les époux Garba. L'amour qui les lie demeure resplendissant comme au premier soir de leur mariage.
Et les habitants du village ne cessent d'admirer ces deux jeunes dont l'histoire retiendra l'exemplarité de leur union.
La vieille Salmou, mère de Maïmou n'en finissait pas d'entendre toutes sortes de commentaires désagréables parce qu'elle refusait de rendre visite à sa fille.

Pendant des mois, on ne parvint pas à la décider. Puis un jour, la tresseuse attitrée de Maïmou vint la voir:
- Salmou, je trouve ton comportement à l'égard de Maïmou non seulement intolérable, mais inhumain. Comment peux-tu rester, si longtemps après le mariage de ta fille sans jamais lui rendre visite, ne serait-ce que pour connaître chez elle ?
Tout le monde dans ce village te regarde d'un air dédaigneux à cause de cela, mais personne jusqu'ici n'a osé t'en parler crûment. Et moi qui t'en parle aujourd'hui, c'est parce que j'ai le privilège d'entretenir avec toi une longue amitié. Je t'en conjure donc au nom de cette amitié d'aller rendre visite à ta fille.

-Non, je ne le peux, et tu sais pourquoi.

- Oui, je crois connaître la raison. Mais tu sembles oublier aussi que la meilleure manière de te faire pardonner par Garba c'est justement d'aller vers lui ! Et le plus tôt.

-Oui, mais est-ce que vraiment Garba...

- Ne te fais pas de souci Salmou. Garba est un garçon adorable. Je suis sûre qu'il t'a déjà pardonnée, et ne souhaite qu'à renouer avec toi dans la plus belle des ententes afin de mieux consolider son ménage.

- Oui, tu as raison, car en vérité, je me suis conduite comme un être diabolique envers Garba, mais aussi et surtout envers Maïmou qui est toute ma raison de vivre.
Au commencement de toute cette affaire, il y a eu pour moi d'abord l'intérêt: Adamou est riche, et j'ai pensé en profiter pour mettre Maïmou à l'abri du besoin, ignorant du coup le cri de son coeur, son amour puissant pour Garba, sa détermination à l'épouser, et aussi le destin que personne ne connaît, et qui a fini par faire de Garba un homme riche et respecté.
Oui, Ramatou, il faut que je voie Garba. Il faut qu'il sache qu'un repentir sincère est entré dans mon âme. Il le faut. Oui, il faut que tous les deux, lui et son épouse, ma fille, sachent que je souhaite leur bonheur et que je m'y emploierai de toutes mes forces. Demain, j'irai les voir, s'il plaît à Dieu. Voudras-tu m'accompagner Ramatou ?

-Oui, bien sûr.









Pendant ce temps, seuls dans leur nouvelle maison en banco richement aménagée, Garba et Maïmou évoquent les souvenirs de leurs fiançailles, et de leur mariage. Ils ont tout naturellement évoqué les difficultés rencontrées, le soutien des habitants du village et de la région, les perspectives d'avenir pour leur jeune couple, etc. Garba regrette seulement que sa belle-mère, Salmou, n'ait jamais voulu les voir, depuis leur mariage.
Je veux qu'elle sache, dit-il en soupirant, que je n'ai rien contre elle, absolument rien. Maintenant avec le recul, je comprends mieux ses motivations.
Comme toute mère soucieuse de l'avenir de sa fille, elle a voulu pour toi un foyer stable, où rien ne manque, un homme riche et respecté. Et comme tant de vieilles de son âge, elle ne comprend pas, elle ne peut comprendre que sur un sujet aussi capital que le mariage, tu puisses lui désobéir. Oui, elle ne comprend pas et ne peut comprendre que les temps ont changé, et que l'amour ne s'achète pas. Maïmou, dit Garba, va te préparer, nous allons ensemble rendre visite à ta maman.
Quelques minutes plus tard, Maïmou dit à son mari:"je suis prête, on peut partir". Juste à ce moment-là, ils entendent une voix;

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant