CHAPITRE 19

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Personne jusqu'alors, ne savait que ce jeune homme plein de bon sens a su écouter les conseils de son ami de l'Animation au Développement au moment de l'ouverture de ces deux magasins en souscrivant une assurance-incendie à l'Union Générale des Assurances du Niger (UGAN). Lui aussi d'ailleurs n'en souffla mot à personne. Il prit donc la décision d'aller à Niamey.

Il attendit tranquillement le passage de l'express de la Société Nationale des Transports Nigériens (S.N.T.N) desservant la ligne, et qui devait arriver le jour même. Mieux vaut, dit-il à un ami, payer un peu plus cher et emprunter ce bus qui offre à ses passagers la rapidité dans le parcours et le confort à l'intérieur, que de prendre ces camions du marché usés et pas sûrs.

Comme à l'accoutumée, l'Express arriva exactement à l'heure indiquée, et Garba s'y engouffra avec quelques autres passagers jusqu'à Niamey. Là, il prit un de ces nombreux taxis qui attendaient, pour aller sur le champ, informer son assureur de ce qui venait de lui arriver.

Un constat fut établi en ce qui concerne le magasin de Niamey, et le jour même l'équipe d'expertise se rendit à Dourmi pour le second constat. Une évaluation de toutes les marchandises fut faite rapidement, et moins d'une semaine plus tard, Garba fut dédommagé intégralement par un chèque qu'il alla toucher à la SONIBANK, l'une des banques les plus fiables de la capitale.
C'est en ce moment et en ce moment seulement qu'il expliquera à tous ceux qui venaient le voir comment il avait été amené à souscrire l'assurance-incendie, alors même qu'il ne croyait pas au bien-fondé de la chose. Dès cet instant, trois autres commerçants du village qui possédaient eux aussi chacun une boutique décidèrent d'approcher l'Union Générale des Assurances du Niger (UGAN) pour le même motif.

L'exemple de Garba fit donc école dans ce village, et même dans la région.
A Dourmi, Dalwèye, Kangaou, Kwaramargou et aileurs, les commentaires allaient bon train. On ne parlait que de la baraka de Garba : celui-là même à qui l'on refusa il y a quelques années, la main d'une fille à cause de son extrême pauvreté, et qui aujourd'hui est en passe de devenir le plus grand opérateur économique de toute la contrée.








En effet, nonseulement ses magasins de Niamey et Dourmi furent reconstruits et agrandis, mais Garba se lança aussi dans l'import-export, et créa dans la capitale, avec l'aide de la banque une petite unité industrielle de transformation de concentré de tomates. Cette fois, confia t-il à un commerçant, sans renier mes rapports avec l'UGAN, je souscrirait par patriotisme, une assurance contre les vols et les intempéries à notre Société Nationale d'Assurances et Réassurances (SNAR LEYMA), qui est tout de même une propriété de l'Etat, et qui semble t-il, est dirigée depuis quelques temps avec une réelle prohibité. Et c'est ce qu'il fit aussitôt en se rendant au siège de la LEYMA, accompagné d'autres commerçants qui décidèrent d'emboiter ses pas.

Adamou qui pensait avoir réussi son coup, se retrouva une fois de plus terrassé à plate-couture par le destin, un destin peu enviable qui poursuivra encore pendant longtemps.
En effet, ayant bâti toute sa fortune grâce au trafic de produits pétroliers, et cela au détriment de l'Etat, à travers sa société nationale, la Société Nigérienne des Produits Pétroliers (SONIDEP), il était écrit qu'un jour ou l'autre, Adamou finira par être coincé. D'autant plus que malgré les campagnes de sensibilisation des hommes politiques et des médias à l'endroit des trafiquants, malgré aussi les opérations de saisie répétées de la Douane qui auraient pu lui servir de leçon, Adamou continuait toujours, grâce à un réseau dense et bien huilé, d'introduire et d'écouler sa marchandise au grand dam du gérant de la Station-service du coin.
Celui-ci voyant sa clientèle déserter chaque jour un peu plus, décida de ne plus tolérer pareille situation au risque de "fermer boutique" comme on dit. Il dénonça donc Adamou auprès des autorités locales, et vint jusqu'à Niamey en informer la SONIDEP.
Une vaste opération intelligemment montée par les douaniers avec l'aide de plusieurs "indics" permit en une nuit, de démanteler l'important réseau de ravitaillement qu'entretenait Adamou.
Un stock de plusieurs milliers de litres d'essence lui fut ainsi saisi dans divers baraquements construits à cet effet. Et la justice fut aussitôt saisie du dossier. Un dossier accablant.

Garba, lui, est redevenu plus riche et plus puissant encore, grâce à cette ouverture d'esprit qui fera de lui l'un des meilleurs opérateurs économiques de la région auprès de qui on vient demander conseils.
Cette année là l'hivernage a été des plus féconds, et Garba qui est devenu au fil des ans un gros propriétaire terrien, pourra remercier le ciel de lui avoir permis de réalise une moisson abondante telle qu'il n'en a jamais eue.
Sa production se chiffrait en effet à plusieurs centaines de tonnes de mil sorgho, niébé et maïs, qu'il vendra en totalité à l'Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) dont la mission essentielle est d'approvisionner les régions déficitaires du pays, de gérer et de conserver un stock de réserve national.

Et c'est ainsi que grâce à cette nouvelle source de revenus, Garba devint un des meilleurs opérateurs économiques dont le nom a franchi les frontières de la région; un opérateur économique parmi les plus sérieux que les banquiers de la place, notamment ceux de la BIAO et de la Sonibank se plaisent à citer en exemple pour sa régularité à honorer ses engagements.

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant