Plus jamais sans toi

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PDV Magnus

Assis dans ma voiture, je venais d'arriver à Raziel alors que j'étais de repos aujourd'hui, un repos que mon chef de service m'avait tout simplement imposé après les heures astronomiques que j'avais effectuées ces deux dernières semaines. J'avais travaillé sans relâche pour m'anesthésier le cerveau et ne pas penser à autre chose qu'à mon boulot et mes patients. Je m'étais perdu dans le travail pour ne pas penser à lui, je m'étais perdu dans le travail pour me restreindre de me ruer dans l'aile gauche de l'hôpital, là où il se trouvait...Alec.

À la maison c'était pire. Quand j'y étais, je m'occupais des enfants, des tâches ménagères, des repas, des courses, des devoirs, des factures. Je m'arrangeai pour toujours avoir quelque chose à faire, si je m'arrêtai une seconde, cette douleur et cette culpabilité qui me rongeaient l'âme prenaient possession de mon corps et tel un serpent s'enroulant autour de sa proie, me pressaient jusqu'à me faire suffoquer.

Depuis l'accident, je n'arrivais plus à dormir dans notre chambre ou à dormir tout court. Je faisais des crises d'angoisses et des cauchemars à répétition. J'avais réalisé que le seul endroit qui me procurait un semblant de sérénité était la salle de repos de mon service alors j'avais commencé à proposer à mes confrères et consœurs d'échanger nos gardes de nuit une fois, puis deux, puis trois. Très vite, je me suis retrouvé à passer toutes mes nuits à l'hôpital. Je m'organisais pour dormir deux à trois heures afin de ne pas perdre mes moyens en salle d'opération mais c'était tout, je travaillais autant que je le pouvais nuits et jours, mon rythme était infernal et surhumain, je le savais, mais c'était l'unique remède à mes maux et même si je détruisais ma santé en travaillant autant, mon cœur lui souffrait moins.

Malheureusement, tout ça c'était jusqu'à hier. Alessio Concina, mon chef de service, m'avait ordonné de rentrer chez moi me reposer pendant 5 jours interminables, pourtant, un coup de fil de Jace reçu il y a une heure m'avait conduit de nouveau à Raziel en ce vendredi après-midi.

Honnêtement, ça sentait le coup monté à plein nez. Maryse et Robert étaient cloués au lit avec un rhume et 39 de fièvre, Max était repartit à l'université il y a trois jours, Aria et Côme étaient au collège évidemment, Izzy et Simon devaient s'occuper d'Enzo qui avait un poussée dentaire douloureuse, Clary était de service tout comme ma mère, mon père avait dû repartir s'occuper de son entreprise et quant à Jace, son PDG lui avait demandé de mettre fin à ses congés spéciaux car une situation d'urgence était survenue. Tout ça pour dire que par conséquent, le seul à être disponible pour s'occuper d'Alec c'était moi. J'étais donc assis dans ma voiture depuis une bonne demie-heure, essayant de trouver le courage d'y descendre.

Quel pourcentage de chance il y avait-il pour que tout le monde se retrouve indisponible en même temps ?

Zéro.

Jace avait forcément manigancé tout ça, je le sentais. Il était devenu insistant sur le fait que je ne rendais pas visite à mon époux, alias son petit-frère.

Pensait-il que c'était facile pour moi de ne pas y aller ?

Je me faisais rage et violence. J'étais loin d'être indifférent et ne l'abandonnais pas comme me l'avait reproché Clary. Son état était stable et honnêtement, je ne souhaitais pas que les choses se dégradent par ma présence. Je savais que ça pouvait sembler excentrique comme pensée mais après m'être voilé la face pendant si longtemps, je savais aujourd'hui qu'il n'était pas sain pour Alec de m'avoir à ses côtés. La vérité était que je lui apportais que du malheur. Bien sûr, je l'avais aussi rendu heureux ces dernières années mais ces instants de bonheur ne valaient rien face aux drames auxquels il avait dû être confrontés et aujourd'hui encore, il était allongé dans ce lit d'hôpital, dans le coma...ça me tuait.

De l'amitié à l'amour : 9 ans plus tard (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant