chapitre quarante-et-un : ses lèvres à elle
Le problème lorsqu'on vivait une situation atroce, c'était que la moindre accalmie, le moindre instant où au lieu de souffrir, on était protégé, brisait un équilibre en nous. On devenait dépendant de ces moments de douceur. On acceptait l'innommable en sachant que la nuit, dans le lit, on retrouvait des bras et de la douceur, pas énormément, juste assez pour se dire que finalement, ce n'était pas si horrible que ça.
Le jour, je luttai contre mes souvenirs, contre tout ce que j'avais dû endurer. Je supportai aussi le comportement et l'humeur particulièrement tendue de Damon. Mais la nuit, il était si tendre depuis une semaine que je n'osais pas m'interposer.
J'étais en manque de tendresse c'était évident. Mais la sienne était ma meilleure drogue.
Collée contre lui dans ce lit, je ressentais ma peau réagir au moindre de ses mouvements. Je me retournai pour lui faire dos et je l'entendis râler. Je pouffai quand il m'attrapa par la taille pour me ramener, violemment, contre lui.
Ses dents agrippèrent mon oreille alors que ses doigts glissaient déjà sous l'élastique de mon short.
— Ángel, je viens à peine de me réveiller ! Lançai-je.
Je me retournai pour être en face de lui et glisser ma tête dans sa nuque. Ses mains se mirent sur mes fesses. C'était incompréhensible et je devais avoir l'air d'une folle. Mais j'appréciai chacun de ces instants.
— Je t'ai réveillé en rentrant cette nuit ? Demanda-t-il.
— Non.
— Tant mieux. (Ses lèvres s'écrasèrent sur mon front.) Je vais te faire un petit déjeuner.
Il me quitta pour se lever et sortir de la chambre. Je me mis un peu plus au milieu du lit pour terminer de dormir.
Quand je descendis, je me retrouvai face à Damon qui était en train de dresser une assiette. Il avait fait couler deux cafés noirs et avait déjà mit deux galettes de maïs fourrées aux fromages dans des assiettes. Il était en train de mettre les oeufs.
Je m'installai en face de lui.
Nous mangions silencieusement. J'avais la sensation que comme toujours le moment où Damon recommencerait à être lui-même et méchant allait arriver. J'avais l'estomac toujours retourné.
— Raf ? Demanda-t-il d'un seul coup.
Cette manière qu'il avait de m'appeler ainsi me rendait incapable de répondre de quoi que ce soit. Je me contentais de le regarder en essayant de savoir si c'était un surnom définitif ou un moyen de m'attendrir davantage.
— Je vais aller me faire tatouer aujourd'hui, tu veux venir ?
— Pourquoi ?
C'était ridicule, mais c'était la seule réponse que j'avais trouvé à lui dire. Parce que pour moi c'était étrange de vouloir de ma présence pendant un tatouage. Damon se mit à sourire et je le regardai sans comprendre.
— Tu veux venir ou pas ?
— Pourquoi ?
Nos deux regards ne se quittaient pas. Ils étaient comme liés l'un à l'autre. Je voulais lui partager tellement de pensées. Mais j'étais effrayée qu'il sache que des sentiments naissaient en moi.
— Quoi ? Demanda-t-il en pouffant.
Ce type savait sourire ?
— Je ne sais pas, pourquoi tu veux que j'aille avec toi ?
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ÁNGEL'S SHADOWS
Narrativa generaleRafaela était de ces chanceux. Née dans un quartier pauvre d'une des villes les plus dangereuse de Colombie, Medellín, elle rayonnait à présent dans toute l'Amérique latine. Elle était actrice, chanteuse, et le modèle de tout un tas de petites fill...