vingt-deux

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chapitre vingt-deux : devant ma porte

 Je terminai de me mettre du rouge à lèvre. Liz tenait son miroir de poche devant moi pour m'aider. Je la remercierai plus tard pour l'investissement dans cette journée marathon pour satisfaire son altesse Damon.

Il m'avait demandé de me produire le soir-même. J'avais dû appeler mes équipes en catastrophe et rien qu'à leur manière de me parler, je sentais qu'ils auraient préféré que je sois six pieds sous terre.

En arrivant dans le club que je connaissais bien parce que j'y avais déjà chanté quelque fois, j'avais de suite capté des regards. Je n'étais qu'avec Liz. Damon et Hugo nous avaient simplement déposées.

J'avais une paire de bottes à talons hauts noirs avec plateforme et une robe patineuse à bretelle de la même couleur. Le club avait l'air de se remplir alors forcément je commençai à avoir la pression.

Heureusement je n'avais pas appelé mes musiciens parce que leur présence n'allait pas aider. Ils étaient avec le cartel de Medellín. Ils étaient avec ceux qui voulaient me faire du mal.

Un homme aux cheveux grisonnants entra dans la pièce et je demandai à Liz de me laisser. Elle quitta celle-ci rapidement et je me retrouvai seule face à Leo Ruiz, mon producteur et apparemment beau-père.

— Content de te revoir, me dit-il. Mais je suis surpris que tout se fasse rapidement comme ça. D'ailleurs, tu devrais reprendre le travail avant que l'on t'oublie Rafaela.

Je n'avais aucune envie de reprendre tant que tout ce bordel n'était pas derrière moi. Je repoussai mes boucles blondes derrière mon dos et je le regardai froidement.

— On va s'arrêter là.

J'avais parlé nettement. J'avais réfléchi en route.

— Quoi ?

— Je devais renouveler mon contrat, mais je ne vais rien renouveler du tout, annonçai-je. Je vais payer tout le monde moi-même. Tu peux y aller.

Je voulais lui balancer à la tête qu'il pouvait retourner au prêt de ma mère et de leur fille, mais je ne le fis pas. Cette discussion devait avoir lieu entre ma mère et moi, sans personne autour. Leo tenta de me dissuader de le faire, mais je ne l'écoutais déjà plus. Je me sentais tellement vexée des choses que j'avais apprises que je ne voulais plus l'entendre.

C'était sûrement un caprice. Potentiellement le reflet de mon envie de rester l'unique enfant de ma mère. Ou bien du dégoût d'avoir été évincée de cette vie privée qui me concernait un peu. Je me sentais trahie, pas deux personnes proches de moi.

Il partit en claquant la porte et je me levai pour quitter la pièce. On m'aida pour les retours et j'attrapai le micro que l'on me tendait. Liz me regarda partir et je vidai mon esprit. J'avais le coeur battant à tout rompre. Dix chansons, ce n'était rien. C'était rapide, et puis j'espérai que Damon soit en place pour m'éviter la mort.

Les gens faisaient du bruit, mais je n'entendais que mon organe vital qui voulait s'enfuir de ma poitrine. C'était un enfer. Je voyais flou et j'avais mal au ventre.

J'avais juste peur de me prendre une balle.

Cette peur s'était atténuée en montant sur la scène et en chantant. J'étais un peu plus calme et je me sentais mieux. J'avais la nette impression de risquer un peu moins ma vie que précédemment.

À la seconde où ma dernière chanson se termina, je sentis de nouveau la peur attraper mon ventre. J'étais terrifiée de la suite des événements.

ÁNGEL'S SHADOWSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant