chapitre 26- Malius

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Malius

Allongé dans mon lit, les bras croisés en dessous de ma tête, je fixe le plafond sans grande attention. Une pointe de culpabilité vient picoter mon for intérieur, une part de moi regrette d'avoir confié ses paroles à Elijah, mais lui et moi avons promis de nous dire la vérité et il était important pour moi de lui en parler. Bon, j'avoue que j'aurais pu trouver un meilleur moment pour le lui annoncer, mais comme d'habitude, j'ai agi sur l'impulsivité, il y a des choses qui ne changeront jamais.

Dans mon esprit, c'est un véritable désordre. Lorsque Madelyn m'a sollicité de l'accompagner dans la recherche de sa robe, . Comment lui dire, écoute, belle maman : l'idée qu'Elijah devienne officiellement mon demi-frère ne m'enchante pas des masses, car j'aime votre fils.

Car oui, je l'aime, c'est inévitable, je suis certain aujourd'hui de mes sentiments envers lui.

Mais à l'heure actuelle, mes émotions sont-elles importantes ? Elijah ne veut pas que notre relation s'arrête, mais quel sera l'aspect de notre famille quand tout sera révélé ? Le magnifique tableau familial risque à coup sûr de s'effondrer et provoquer ensuite une série de colères et de larmes.

Parce-que mon père et moi faisons tout notre possible pour recoller les morceaux et je dois avouer que je suis plutôt ravi de ne plus vraiment me battre avec lui. Mon copain et sa mère sont très proches et cette vérité pourrait bien briser leurs liens. Ainsi, j'ai l'impression que c'est à moi de prendre en charge cette tâche difficile, que c'est à moi de mettre un terme à cet amour naissant et qui aurait cru, moi, Malius Regan, que ça allait autant me faire de mal. Lassé, je passe une main sur mon visage, puis me lève pour aller me chercher une cigarette. J'ai un grand besoin de nicotine pour dissiper mes nerfs.

Accoudé à la rambarde, je contemple le coucher de soleil qui se trouve devant moi depuis la terrasse. Je tire une dernière latte avant de l'écraser dans le cendrier en céramique.

— Allez, Mon gars, on va affronter le problème ! Enonçai-je je tout haut, en espérant me donner de la force.

Quelques instants après, je me retrouve devant sa porte. En règle générale, je rentre immédiatement, mais étant donné qu'il est en colère, je vais éviter.

— Elijah, je peux rentrer ? murmurai-je en frappant doucement.

Aucune réponse. Désespéré, je souffle, mais il est hors de question de le forcer, il viendra de lui-même, du moins je l'espère.

Le repas du soir se déroule dans une bonne ambiance, en tout cas du côté de Madelyn qui s'extasie de sa matinée à la boutique sous les yeux attendrissants de mon géniteur. De notre côté, Elijah et moi sommes murés dans un profond silence. De temps à autre, je zieute mon amant pour jauger la température, mais il ne daigne aucun regard à mon égard.

Putain, ça fait mal, bien fait pour toi, Malius. Cependant, je jurerais qu'il a pleuré, ses yeux sont rouges et je m'en veux terriblement, car c'est ma faute, seulement la mienne.

— Les garçons vous en font une tête d'enterrement ! Émit mon père, confus.

— Ce n'est rien, Papa, juste que je n'ai pas très bien dormi la nuit dernière.

Heureusement, il ne chercha pas davantage.

Après le dîner, mon père et sa future épouse décident de se rendre à une séance de cinéma. Avant, ils nous ont demandés de les accompagner, mais l'un comme l'autre, nous avons refusé.

Après une longue conversation téléphonique avec Parker dont il m'a prodigué quelques conseils bienveillants concernant la situation. Je décide de mettre un terme pour pourvoir les mettre en œuvre. En effet il m'a suggéré de rédiger une lettre pour Elijah dans laquelle j'exprimerais tous mes doutes et mes peurs. Mais un bruit sourd se fait entendre de là où je suis. Je décide de vérifier par le balcon et aperçois Elijah tituber autour de la piscine,Ctenant une bouteille.

— Mais qu'est-ce qu'il fabrique ? râlai-je.

Je descends en vitesse pour le retrouver bien imbibé.

— Elijah, qu'est-ce que tu fais avec cette bouteille ?

— Ça ne se voit pas, je bois à ton futur départ ! Dit-il en rigolant d'ivresse. Putain, l'alcool ne lui va pas.

— Lâche là, je vais t'aider à monter dans ton lit pour que tu puisses aller de reposer. De plus, si mon daron et ta mère te voient ainsi, on risque d'avoir des ennuis.

D'un pas, je m'avance vers lui pour lui attraper la bouteille en question, mais il recule en arrière et se rétame sur le transat. Il essaye tant bien que mal de se redresser. Et là, je remarque que des perles de gouttes salées dévalent le long de ses joues et la seule chose à laquelle j'ai envie, c'est de me jeter dans ses bras et de me fondre dans son corps.

— Pourquoi tu veux m'abandonner ? Prononce-t-il en regardant les lumières de la piscine qui reflètent.

— Nous, c'était du vent ? continue-t-il. Toutes ces paroles que tu m'as balancées, je ne comprends pas. Tu dis vouloir te battre, que tu serais prêt à prendre la colère de nos parents.

— Tu sais très bien que c'est plus complexe que cela.

— En quoi ça l'est, je suis prêt à me confronter à ma mère. Il est inconcevable pour moi que notre histoire s'achève. Je le sens au fond de moi : tu n'es pas qu'un passage, mon cœur est accroché à tes lèvres.

—Elijah...

— Non, je n'ai pas fini, tu vas m'écouter jusqu'au bout. Tu me fais croire depuis des semaines un avenir entre nous, et tu veux m'enlever ça ? Tu crois que je vais accepter que tu partes sans réagir ? Mais écoute-moi bien, je ne vais pas abandonner, je ne peux pas oublier tous les mots que l'on a dits. Je ne laisserais pas cet amour brûler sous mes yeux. À tes côtés, je m'épanouis, je me sens envie. Et toi, tu veux m'enlever ses sensations ? Alors ouvre bien tes oreilles. Malius Regan, je t'aime avec un grand A. Ce vent d'amour que je ressens auprès de toi me fait perdre la tête, et j'ai l'impression par moment que je vais tourner bourrique.

À cet instant, mon esprit essaye d'assimiler ses mots, il vient de m'avouer son amour pour moi de la plus belle des manières. Allez, dis-lui...

— Je t'aime aussi.

Et en une fraction de seconde, je me jette à corps perdu sur lui, écrasant mes lèvres sur les siennes. Le soupir qu'il pousse contre ma bouche me fait frissonner et j'emprisonne ses joues rosies par les effluves de whisky. Mes mains ne quittent pas son visage, les siennes viennent se poser automatiquement dans mon dos. Sa langue se glisse entre mes lèvres pour venir jouer avec la mienne.

Nous nous embrassons comme si notre vie en dépendait, c'est puissant, dévastateur. C'est ce soleil perçant les nuages de mon ciel.

— Je t'aime comme un fou, disai-je entre deux baisers.

— Alors n'envisage pas une seule seconde de partir sans moi, OK ?

Je lui happe de nouveau les lèvres comme pour sceller une promesse que je crains de ne pas tenir. Ses doigts gelés par ce froid de début février glissent sous mon hoodie. S'il était possible de pouvoir rester collé à lui pour l'éternité, je serais l'homme le plus chanceux de la Terre.

— Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

Tel un automatisme, nous nous décollons pour apercevoir au loin nos parents au pied de la baie vitrée. Et ce qui va suivre n'est pas bon pour nous. Car le regard noir de mon père et les yeux de Madelyn remplis de tristesse me font comprendre que nous avons merdé et que de simples excuses ne suffiront pas. Est-ce vraiment la fin ? 

Just Us (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant