De l'amitié à l'amour : 9 ans plus tard (Tome 3)

Lever le voile

Chapitre 43 – Lever le voile

PDV David

À peine le seuil de mon appartement franchi, je me servi un verre de scotch que je descendis d'une traite. La morsure de l'alcool était vivifiante, je remplis de nouveau mon verre puis sortis sur la terrasse. L'air était glacial, les lumières des buildings scintillaient joyeusement devant mes yeux, les rues portaient fièrement les décorations de Noël, illuminant ainsi le cœur des français en cette période de fin d'année.

Pour une fois, j'avais voulu être comme tout le monde, c'est-à-dire aller au centre commercial faire des achats de Noël. Habituellement je ne passe jamais les fêtes en famille, mon père était toujours occupé au travail, ma mère préférait la compagnie de ses tableaux et s'enfermait généralement dans son atelier, ma sœur ayant refait sa vie à Seattle, elle ne faisait jamais l'effort de rentrer ce que je comprenais. Contre toute attente, cette année allait être différente, mon père nous avait informé qu'il s'était organisé pour être parmi nous, ma sœur avait donc promis d'être présente avec son mari et ma nièce, je me disais qu'enfin nous allions pouvoir être comme une famille normale alors j'avais voulu faire un effort et offrir des présents à chacun d'entre eux. C'est ainsi que je m'étais retrouvé épuisé après trois heures de shopping, affalé au comptoir du Café Delgado à observer les gens tout en savourant mon Macha...quand je le vis.

Je n'en croyais pas mes yeux, Alec était là et seul. Il me semblait épuisé. Il se laissa tomber sur une banquette, commanda rapidement puis rabattit la capuche de son sweat avant de fermer les yeux et de s'endormir je suppose. Je scrutais chacun de ses gestes avec fascination, mon cœur battait à tout rompre, j'avais failli le perdre à jamais dans cet accident, nous nous étions séparés en mauvais terme, pour moi c'était une chance inespérée de tomber sur lui aujourd'hui. Ne pouvant laisser passer cette opportunité, j'attrapai une serviette en papier afin de lui écrire un message que je remis à la serveuse. Je me levai puis sortis du café discrètement. J'attendis à l'extérieur une minute afin de m'assurer que le mot lui serait remis, une fois rassuré, je partis l'attendre à ma voiture. Je n'avais aucune certitude.

Allait-il accepté de me voir ?

Probablement que non mais je gardais tout de même espoir, je n'avais rien à perdre après tout...ça, c'était ce que je pensais, jusqu'à ce que Magnus et le frère d'Alec débarquent dans ma voiture. Ça, je ne l'avais pas vu venir, j'avais manqué de jugement, voir Alec m'avait totalement déstabilisé, je n'avais pas réfléchi plus loin, je n'avais pas non plus pensé qu'il était impossible qu'il soit seul au centre commercial surtout après ce qu'il avait vécu.

Je pris une gorgé de mon verre en réfléchissant. Ce Magnus n'avait pas l'air si simple en réalité, mes menaces ne semblaient pas l'avoir perturbé plus que ça alors que ses propos m'avaient blessé malgré moi. Il avait lu en moi comme dans un livre ouvert, semant du sel sur mes plaies déjà ouvertes, le manque d'attention de mes parents, le manque d'amour, le manque d'intérêt face à mes problèmes physiologiques, j'avais toujours été seul et livré à moi-même, c'est pour cette raison entre autres que j'avais été chercher du réconfort dans mes livres puis un jour j'avais rencontré Alec. Je l'avais observé à distance pendant des mois, rêvant du jour où je pourrai enfin lui parler. Honnêtement, je ne sais pas ce qui a éveillé mon intérêt pour lui, peut-être sa façon de nous faire découvrir la littérature, à sa manière délicate de tourner les pages des romans, à sa façon de sourire quand il nous lisait un passage.

Fascination.

Aucun autre mot ne pouvait mieux décrire ce qu'il représentait pour moi à cet instant. Ce n'était pas physique, car oui il était très beau mais la beauté ne me faisait rien contrairement à la plupart des gens, c'était son amour pour les livres et la littérature qui m'avaient touché, c'était comme si nous parlions le même langage, pour la première fois, j'avais senti que quelqu'un me comprenait, pour la première fois, j'avais voulu être proche de quelqu'un. Il était tout ce que je désirai être.