chapitre cinq : fosse aux crocodiles
Les enfants avaient l'habitude de jouer à des jeux de rôle, pendant une partie avec nos amis, on pouvait devenir père, mère, maîtresse, médecin, pilote de formule un ou d'avion, chanteur, acteur, danseur, journaliste, nageur, et tout un tas de choses. Moi, je jouais à être normale. Je faisais semblant d'aller à l'école et d'avoir des amis, c'était mes peluches.
Ma mère m'en offrait pour ne pas que je ressente de vide, mais bien évidemment que j'en ressentais. Toutes les petites filles du pays voulaient être à ma place et moi, je rêvais d'être à la leur.
Durant mon adolescence, je regardais des films et des séries où la petite nouvelle du collège tapait dans l'oeil du bad boy de service. Il changeait pour elle.
Je n'avais pas vécu ça. Je n'avais pas été à l'école, mais suivi des cours par correspondance, que je n'avais pas franchement réussi. Les garçons que j'avais pu fréquenter étaient des « fils de » et je n'avais pas connu de bal de promo.
Ma première fois avait fini par arriver aux oreilles de mes équipes en moins de quatre heures. Je ne savais pas ce que ça faisait d'avoir des amis.
Ma meilleure amie était ma mère. Je ne pouvais rien lui cacher, elle me suivait partout. Sauf durant la fin de cette tournée, elle était retournée s'occuper de sa mère malade.
La vie d'une personne lambda me donnait cruellement envie, mais je savais aussi que j'avais de la chance. Enfin, sauf depuis la fin de ma dernière tournée, je devais avouer que je n'avais plus aucune chance.
Tout mon corps me faisait mal. J'avais l'impression d'avoir des aiguilles plantées dans chacun de mes membres. Des chuchotements troublaient mes pensées.
Même si je savais que je n'étais pas seule, mais avec les tordus, je tentai de me rendormir, parce que j'étais affreusement bien dans ce calme-ci.
— Au moins maintenant je sais que je ne dois pas vous faire confiance, cracha en chuchotant une voix grave.
J'étais convaincue qu'elle appartenait au type dans mon appartement et dans le champ. C'était lui qui m'avait kidnappé.
Je commençai à bouger et je sentis mon poignet être bloqué et douloureux. Je gémis de douleur avant d'ouvrir les yeux pour voir le plafond cette fois-ci.
— Dégagez de ma vue !
Une porte se referma et je me redressai sur mes coudes pour voir le type s'approcher de moi. J'avais le poignet attaché au lit.
Je n'avais pas fait attention dans les champs mais il semblait tatoué sur tous les bras et dans le cou. Probablement que le dos et le torse étaient noircis également. Il avait aussi une barbe mais plus courte que Hugo.
Je vis un tatouage sur le dos de son avant-bras « Damon » était écrit à la verticale pour qu'on puisse le lire facilement. Qui se faisait tatouer son prénom en aussi gros ? Il avait peur de l'oublier ?
— Tu as fini ton petit cinéma ? Demanda-t-il.
— J'ai encore envie de vomir, annonçai-je.
Il ferma la porte de la chambre à clé avant de la ranger dans sa poche. Il s'approcha ensuite de moi pour défaire mon lien et libérer mon poignet. De toute façon, je n'avais ni la force, ni l'envie de retenter de fuir.
Pendant qu'il était proche de moi, il caressa de nouveau ma joue avant de glisser sa main sur mon cou. Je frissonnai à son contact qui me donnait encore plus envie de vomir.
Il se mit légèrement derrière moi et son bras se retrouvait enroulé autour de mon cou. Mon souffle s'arrêta et sa main se posa sur ma bouche pendant qu'il sortait son téléphone.
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ÁNGEL'S SHADOWS
Fiksi UmumRafaela était de ces chanceux. Née dans un quartier pauvre d'une des villes les plus dangereuse de Colombie, Medellín, elle rayonnait à présent dans toute l'Amérique latine. Elle était actrice, chanteuse, et le modèle de tout un tas de petites fill...