trente-deux

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chapitre trente-deux : sale petite voleuse

 Je n'avais pas vu les deux derniers jours passer, je devais le reconnaître. Je dormais. Je n'arrivai pas à passer une seule heure sans dormir.

J'étais dans un état de fatigue que je n'avais jamais expérimenté. J'avais décidé de ne pas fermer les yeux cette fois-ci, alors j'étais en train de descendre prudemment.

Je ne voulais pas énerver Damon. Même si de toute façon, ma présence d'une manière générale était le meilleur moyen de le faire sortir de ses gongs.

Je trouvai une assiette sur la table du salon. Elle semblait avoir été abandonnée là un certain moment. J'allais me dire qu'il était crade et gonflé, mais c'était en réalité la mienne. Je l'avais oubliée toute seule, comme une grande.

Il ne l'avait pas ramassée, mais est-ce que je m'attendais à ce genre de comportement avec lui, évidemment que non. Je pris l'assiette tout en retenant un haut le coeur et j'avançai vers la cuisine. Je la lavai moi-même. C'était écoeurant, mais je n'avais pas réellement le choix.

Une fois ça fait, j'avançai dans la maison à pas de loup pour tenter de trouver le grand méchant Damon. Sa voiture était dehors, et j'avais l'impression qu'à pieds on ne pouvait aller nulle part d'autre.

Peut-être dans sa chambre alors.

Je me refusai à aller voir toute seule. Je marchai pour regarder de plus près la piscine. Je ressentais l'envie d'y tremper mes jambes et la peur de voir de nouveau Damon débarquer. Il allait arriver d'un coup. Il allait me surprendre et me faire du mal.

J'avais des crampes rien que de penser à lui, il me terrorisait complètement. C'était vraiment un cauchemar ce type, mon cauchemar.

Je regrettai de ne pas savoir nager. Je décidai alors que dès que j'allais de nouveau avoir accès à ma vie normale, j'allais apprendre. C'était une chose d'aller dans une piscine pour faire des photos, s'en était une autre de savoir nager.

J'entendis un bruit, me mettant en alerte.

C'était un gémissement plaintif. Le genre de bruit qui te retournait le ventre et te donnait envie d'accourir vers la personne. Mais ce gémissement appartenait à Damon.

Je devais reconnaître qu'il y avait un petit côté en moi qui jubilait.

Je montai à l'étage et je m'approchai de sa chambre. J'ouvris doucement la porte et le trouvai allonger sur le ventre en train d'haleter et de gémir sous la douleur.

Je m'approchai en essayant de comprendre. Je ne savais toujours pas réellement de quoi il souffrait. C'était étrange.

— Ángel ? Chuchotai-je.

— Putain, marmonna-t-il.

Il peinait à avoir une respiration adéquate et j'aurais pu le laisser mourir dans son lit, ou du moins souffrir. Il m'aurait sûrement laissé, mais j'avais un certain goût de remords.

Alors je le poussai délicatement pour qu'il se mette sur le dos.

— Non ! Cria-t-il avant de gémir de nouveau.

— Si tu peines à respirer, les comprimer ce n'est pas la solution.

J'avais parlé assez fermement, comme si je m'y connaissais, c'était lui l'infirmier, mais là, on aurait dit qu'il était complètement novice en termes de soin.

Il se laissa arriver sur le dos et commença à trembler. Je posai ma main sur son front et me rendis compte qu'il était complètement brûlant.

Alors, je sortis de la chambre pour aller vers la salle de bain. Je mouillai un gant avec de l'eau froide pour aller lui poser sur le front. Il eut une minuscule réaction, puis sembla l'accepter.

ÁNGEL'S SHADOWSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant