Conversation nocturne.

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PDV Magnus

Il était déjà 22h45 quand je passai enfin la porte de notre appartement. J'avais conduit comme un automate, à moitié assommé par la fatigue due à ma longue journée à l'hôpital.

Cet après-midi, j'avais eu le privilège de partager une pause-café avec ma mère, Clary et Victor. Il était rare que l'on soit tous disponibles en même temps et bien que cette pause ne fût que de 15 minutes, elle m'avait fait un bien immense. Nous travaillons certes au même endroit mais dans des services différents, par conséquent, les moments partagés ensemble à l'hôpital étaient quasi inexistants. Beaucoup de nos consœurs et confrères se retrouvaient après leur service, dans le bar fréquenté par le personnel pour discuter, boire des verres et se détendre. Victor me répétait souvent qu'il était important de partager ce genre de moments avec nos collègues, ce que je comprenais, cependant, la plupart du temps je déclinais afin de pouvoir rentrer et retrouver Alec et Aria. Je les voyais peu également et ma priorité restait ma famille.

Je déposai mes clés et mon portefeuille dans le vide poche de l'entrée puis accrochai ma veste à la patère. Tout était silencieux et plongé dans le noir, seule de la lumière provenait encore du bureau d'Alec dont la porte était restée entre ouverte. Je m'y dirigeai aussitôt, plus qu'heureux qu'il soit encore debout.

— Mon amour, le saluai-je en pénétrant à l'intérieur.
— Bébé ! s'exclama-t-il en se levant puis en venant à ma rencontre.

On s'étreignit une longue minute en soupirant d'aise. On s'était horriblement manqué.

— Longue journée n'est-ce pas, lui dis-je en lui caressant les cheveux.
— Oui... puis j'ai accumulé du retard dans les corrections. Mes étudiants attendent les résultats des derniers TD, m'expliqua-t-il en regardant son ama de copies avec détresse.

Alec soupira puis partit se réinstaller à contre cœur à son bureau. Je le regardai faire avec un petit sourire amusé. Mon cher époux adorait son métier, il adorait donner ses cours, adorait également échanger avec ses étudiants et ses collègues mais corriger les copies en revanche, n'étaient pas vraiment ce qui l'enchantait le plus.

— Je vais embrasser Aria puis prendre une douche, l'informai-je.
— D'accord, je me dépêche comme ça on pourra discuter un peu quand tu auras terminé. As-tu dîné ? s'enquit-il.
— Oui. Enfin j'ai grignoté un truc à l'hôpital...
— Je vois, club sandwich et café ? devinât-il.

Je lui fis un petit sourire entendu.

— Il y a des lasagnes et de la salade si ça te dit. Je peux te préparer une assiette. Je sais que tu n'aies pas fan de la junk food de l'hopital.
— Très juste mais bon, parfois, pas le choix. C'est gentil mon amour mais ça va, je n'ai pas faim, je te remercie.
— D'accord, fit-il, de nouveau reconcentré sur ses corrections.

Je sortis discrètement puis partis voir ma fille. Elle dormait paisiblement dans son pyjama vert d'eau à fleurs. Ses cheveux noirs ondulés encadraient son magnifique visage d'ange. Je fus rassuré de la voir dans son lit, saine et sauve, toujours semblable à elle-même. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, il était évident qu'elle n'allait pas changer d'apparence entre ce matin et ce soir mais dans mon esprit angoissé, le fait qu'elle prenait le bus seule pour rentrer désormais était synonyme de changement, et par conséquent, je m'étais attendu à voir ce changement se matérialiser sur son apparence. Qu'elle m'apparaîtrait peut-être plus mature, plus vieille...

Tu es COM.PLÈ.TE.MENT désespérant Mag's ! me souffla une petite voix intérieure.

Elle avait raison, c'était du n'importe quoi.

J'embrassai ma fille puis filai sous la douche. J'étais mort de fatigue, Alec aussi, pourtant je devais lui parler de Côme ce soir car Victor attendait une réponse pour demain. Nous devions aussi discuter de sa rencontre avec Mme Young et de la nouvelle maison. Notre agence nous avait envoyé de nouvelles propositions par mail dans la journée, je n'avais pas encore pu y jeter un œil. Il y avait tellement à gérer à la fois, c'était vertigineux.

De l'amitié à l'amour : 9 ans plus tard (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant