chapitre huit : pudeur
Très maladroitement, je rentrai dans l'eau de la piscine. Du moins, j'y glissai les jambes. Il faisait chaud au mois d'octobre en Colombie.
Les filles étaient en train de parler pendant que j'étais en train de mourir de peur. J'avais entendu Damon toute la nuit. Il dormait à côté et il avait foutu un bordel pas possible.
Je l'avais entendu partir tôt et j'étais sortie de ma chambre. En quittant cette pièce, j'étais tombée sur Camilo qui était de retour.
Le chien de Damon à la coupe militaire bouquinait sur un transat pendant que je crevais de peur du retour du tyran. Tout le monde donnait l'impression de vivre de vraies vacances.
J'avais l'impression que j'allais mourir juste en croisant son regard et c'était peut-être vrai. Il avait tenté de m'enterrer vivante le soir d'avant, qu'allait-il faire ensuite ?
Je me relevai pour quitter l'eau, il allait me noyer. Voilà, c'était logique, il allait arriver par derrière et me foutre la tête sous l'eau et j'allais me noyer. Il allait rire jusqu'à ce que quelqu'un l'empêche de continuer et il allait être de nouveau vexé.
Les filles me regardèrent alors que je m'écartai pour rentrer dans le salon. Je voulais me tenir loin de tout ce qui pouvait contribuer à me renvoyer à mon Créateur.
Je m'installai sur le canapé en regardant les filles de loin, elles avaient l'air de se demander pourquoi j'avais fui, je commençai à en devenir parano. J'avais peur de chaque chose, ou bruit. Tout ça parce qu'un imbécile avait choisi de me terroriser.
La porte de la maison claqua et je me raidis sur le canapé. Je le vis apparaître, il avait son tee-shirt posé sur l'épaule. Son torse tatoué était légèrement luisant, sûrement de transpiration. Il était immonde. Ses boucles tombaient sur son front. Il regardait son téléphone au point de ne pas m'avoir remarqué directement.
Je détournai le regard pour éviter qu'il pense que je le matais. Certes c'était ce que je faisais, mais uniquement pour me rendre compte à quel point il pouvait me tuer facilement.
— J'espère que tu n'apprendras pas à ma soeur à être une pute par contre, lança sa voix.
Je me raidis encore plus en le regardant. Il fixait mes jambes découvertes grâce à mon short.
— C'était dans le sac, dis-je avec un faux air de défis.
— Tu peux le mettre pour dormir, personne n'a envie de voir ton cul.
— Les psychopathes dorment avec des shorts en jeans, ça explique beaucoup de choses.
Son visage bougea étrangement.
— Et puis, personne n'est forcé de le regarder mon cul.
Il détourna le regard avant de marmonner :
—De toute façon, il ne fait bander personne.
Ils avaient tous le don pour me refoutre cet instant particulièrement humiliant de ma vie en pleine tête. Je le haïssais. Pourquoi fallait-il que je me rappelle qu'il nous avait épié avec Maxwell ?
Prise d'une soudaine envie de l'insulter, je me levai du canapé pour le suivre dans les escaliers.
— Tu sais que c'est du voyeurisme ce que tu as fait ?
À quoi est-ce que je jouais ? Avais-je réellement envie de me faire de nouveau enterrer vivante ?
— Je suis presque sûr que les voyeurs éprouvent du plaisir à le faire, moi j'ai failli vomir de vous voir, cracha-t-il. En plus, voir une pauvre conne se faire manipuler par un puceau sachant à peine doigter, franchement, j'ai connu de meilleurs spectacles.
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ÁNGEL'S SHADOWS
General FictionRafaela était de ces chanceux. Née dans un quartier pauvre d'une des villes les plus dangereuse de Colombie, Medellín, elle rayonnait à présent dans toute l'Amérique latine. Elle était actrice, chanteuse, et le modèle de tout un tas de petites fill...