Soul Of Demons (En cours)

19 - Bienvenue à la maison.

Six jours. Six Etats.

Nos journées s'étaient résumées à écouter de la musique, échanger toutes les quatre heures de conducteurs, manger en roulant, et s'arrêter le soir pour dormir. Nous avions enchaîné les motels miteux afin de conserver le maximum de discrétion. Dire que j'avais réussi à me reposer était bien loin de la réalité. Plus on se rapprochait de destination finale, plus j'angoissais. Mon sommeil avait été coupé à de nombreuses reprises par les sévices de mon paternel.

Le revoir après tout ce temps, avec aussi peu de souvenirs en dehors de nos entrainements était un pari risqué. Je ne voyais en lui qu'un amas de colère et de peur. Je n'avais rien qui s'apparentais à des moments heureux avec lui. Tout ce qui me hantait était des cauchemars me faisant revivre ses entrainements et les conséquences de mes échecs. J'avais passé dix ans de ma vie à tout faire pour réussir du mieux que je pouvais, et tout ce qui revenait était la déception dans ses yeux.

Rik était là depuis le début, mais avait également été un jouet pour mon Darko qui se servait de lui pour me punir. Il était arrivé un moment où la douleur physique n'avait plus autant d'effet qu'il ne le voulait. Alors torturer mon meilleur ami était une bénédiction pour lui. Il avait bien compris que le psychologique marquait plus que le physique.

Cette période avait énormément renforcé mes liens avec Hermès. Il pansait mes blessures pour me réconfortait lorsque je ne souhaitais qu'abandonner. Mais un nuage sombre occultait le parcours de mon frère. Je n'avais jamais connu ses entrainements. Alors, allez savoir ce que notre père avait bien pu lui faire.

Sans oublier le guerrier. Une chance sur deux qu'il soit en compagnie de mon paternel, ou bien qu'il débarque en apprenant où je me trouvais. Rik ne m'avait pas menti. Après mon moment de doute, il avait décidé de me confier son téléphone. Ce qui avait réussi à me rassurer. Il était resté éteint durant la totalité de notre voyage puisqu'il ne l'avait jamais rallumé après son atterrissage.

Nous ne devions être qu'à une demi-heure de Montréal. La nuit pointait le bout de son nez. Le soleil nous offrait un magnifique couché emplit de couleurs chaudes. Ma jambe se mit à trembler. Mon meilleur ami dû sentir mon stresse monter, puisqu'il jeta sur moi un regard inquiet.

- Ça va Tem ? Ça fait deux heures que je t'entends plus.
- Je crois, dis-je en mettant mon ongle dans ma bouche pour le ronger. Comment il est ?

Il anticipa mon geste en m'enleva mon doigt de la bouche avant de me demander en un regard de qui je pouvais bien parler.

- Mon père. Comment il est ou était en dehors de nos entrainements ?
- Ah vrai dire, je ne sais pas comment ton père à évoluer, souffla-t-il en entrelaçant mes doigts aux siens. Je ne suis pas rentré depuis deux ans. Et même avant ça, je ne voyais jamais ton père dans les moments de famille, il m'a toujours évité.

Cette révélation me fit un choc. A cause de moi, il n'avait jamais pu rentrer, n'avait jamais pu revoir qui que ce soit depuis mon réveil. Ça expliquait sa joie lorsqu'il les avait revus en novembre dernier. Un sentiment de culpabilité envahi mon âme. Je ne pouvais plus priver qui que ce soit de sa famille.

Le reste du trajet se fit dans le silence. Ma main n'avait pas quitté la sien, ressentant son soutien et ainsi lui transmettre le mien. Arrivant devant un grand portail en fer forgé, Rik baissa la vitre afin de nous présenter au garde à l'entrée. Il spécifia de ne pas prévenir mon père de notre arrivée mais seulement mon frère. Voilà où il était alors que je l'attendais. La raison était également un question en suspens.

Si lui était ici, qui d'autre l'avait accompagné ?

Une allée gravillonnée faisait résonner notre arrivée. Un manoir se dessinait peu à peu sous mes yeux. Je les écarquillais de surprise. J'avais grandi ici. Je me revoyais courir dans l'allée pour fuir Hermès en riant. J'entendais ma mère nous appeler pour qu'on rentre parce qu'il faisait nuit. Mon frère me portait sur son dos afin de courir le plus vite possible.