chapitre 5- Elijah

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Elijah

Allongé sur mon lit les jambes croisées, je scrute Instagram faisant défiler les post, mais le cœur n'y est pas. Par curiosité, je tape le nom de Malius Regan et tombe sur des dessins. Quelques poèmes y sont notés. C'est sombre, rien de réjouissant, je dirais à son image actuelle. Je dois bien avouer qu'il est très doué malgré son caractère désinvolte.

Je laisse tomber mon téléphone sur le lit, me laissant envahir par la musique qui résonne dans la pièce. YUNBLUND – Lowlife à fond dans la chambre, j'adore cet artiste, Landon me dit qu'il ne ressemble à rien, moi au contraire, je le trouve fascinant. Il est de ceux qui s'amusent à brouiller les frontières entre les genres. C'est comme une pile électrique qui ne semble pas faiblir.

J'entends d'un coup le bruit de la moto de Malius, quelques secondes plus tard, la porte d'entrée résonne dans la maison. L'entendant marmonner assez fort. S'il ne voulait pas faire de bruit, c'est raté. Je descends en trombe au niveau du couloir. OK, il est complètement éméché.
Je me demande bien comment il a pu rentrer sur son engin.

– Fais moins de bruit, tu vas réveiller les parents. On ne t'a jamais dit que boire et conduire, c'est dangereux. En plus d'être désagréable, tu es un danger public.

— Oh, c'est qu'il attaque ! Je n'ai pas besoin de tes leçons de morale à deux balles ! Retourne dans les jupons de ta mère ! Me crache-t-il à la figure.

En plus, il a l'alcool mauvais. Personnellement, je n'ai pas envie qu'Owen se réveille et qu'une dispute éclate en pleine nuit. J'ai bien compris en une semaine qu'entre les deux la tension était palpable.

— Allez, viens, je vais t'aider à monter dans ta chambre.

— Dégage, je n'ai pas besoin de ton aide.
Il balaie ma main, gémissant des trucs insensés. Quel crétin, il va réveiller toute la baraque. Il essaie tant bien que mal de monter les escaliers, mais se rétame la tête en avant sur une des marches.

Est-ce qu'un sourire satisfait s'affiche sur mon visage ? Bien sûr que oui.

— Allez, maintenant, ça suffit de jouer au dur. Accroche-toi à ma taille.

Quand ses mains se posent sur mes hanches, je me raidis, regrettant tout de suite mon intention de l'aider. Je déteste que l'on me touche depuis ce qui m'est arrivé. Je prends sur moi au maximum, plus vite je le conduis dans sa chambre, plus vite je retrouve ma respiration qui depuis son toucher est comprimée dans ma cage thoracique.

En voulant le jeter sur son lit, mon corps s'embourbe et je me retrouve finalement la tête sur son torse. J'essaye tant bien que mal de me dépêtrer de cette situation bien trop gênante. Quand Malius attrape mon poignet, me retenant de me lever, cherchant mon regard.

— Malius, lâche-moi, ça ne me fait pas rire, tu es vraiment pénible, tu sais ça !

— Putain, tes yeux parlent pour toi, c'est la tempête que j'aperçois à travers. Sa réaction me coupe le souffle.  Tu es aussi brisé que moi. Tu as perdu une personne comme moi ?

–   Non, autre chose. Lui répondis-je tac au tac.
— Tu sais, tu es beau gosse ! Tu ne vivrais pas ici, je t'aurais bien baisé à même ce lit. Tu dois avoir un goût délicieux. M'avoue-t-il tout en caressant de ses doigts mon bras.
Ce gars est complètement à côté de la plaque.

— Tu sais que je suis un homme.

— Homme, femme, je m'en fous, le sexe, c'est le sexe.

J'avoue que je ne m'attendais pas du tout à ce que me sorte ce genre de phrase.

- Tu as l'air choqué, petit oiseau. Attends, je vais te montrer.

Et d'un coup, ses lèvres plaquent les miennes, plantant ses dents dans ma lèvre inférieure. Je me libère aussi vite de sa bouche en essuyant mes lèvres de ma main.

— Mais tu es taré, Malius.
Il me regarde d'un air satisfait. Ce gars va me faire vriller. Agacé, je décampe de la chambre comme si j'avais le feu aux fesses.

À cause de lui, je n'ai pas pu fermer l'œil de la nuit. Mes doigts effleurent le contour de mes lèvres, me remémorant inlassablement la scène d'hier. Je n'ai pas compris son geste, est-ce que pour lui, c'est un jeu pour ? En tout cas, je ne suis pas un petit jouet avec lequel on peut s'amuser. Je l'ai déjà assez subi. Je ne sais pas ce qu'il se trame dans sa tête, mais il est hors de question que je tombe dans son plan diabolique.

— Et puis, je ne suis pas un petit oiseau, crétin.

Honnêtement, je n'ai pas envie de sortir de mon lit, recroquevillé sous ma couette, je n'ai pas envie de l'affronter. J'espère au fond de moi qu'il ne s'en souviendra pas, c'est déjà assez tendu entre nous, mais si on ajoute l'histoire du baisé, la maison va ressembler à une aire glacière.

— Elijah, c'est l'heure de se lever ! braille ma mère du couloir.

Je passe mes deux mains dans mes cheveux. Pas le moindre désir de me lever…

J'arrive tout de même à m'extirper tant bien que mal de ma cachette, mais une part de moi désire fuir en prétextant ne rien savoir. Après tout, ce n'était qu'un petit bisou sans aucune signification.
Un bruit sourd me parvient de la salle de bain, me confirmant sa présence. Je profite qu'il soit sous la douche pour enfiler en deux-trois mouvements mon bas de pyjama. Le temps qu'il se prépare, je descends en vitesse pour prendre mon petit déjeuner.

Note de l'auteur: ce chapitre est plus cours que les autres , mais je me suis bien amusé à l'écrire. J'espère que vous aimerez. Bonne soirée.

Just Us (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant