chapitre 20- Malius

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MALIUS

Pendant que Elijah profite de son meilleur ami de l'autre côté du pallier, moi, je m'attèle à dessiner plusieurs flashs pour pouvoir les exposer au shop la semaine prochaine. Mais mon esprit dérangé m'empêche de travailler correctement, je décide donc de faire une pause cigarette. J'en extirpe une du paquet posé sur ma table basse et la glisse entre mes lèvres. Assis sur la chaise en fer forgée de mon balcon, je parcours Instagram et instinctivement mes doigts notent Donovan dans la barre de recherche. Mais comment dire qu'il y a tellement de personnes qui portent le même nom, que c'est comme chercher une épine dans une boîte de foin.

Frustré, je laisse tomber mon portable en jurant. Je crois qu'il va falloir que j'aille mener mon enquête et qui de mieux que Landon pour me donner des réponses. Je suis quasiment sûr qu'il est au courant de cette histoire. Justice doit être rendue et si Elijah n'a pas pu le faire, je vais m'en occuper personnellement de ce fumier, après tout, Eugene est à une heure de route d'ici.

Sentant l'odeur de nourriture qui remonte sur le balcon, mon ventre se met d'un coup à gargouiller, je décide donc de descendre. Une fois en bas, je constate que tout le monde est réuni autour du plan de travail marbré ancré au milieu de la cuisine. Elijah aide Madelyn à préparer le repas. Et mon père fait connaissance avec le nouvel arrivant. Curieux, je décide de prendre place sur une chaise tout en reluquant discrètement le derrière de mon oiseau. Les images de la nuit dernière viennent percuter mon esprit et un rictus apparaît au coin de ma bouche. Instinctivement, j'écoute la conversation qui se trouve à côté de moi.

- Apparemment, j'ai entendu dire que l'université de Stanford est bien réputée, alors j'espère que tu pourras y entrer, il en faut toujours des avocats. Balance, mon père. Elijah m'en a vaguement parlé que son meilleur ami voulait entamer des études dans la branche du droit.

- Et pourquoi tu souhaites devenir avocat ? Demande-je à Landon.

- Depuis que j'ai mes dix ans, je sais que c'est la voie que je dois prendre. Pour moi, un acte immoral doit être puni. En disant cette phrase, il émet un regard aigu à Elijah que je comprends instantanément. Il ne faut pas être bête pour comprendre qu'il est au courant de ce qui s'est passé.

- Dis-moi, Landon, tu as vu l'extérieur ? Demandé- je, ayant une idée précise en tête. Mon oiseau me regarde d'un air interrogateur, que je lui réponds avec un grand sourire.

- Euh, non, je n'ai pas encore eu l'occasion d'examiner les horizons.

- Elijah, quel mauvais hôte tu fais ! Allez, viens, on revient dans cinq minutes. Je t'emprunte ton ami, tu ne m'en voudras pas, dis-je en lui faisant un petit clin d'œil qui ne le rassure en aucun cas, car je le vois se raidir sur place.

- OK, mais ne trainez pas les garçons, le repas est bientôt prêt, renchérit Madelyn. Elijah, mon chat, tu peux préparer la sauce, s'il te plait. Mon oiseau s'exécute sans prononcer un mot, mais je crois surtout qu'il n'est pas rassuré que je m'entretienne avec son meilleur ami.

Une fois dehors, je m'installe au bord de la piscine, les jambes croisées, allume une cigarette pendant laissant échapper les voluptés de fumer ; alors Landon reste debout tout en s'émerveillant devant la beauté de l'extérieur.

- Bon, tu ne m'as pas emmené dehors pour que je regarde à quel point ta piscine est incroyable, dit-il sur le ton de la rigolade.

- Oui, tu as raison ? Il est perspicace. Je vais aller droit au but, je sais ce que Elijah a subi et je suis sûr que tu es au courant. Il enfourne ses mains dans son sweat et étouffe un rire.

- Je veux qu'il aille porter plainte, renchérit-je fermement.

- Et tu crois que tu vas pouvoir le tirer par la peau du cul. C'est son choix de ne pas aller à la police, il le fera quand il sera prêt. Crois-moi, j'ai essayé. Il marque une pause avant de reprendre. N'empêche, je suis rassuré qu'il est quelqu'un pour veiller à ses côtés.

- C'est normal, nous vivons sur le même toit et c'est comme mon...

- Je te coupe de suite, ne me sort pas que tu le considères comme un frère, je suis loin d'être un idiot. Et je n'ai pas eu à batailler longtemps avec lui pour savoir la vérité. Honnêtement, je suis content pour lui, car je craignais qu'il ferme son cœur, mais je t'avoue que je suis loin d'être optimiste. Votre histoire va connaître les montagnes russes et je n'ai pas envie de ramasser une seconde fois mon meilleur ami à la petite cuillère.

- Est-ce une menace ? Je ne compte pas lui faire du mal.

- Non, un avertissement, si tu lui poses le moindre problème, tu auras à faire à moi et ton attitude de mauvais garçon ne me fait ni chaud ni froid.

- Je t'aime bien, toi, et c'est dans un élan que nous partons en fous rires.

- Bon, allez, on rentre. Il opine.

Quand nous rentrons à l'intérieur, la table est installée et il faut dire que Madelyn a fait les choses en grand. Bon, je veux bien que l'on reçoive du monde, mais là, c'est beaucoup trop. Ce n'est pas le président qui est invité non plus. En prenant place, quelque chose attire mon intention. En effet, un grand cru qui coûte une fortune prône sur la table aux couleurs de l'automne. Généralement, mon père ne sort ce genre de bouteille qu'en cas d'évènement exceptionnel. OK, c'est Thanksgiving, mais quand même. Mon oiseau s'installe à côté de moi, et le sentir si proche sans pouvoir le toucher me fruste.

- Ah, je suis tellement heureuse que nous soyons tous réunis. Avant de commencer à manger, Owen et moi avons quelque chose à vous annoncer. S'enthousiaste-t-elle, un peu trop à mon goût.

- Quoi ? Maman, tu n'es pas enceinte, j'espère ? Réplique mon blondinet, je crois que comme moi, il s'inquiète de cette future information.

- Mais non! Toi tu me suffis. Et puis j'ai la quarantaine et retourner le nez dans les couches, non merci.
Je vois les épaules de mon voisin s'abaisser, signe qu'il se sent soulagé. Mais bizarrement, je sens que cette annonce ne va pas du tout m'enchanter. Mon père se lève et commence à ouvrir la bouteille pour verser le contenu dans nos verres. Puis il attrape la main de Madelyn et nous balance de but en blanc.

- J'ai fait ma demande il y a deux semaines, nous avons prévu de nous marier l'été prochain.

À cet instant, je crois que la foudre me tombe sur la tête. On n'a rien vu venir. Non, ce n'est pas possible, ils ne vont pas oser. Se remarier trois ans après la mort de maman et puis il y a Elijah, nous. Finalement, le répit aura été de courte durée.

- Pourquoi si vite ? M'énerve-je.

- Ça ne s'explique pas, j'ai aimé tendrement ta mère et je sais que de là-haut elle me soutient dans mes décisions.

- J'ai besoin de sortir de table.

Sans même attendre leur consentement, je pousse violemment la chaise et monte en quatrième vitesse les escaliers pour m'enfermer dans ma chambre. Quelques secondes plus tard, Elijah me rejoint. Il s'avance vers moi d'un pas rapide et enferme de ses deux mains chaudes mon visage qui bouillonne de rage.

- Tu savais qu'un jour ou l'autre ça allait arriver.

- Pas aussi vite, répondis-je, sentant les larmes me monter aux yeux.Embrasse-moi, s'il te plait, j'en ai besoin. Supplié-je.

- Malius...

Et tout en douceur, il pose délicatement sa bouche sur la mienne, me faisant oublier l'espace de quelques secondes ma peine. Un sanglot s'échappe de ma gorge. Mes mains se perdent sur son torse, remontent jusqu'à sa nuque pour plonger mes doigts dans ses cheveux de blé qui me rendent fou. Attardé par ce désir qui commence à me monter. Je le plaque contre le mur, ondule doucement contre les hanches. Je crois que j'ai peur de trop aimer ça, je sais qu'un moment il va falloir que l'on arrête, mais j'ai l'impression de ne pas en avoir assez profité.

Nos bouches toujours soudées, je me presse plus fermement à lui. Mais notre étreinte est de courte durée quand nous entendons frapper à la porte.

Just Us (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant