chapitre 9- Malius

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Malius

Pendant qu'Elijah est allongé dans l'herbe, écouteurs aux oreilles le regard fixé sur l'horizon. Mon esprit divague à la conversation de la veille avec mon paternel.

— Mon fils, quand est-ce que toi et moi allons avoir une conversation sérieuse ?

Décidément, vous avez décidé de ne pas me laisser en paix aujourd'hui, lui rétorquai-je.

— S'il te plaît, Malius, pas d'animosité, je suis venu en paix. Je peux ? me demande-t-il en me montrant mon lit, attendant mon approbation.

J'acquiesce.

— Vas-y, de toute façon, tu ne comptes pas t'en aller.

Il avance d'un pas empressé, puis s'installe sur le matelas, les jambes croisées, le dos bien droit.

— Honnêtement, je ne sais pas par où commencer ?

Il marque un temps avant de reprendre.

— Depuis la mort de ta mère, on s'est beaucoup éloignés. Et ça me fait beaucoup de mal. Quand elle est partie, je t'ai aussi perdu d'une certaine manière. Tu es devenu l'ombre de toi-même pendant des mois. Je me suis senti tellement démuni face à la situation. Peut-être que m'enfoncer la tête dans le travail n'a pas été la meilleure solution. Mais garder mon esprit occupé a été le seul moyen que j'ai trouvé pour compenser sa perte.

— Ça, c'est sûr, tu as oublié que tu avais un fils.

— Tu crois que tu ne comptes pas à mes yeux, bien sûr que si. Tu es mon fils, mon seul et l'unique bien le plus précieux. Et je suis désolé de ne t'avoir montré aucun intérêt.

Il tourne le visage vers le mur derrière lui, scrutant mes dessins qui habillent le dessus de ma tête de lit.

-Tu es très doué, mon fils, tu l'as toujours été. Ta mère disait que tu étais un être unique et elle avait entièrement raison.

Une boule dans la gorge se forme, refoulant mes larmes. S'il savait combien de fois j'ai attendu qu'il me prononce ses mots.

— Pourtant, tu es contre le fait que je sois tatoueur.

— Je ne suis pas contre, mais comme tous les parents, nous aspirons au meilleur pour nos enfants. Je voulais que tu poursuives tes études. Oui, j'ai été déçu, mais une part de moi est responsable, m'avoue -t-il  la voix tremblante et les yeux larmoyants.

— Tu sais, j'aime vraiment ce que je fais, et un jour, j'aurais mon propre shop.

— Je n'en doute pas, mon fils, je n'en doute pas. Et j'espère de tout cœur que tu y arriveras. Mais s'il te plaît, laisse-moi revoir ce garçon aux sourires lumineux. Il me manque terriblement.

À ses paroles, je sens mes joues devenir humides, sans aucun contrôle, j'éclate en sanglots. D'un bond, mon père se lève et me prend dans ses bras. Trois ans que je n'avais pas ressenti la chaleur d'une étreinte si sincère. Je me presse contre son corps en me laissant aller à chaudes larmes.

— Elle me manque, Papa, si tu savais.

— Je sais, Fiston, moi aussi ! De sa main, il me caresse les cheveux. Je crois que c'est le geste le plus tendre qu'il ait pu me donner. Nous restons pendant de longues secondes dans les bras, impossible de se défaire de la chaleur de mon géniteur. Un fils, un père.

Malius, Malius ! m'appelle une voix que je commence à bien trop connaître me reconnecte à la réalité.

Tu étais parti loin !

Just Us (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant