Chapitre 24

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J'ai la sensation que cette journée ne terminera jamais. Il est à peine midi et je n'ai toujours pas réussi à défaire la commande de livres qui est rentrée plus tôt ce matin.

Malgré mon grand café glacé, je n'arrive pas à me concentrer. Je suis toujours en train de me remémorer ce fameux moment.  Ses douces lèvres sur les miennes. Son doux regard. Ainsi que le sentiment de sécurité que j'ai ressenti lorsqu'il m'a prise dans ses bras.

À la fin de cette soirée-là, Justin et Vincent nous ont raccompagnés à l'appartement. La petite marche au petit matin, nous a tous fait un grand bien. Même si les effets de l'alcool s'étaient atténués, mon cerveau avait un réel besoin d'air frais.

Cette balade nous à permis de discuter un peu plus sur nous . On connaît enfin nos sentiments l'un envers l'autre, mais nous voulons y aller en douceur. Un pas à la fois et sans pression.

Je sors de mes rêveries lorsque la sonnette de la boutique retentit. Je souris de toutes mes dents lorsque j'aperçois Madame Roy. Cela fait un bon moment que je ne l'avais pas croisé.

- Bonjour Mada... Murielle, je veux dire.
- Allô Violette, tu fais des progrès. ricane-t-elle.  Comment ça va ?
- Tout va bien, nous avons reçu la commande de livre, ce matin. Je suis en train de la placer.
Murielle me regarde du haut de ses lunettes avec un léger sourire.
- Je parle de toi Violette, pas de la boutique.
- Je vais bien, merci et vous ?  Dis-je nerveusement.
J'ai tendance à oublier que ma patronne est extrêmement humaine. Elle aime connaître chaque employée et elle nous offre des petites surprises de temps en temps.
- Je vais bien. Alors, la dernière fois qu'on sait vu tu allais à une soirée, il me semble. Alors dis-moi, as-tu profité pour sortir de ta petite bulle ?

Elle ne passe pas par quatre chemins. Elle va directement à la pêche aux infos. Je me rends compte que de parler de Justin me rends timide. J'essaie de rester le plus naturel possible, sauf que le sourire sur mon visage ne passe pas inaperçu.
- Comme vous le savez, aller à cette soirée était une bonne sortie de zone de confort, mais j'y suis allé avec Nikky.
Je joue nerveusement avec l'élastique à cheveux que j'ai autour de mon poignet. Je prends une grande respirations et ajoute :
- J'ai rencontré quelqu'un...
À la seconde où j'ai prononcé le mots '' rencontré'', les yeux de Murielle sont devenus aussi gros que deux balles de golfs.
- Je veux tout savoir ma chérie. me dit-elle en prenant mes mains. Je suis peut-être vieille, mais j'adore les histoires d'amour.

Tout en défaisant la livraison, je lui raconte mon histoire. C'est à ce moment là, que je réalise que j'ai fait beaucoup de travail sur moi en si peu de temps. Je sais que j'ai encore du chemin à faire, mais j'ai envie de célébrer chaque petite victoire.

Plus le temps passe et plus j'avance bien dans ma journée. Vers 14 heures, j'avais pratiquement terminé toutes mes tâches. Défaire la commande, placer les nouveaux livres sur les tablettes, ainsi que les remplir. J'ai lavé le comptoir caisse ainsi que les vitrines et la porte de la boutique. J'ai rempli les présentoirs des romans en vedettes, ainsi que les présentoirs des tasses et de la papeterie.

Madame Roy à passer une bonne partie de la journée dans son bureau à faire les comptes de la librairie. Elle finit par quitter son bureau avec un air un peu triste. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter.
- Est-ce que tout va bien Madame Roy ?
Elle se dirige dans ma direction et s'appuie sur contre le comptoir caisse. Elle laisse échapper un grand soupire avant de me répondre.
- La petite Camille vient de me donner sa démission.
Camille travaille avec nous depuis maintenant six mois, elle est vraiment douée avec les clients et elle connait super bien nos produits.  Apprendre sa démission me surprend, car elle avait l'air de bien aimer ce job.
- Est-ce qu'elle vous a donné deux semaines de préavis, le temps de la remplacer ?
- Malheureusement, non. Je dois trouver un autre employé rapidement, car je commence à me fatiguer plus rapidement avec l'âge.
- Madame Roy je peux faire plus d'heure, cela ne me dérange pas.
- Tu es certaine, Violette? Tu commence enfin à profiter de ta jeunesse, je ne veux pas que tu te réfugies dans le travail.
- Ne vous en faites pas ! Nous savons que c'est temporaire, le temps de trouver un remplaçant.
Murielle se rapproche de moi et m'enlace. J'arrive à sentir le soulagement dans sa voix lorsqu'elle me remercie.

La fin de la journée approche et nous avons ajusté l'horaire afin que je fasse l'ouverture et la fermeture des trois prochains jours.

Au moment où je termine de verrouiller la boutique, mon téléphone se met à vibrer dans la poche arrière de mon jean.

Je me dépêche de ranger mes clefs dans mon sac avant de répondre, sans même regarder qui ça peut être.

- A-allô !
- Salut, est-ce que je te dérange?
Au moment où j'entends la voix de Justin,  mon cœur en oublie un battement.
- Non, non. Je viens tout juste de fermer la librairie. Au moment où tu m'appelais je rangeais mes clefs et un coup de vent m'a toute échevelé en même temps. Dit-je en riant nerveusement, tout  en essayant de me dégager le visage.

Son rire suffit pour me faire sourire jusqu' aux oreilles. Une chance qu'on ne fasse pas un appel vidéo, car il verra que je craque complètement.
- Je voulais savoir si tu es libre demain soir ?
- Je suis désolé, je ne peux pas demain.
J'aurais vraiment aimé avoir du temps avec lui. « Merci pour ta démission Camille. » Dis-je mentalement.
- Pas grave, je te dérange pas plus longtemps.
- Attends !  Je me dépêche à lui dire. J'étais libre à la base, mais on a eu une démission aujourd'hui. Pour dépanner ma boss, je fais l'ouverture et la fermeture des trois prochains jours.
- Le problème c'est que je vais probablement faire du temps supplémentaire à job et on aura pas beaucoup de temps pour se voir.
J'arrive à saisir la déception dans sa voix. J'ai vraiment envie de le voir, sauf que je suis une fille de parole.
- J'ai vraiment envie de te voir, sauf que j'ai malheureusement déjà accepté.
- Je comprends. On va se reprendre, alors.
- Oui, sans faute.
- Tu marches jusqu'à chez toi, là ?
- Oui,  mais je suis presque arrivé. Toi, tu es à l'usine ?
- Ouais, tu arrives dans combien de temps ?
Drôle de question.
- 2-3 minutes environ, pourquoi ?
- Il y a trop d'incidents à Montréal cette année. Ce n'est pas prudent de marcher seule.
Justin, le mec arrogant, est devenu soucieux. Juste cette pensée, me fait encore plus chavirer. Jamais un mec ne sait inquiéter pour moi, à part mon père, bien sûr.

Je dois avouer que je n'ai jamais aimé marcher à la noirceur, mais je n'ai pas le choix. Je n'ai plus de voiture et je travaille à côté de chez moi. Cependant, je n'ai pas envie de lui dire.
- Ne t'en fais pas, je suis prudente.  Je suis presque arrivé.
- Tu me diras quand tu seras rentré dans ton immeuble. J'ai encore du temps sur ma pause.
- Si tu insistes. Dis-je avec un ricanement

On bavarde les deux minutes restantes de tout et de rien. De notre journée et du souper qu'on a mangé. Justin me juge lorsque je lui dis que j'ai mangé une crème de chou-fleur et  de poireau. Il ne comprend pas que j'aille manger un potage au mois de juin. Et je lui explique que je ne regarde pas la température lorsque j'ai envie d'un repas en particulier. Je le mange et c'est tout.

Quand je suis enfin rentrée dans mon appartement. On se dit bonne nuit et on raccroche rapidement, car il terminait sa pause.

Violette - en cours d'écritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant