38 - Se faire pardonner.

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Mars 2019

- Je peux savoir ce que tu fous encore dans ma chambre, Creed ?

Le trouver allongé sur mon lit à mon retour d'entrainement n'était pas inhabituel. Il le faisait au moins une fois dans la semaine, attendant que je daigne lui accorder de l'importance. Cela faisait presque trois mois qu'il me collait, essayant de se faire pardonner encore et encore. Bien que j'essaye du mieux que je peux de l'ignorer, c'était plus que compliquer alors qu'il était continuellement là.

- C'est mon anniversaire, souffla-t-il en me fixant.
- Je sais, je te l'ai déjà souhaité ce matin parce que tu me le répétais déjà trente fois par minute.

Devant sa mine boudeuse, l'impression de le voir enfant était évidente. Malgré qu'il ne m'en parle jamais, j'étais déjà tombée sur des photos de lui et Athéna. Toujours les même traits, maintenant plus adulte. Seulement, ses yeux actuels étaient les mêmes qu'à l'époque. Il retrouvait cette étincelle pétillante et innocente. J'étais persuadé qu'il obtenait tout ce qu'il désirait avec cette moue.

Rester insensible face à lui devenait compliqué. D'autant plus lorsqu'il me regardait comme la huitième merveille du monde. Depuis ce soir-là, il avait retrouvé ces yeux amourachés. Et je ne pouvais y rester insensible. Mon cœur se serait pour lui à chacune de nos rencontre visuelle, provoquant une chaleur douce et agréable au fond de mes entrailles. En peu de temps, il avait calmer mes pulsions meurtrières survenu à son départ. Le tout en refusant chacun de ses contacts physiques.

- Et on est pas en Alaska.
- Je sais aussi. Autre chose ?

C'était la première fois depuis son arrivée officielle dans le clan que nous ne n'y trouvions pas. Et je devais avouer que même pour moi c'était troublant.

Il avait vingt-et-un ans aujourd'hui.

Après ses révélations, il m'avait laissé la soirée toute seule. Une fois de plus, nos cœurs s'étaient brisés à l'unisson. Clarke m'avait rejoint, et lorsqu'il avait vu les larmes sur mes joues, j'avais dû l'enfermer avec moi pour ne pas qu'il exécute ses menaces. Ce n'était qu'après mes explications qu'il s'était calmé, m'offrant ses bras pour me réconforter.

Dès notre retour, j'avais confronté mon père qui n'avait pas pris la peine de nier. Je comprenais finalement pourquoi il ne s'était pas opposé à leur transfert. J'avais coupé toute bonne relation avec lui, ne voulant plus jouer à la petite famille modèle. J'effectuais mon rôle de second, exécutais ses ordres, donnais les miens, puis je l'évitais le plus possible. Ma mère avait essayé d'arranger les choses, mais c'était peine perdue. Je n'avais plus confiance en mon père. Il aurait pu envoyer n'importe qui pour cette mission, mais il avait fallu que ce soit lui. Je savais que tout avais un lien. Et je me doutais bien que toutes les ficelles tenant chacun de ces éléments allaient finir par céder lorsque le moment sera venu.

- Tu n'as qu'à y aller tout seul, dis-je en lui tournant le dos.

J'essayais, du mieux que je pouvais, de l'ignorer. Ne rien laisser paraitre depuis trois mois devenait de plus en plus compliqué lorsqu'il multipliait les actions pour me refaire tomber. Alors, je me dirigea dans mon dressing et fis mine de ranger les vêtements qui trainaient.

Ça avait commencé par des bouquets de pivoines tous les dimanches matin sur ma table de nuit, puis mes repas du soir préparés dans le frigo à attendre que je daigne remonter de mes entrainements. Les cadeaux sur mon lit à chaque retour de mission étaient ce qui m'avait le plus surpris. Non seulement, il attendait mon retour assis dans le salon sans rien dire, mais en plus, il arrivait toujours à cibler ce qui pourrait me plaire. Des bonbons, des mots, des livres, chaque détail me concernant qu'il avait conservé dans un coin de sa tête.

Soul Of Demons (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant