chapitre six : Esperança
Les campagnes colombiennes avaient un air dépaysant. J'avais parcouru l'Amérique Latine, marché dans les plus grandes villes du continent et j'avais pourtant l'impression d'être dans un tout autre monde lorsque je regardai au travers de la vitre de cette voiture.
Hugo était en train de conduire pendant que Liz lui indiquait la route. Il râlait sans cesse en lui disant qu'il connaissait le chemin. Et moi, j'étais à l'arrière en train d'essayer de capter le regard de n'importe qui pour qu'il me vienne en aide.
Même les animaux dans les enclos avaient l'air plus libres et heureux que moi.
Le réveil à cinq heures du matin m'avait complètement foudroyé, j'avais l'impression d'être vidée de toute énergie. Hugo était rentré comme une furie dans ma chambre en me disant que Damon avait changé de plan et qu'il ne revenait pas. C'était à nous d'aller le rejoindre.
— Tu conduis mal, j'espère que quand tu seras père tu feras des efforts, claqua Liz me ramenant dans cette voiture avec eux.
— Pourquoi ? Demanda Hugo en lui lançant des regards paniqués. T'es enceinte ?
Je manquai de rire face à la panique qui prenait place en lui. Et doucement je me demandais quel âge ils pouvaient avoir. Damon, je lui donnais la trentaine, il avait l'air d'être un de ces trentenaires con comme la lune qui se tapait tout ce qu'il pouvait du moment que ça le vide.
Liz était plus vieille que moi, mais probablement que de cinq années maximum. Alors Hugo devait avoir entre vingt-cinq et trente ans.
Parce que je savais que Damon était le plus âgé des deux. C'était évident. Hugo était encore trop immature. Ou bien c'était dû à la présence de sa copine. Je n'en savais trop rien.
— Peut-être, hein, s'amusa Liz.
— Lizbeth, je ne rigole pas là ! T'as du retard ? C'est quoi ces conneries ?
Il serrait de plus en plus son volant et en réalité, ma seule préoccupation c'était de m'assurer qu'il ne nous foute pas dans un mur. Il paniquait comme s'il découvrait qu'en couchant il prenait le risque de devenir père.
On aurait dit le mien.
La dernière fois que je l'avais vu c'était dans un café de Bogotá pour mes dix-sept ans, il m'avait demandé de venir dans son label. J'avais refusé et j'avais essayé de lui dire ce qu'il avait raté. J'essayais encore d'avoir un père à l'époque, mais sa froideur m'avait laissé comprendre qu'il ne voulait pas être ça, mais juste l'homme qui avait un lien avec ma carrière.
En y repensant, j'avais de nouveau le cœur brisé. Comme quand cette fille de deux ans de moins s'était pointée pour lui demander s'ils pouvaient aller manger une glace plus tard. Elle m'avait toisé avant de demander à mon père qui j'étais et il avait répondu : « une artiste ».
La fille de sa maitresse comptait plus que celle de son ex-femme... C'était moi l'enfant légitime du point de vue légal et moi qu'on avait abandonné. J'avais mal au cœur chaque fois que je pensais au fait qu'il avait trompé ma mère du début de sa grossesse à leur divorce.
Ils s'étaient mariés dans les trois mois qui avaient suivi l'annonce de ma venue, parce que ma famille prenait peur. Et mon père avait entretenu une relation avec sa secrétaire canadienne. Et puis deux ans après, quand ils avaient divorcé, il était retourné au Canada.
— Tu n'es pas d'accord Rafaela ? Demanda Liz interrompant le fil de mes pensées.
— Pardon, tu disais ?
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ÁNGEL'S SHADOWS
General FictionRafaela était de ces chanceux. Née dans un quartier pauvre d'une des villes les plus dangereuse de Colombie, Medellín, elle rayonnait à présent dans toute l'Amérique latine. Elle était actrice, chanteuse, et le modèle de tout un tas de petites fill...