chapitre trente-trois : détruite
C'était mon égo qui avait parlé.
Je devais le reconnaître. Damon m'avait déposé à une station service pour qu'un taxi me récupère et que j'aille à cet émission.
Grâce aux infos qu'il avait eu de sa soeur, j'avais su où aller. En deux jours, j'avais composé et écrit une chanson. Mes nerfs avaient parlé.
Alors que je pensais que cette gamine était la personne la plus gentille de la bande, je me prenais ce poignard dans le dos ? Elle utilisait les actions de son frère, qu'elle ne cautionnait soi-disant pas, pour prendre ma place ?
Elle avait utilisé mes contacts et enregistré ma chanson. Elle me pensait morte. Mais j'étais encore là et je n'avais pas encore décidé de perdre ça. On pouvait me retirer tout, mais pas ma putain de carrière.
J'étais arrivée avant tout le monde, j'avais parlé avec le producteur qui s'était senti soulagé de me voir alors qu'apparemment il m'avait contacté sans relâche. La nouvelle de ma disparition se propageait.
Je le savais, Damon me l'avait dit, surtout depuis qu'une partie de ma famille avait été massacrée à Medellín et que l'enquête scientifique avait certifié que je m'y trouvais, on s'interrogeait sur où j'étais. Alors quoi de mieux pour ce producteur que de me programmer en surprise finale avec mon nouveau morceau ? Rien, strictement rien.
Dans ma loge, je trépignai d'impatience, j'avais demandé à ce que l'on fasse vraiment de ma présence un secret, même pour les artistes. Et quel bonheur je ressentais en pensant au visage si enfantin de Esperança comprenant que je n'allais pas lui léguer ma place si facilement.
La haine que je ressentais depuis ces messages me faisait tenir, j'avais une hargne pour lui faire bouffer le sol. Soeur d'un fou ou pas, c'était mon monde, mon domaine, ma place. Elle n'avait qu'à aller se faire foutre. Et je savais que Damon était de mon avis, ce qui n'était pas rassurant évidemment.
Sur la télévision de la loge, je voyais ce qu'il se passait sur scène. C'était au tour d'Esperança. La présentatrice, Mirella, arrivait tout sourire pour l'annoncer.
— Cette talentueuse chanteuse ne vous dit encore rien, mais elle va vous conquérir avec sa toute première chanson disponible à minuit Roi de coeur.
Je pouffai nerveusement de rire en la voyant mal à l'aise. Les talons trop hauts qu'ils lui avaient donnés étaient ridicules. Elle ne savait même pas marcher avec. Elle n'avait pas de présence et elle donnait l'impression d'avoir envie de pleurer.
On fait moins la fière maintenant.
Le téléphone que Damon m'avait passé s'éclaira et je vis un message d'un numéro inconnu, comme avant qu'il me kidnappe. Sauf que ce n'était pas Damon le type derrière les premiers messages et là non plus.
« C'est Camilo, c'est moi qui t'emmène au point de rendez-vous. »
Je regardai Esperança, elle chantait bien, mais pour ce qui était de la danse, on repasserait. Elle forçait un peu trop sur sa voix, perdant le contrôle et faisant des fausses notes.
Chanter, c'était déjà compliqué, mais le faire en direct était un exercice encore plus difficile parce que jamais ça ne pourrait égaler la perfection d'une version studio. D'où l'utilisation du playback chez certains.
Je trouvais personnellement que les versions lives créait un tout autre lien avec le public, plus brute et authentique. Et moi, comparé à elle, je maîtrisais l'exercice.
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ÁNGEL'S SHADOWS
General FictionRafaela était de ces chanceux. Née dans un quartier pauvre d'une des villes les plus dangereuse de Colombie, Medellín, elle rayonnait à présent dans toute l'Amérique latine. Elle était actrice, chanteuse, et le modèle de tout un tas de petites fill...