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❣︎ ғᴇᴠʀɪᴇʀ 2006 :
— Maman ?
Ce jour là, j'étais seul.
Nous étions en début de soirée. La nuit était déjà tombée. Moi, j'étais assis en tailleur au milieu de ma chambre. J'attendais. Quoi exactement ? Je n'en avais aucune idée. Des jouets ? Des bonbons ? Un nouvel ami ? Un compagnon de jeu ? Un frère ? Une sœur ? Ou une famille harmonieuse comme on en voyait dans les séries télévisées peut-être ? Je ne sais pas, je ne sais plus...
J'avais entendu un bruit sourd provenant d'en bas.
— Maman ?!
Une joie incontestable m'avait envahi, je m'étais relevé si précipitamment que je faillis retomber aussitôt sur mes jambes. J'avais accouru dans le couloir et avais déballé les escaliers aussi vite que je pouvais.
Cependant, en arrivant, j'avais ralenti. Je marchais à pas comptés pour ne faire aucun bruit. Elle aussi, elle n'en faisait aucun.
Un silence de mort régnait en maître sur les lieux. C'était comme si le faucheur s'était discrètement dissimulé parmi nous. Il était passé. J'en étais sûr.
— Maman ..? T'es là ?
J'avais simplement murmuré, pourtant, ma voix semblait si forte que mes mots avaient planés dans l'air.
L'impact d'un verre contre le sol m'avait fait sursauté.
J'étais dans le salon. Chaque bruit devenait source d'anxiété nourrissant alors l'ambiance macabre de l'habitat. Il faisait nuit. Que ce soit, le parquet qui craquait sous mes pieds, le vent qui filtrait par la fenêtre, le Tic Tac incessant du vieux pendule, le bourdonnement de la box qui tournait, mon cœur qui tamponnait dans mon crâne.
Puis, en m'approchant, je l'avais vu. Elle était là, couchée sur le canapé, la jambe levée, le bras tombant sur le sol, la bouche ouverte, la langue pendue, les yeux dans le vide. Elle ne bougeait pas. Ses cheveux gras semblaient sur le point de tomber, ses pupilles vertes paraissaient encore plus terne que d'habitude, ses joues étaient creusés, sa peau sèche, ses ongles cassés. Elle ne bougeait pas. Je n'entendais même pas ses ronflements, ni sa respiration qu'avait toujours été forte. Elle n'était plus rien. C'est tout ce qu'il restait d'elle. Une enveloppe charnelle. Sa dépouille. Rien d'autre que son corps qu'on ne savait plus vivant ou non. Ce canapé était son tombeau. Oui, inerte, elle ne bougeait plus. Elle semblait morte. Bien qu'elle mourrait un peu plus chaque jour. Cette fois, elle l'était peut-être entièrement...
