CHAPITRE 7- Malius

1.3K 71 19
                                    

Malius

À mon réveil, ma frustration est au bord de l'explosion. Hier, je n'ai pas pu me soulager. Et pour cause, il partage la chambre voisine. Les mots et son comportement d'hier tournoient dans ma tête tel un ouragan.

Je récupère mon paquet qui se trouve sur le bureau et m'accoude au balcon. Entre mes doigts, la cigarette se consume lentement faisant tomber la cendre sur la terrasse d'en bas. Mon esprit analyse la situation de la soirée d'avant quasiment sûre qu'il s'est passé un événement, Elijah était effrayé et complètement à côté de ses pompes.

Je souffle en grattant mon cuir chevelu, constatant que finalement toute cette situation remue quelques choses à l'intérieur de mon corps. Depuis qu'il est arrivé, c'est le bordel dans ma tête. À croire que ma punition n'était pas assez, non, le malin à corne a voulu me torturer plus en me rajoutant deux supplices qui vagabondent dans la maison. Ce qui me révolte, c'est que ce type ne me laisse pas indifférent. Il ne capte même pas l'effet qu'il envoie, il a ce petit côté fragile qui donne envie de le couver. La première fois que je l'ai croisé dans cette salle de bain, j'ai essayé tant bien que mal de résister. Et là dernière fois, cette nuit-là, je l'ai embrassé. Oui, je me souviens de tout. Machinalement, je tape la paume de ma main contre mon front en m'insultant de tous les noms. Comme je l'ai mentionné, peu importe qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme, je ne fais pas la différence. Mais là on parle de lui. S'il y a bien un interdit, c'est celui-ci. Interdit, interdit... Malius rentre-le-toi dans le crâne.

Une dizaine de minutes plus tard, je dévale les escaliers à toute vitesse, les effluves de nourritures qui émaner depuis la cuisine font à mon ventre des loopings. L'alcool, c'est bien, mais avaler de la nourriture solide aussi, sinon, à ce rythme, je vais vite rejoindre le royaume des morts.

Arrivé en bas, la vision que l'on m'offre m'horrifie, quand j'aperçois mon paternel embrasser la remplaçante de ma mère. Mais pas autant que les yeux vides qui scrutent son bol. Que lui est-il arrivé ? Je reflue cette pensée dans un coin de ma mémoire, je m'y attarderai plus tard, car la faim prend le dessus.
Installé devant ma tasse fumante, il n'y a rien de mieux que la bonne odeur d'un café, le matin. C'est mon mantra du matin, café, clope. Je ne peux pas être open si je n'ai pas ses deux choses.

Malgré tout, je ne peux m'empêcher d'épier mon voisin de table, il a une mine affreuse et c'est dans un silence mort qu'il s'est enfermé.

Non, mais qu'est-ce que ça peut me faire ? Ça ne me regarde en rien, il a voulu jouer le fier en buvant comme un trou, il assume. Le beau petit oisillon n'est pas fait pour les soirées de beuverie. Non, lui, c'est dans sa tour d'ivoire qu'il doit y être. C'est paradoxal quand je pense que j'ai toujours vécu dans le confort, pourtant ma place ne se trouve en aucun cas dans cette maison dorée. Moi, c'est passer ma journée à tatouer et quand vient la nuit tombée, c'est un verre d'alcool aux lèvres et une bouche pulpeuse suspendue à ma queue .Je sais que vivre de cette manière n'est pas la plus décente, mais je ne sais pas comment gérer toutes mes émotions.

- Elijah, ça va? tu n'as pas l'air dans ton assiette, tu n'as même pas touché à tes œufs brouillés, toise sa mère d'un air interrogateur.

- Ça va, maman, on est rentrés un peu tard  et puis tu sais, je n'ai pas l'habitude de ce genre de soirée.

Il lui répond tac au tac, imaginant qu'il n'a pas vraiment le courage de devoir subir son interrogatoire.

- Dis-moi, Malius, t'as bien ramené? renchérit mon père d'un ton sec en ne me lâchant pas du regard.

- Oui, il est venu me chercher.

- Finalement, mon fils a peut-être encore un peu de bonté en lui, lance-t-il en tartinant sa tranche de pain grillé.

Just Us (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant