S, comme Shinigami [Ace X OC]

XXI Et le monde s'arrête

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          Personne ne reprendra plus jamais Sasha à partir en voyage sur le Striker. Une semaine pour l'aller vers le royaume d'Alabasta semblait déjà de trop - dos en compote, genoux raides, nuque tordue. Le retour, étalé sur deux semaines, a fini d'achever la shinigami qui se hisse tant bien que mal à l'échelle tendue par ses frères et sœurs alors que la petite embarcation est enfin arrivée à destination. Elle s'écroule de tout son long sur le pont, sous les rires moqueurs de l'équipage, ses sacs remplis des emplettes du marché encore accrochés à ses bras.

— Alors cette... Lune de miel ? Insiste Thatch, sur le départ pour accoster au port de San Gate, le Moby Dick étant arrivé à peine une demie journée avant le couple.

— Rappelle-moi de trouver un mec qui en a une plus grande... Embarcation.

Le fou rire du cuisinier résonne sur le pont alors qu'Ace pose un pied sur les planches. Les larmes aux yeux, Sasha pouffe de plus bel en croisant son regard interloqué. Les voilà de retour à la maison.

Incapable de résister à l'appel des boutiques, notamment aux arrivages des marchands de San Gate qui se ravitaillent dès que les pirates de Barbe-Blanche prévoient de les visiter, la jeune femme se change rapidement et rejoint Thatch et Maria pour flâner au marché. Le rendez-vous est donné quelques heures plus tard, au Lit de rose, pour retrouver Ace et Marco, bien décidés à descendre des litres de bières en se racontant leurs semaines respectives. Dans les allées d'étales, le cuisinier repère immédiatement son homme, toujours drapé de ses tissus en soie qui ne laisse rien apercevoir de l'enfance miséreuse qu'il a pourtant vécu. Fabiane parle avec ce petit accent typique des îles alentour : une intonation chaude qui ponctue les phrases comme pour être sûr que chaque mot est entendu. A l'inverse de son amant, il ne broie aucun mot, lui donnant un air presque distingué.

— Tu ne préfères pas ce brun ? Il ferait ressortir tes cheveux Cha, conseille-t-il à la shinigami en lui montrant un pull à col roulé.

— Cha ?

— C'est mignon non ? Cha ! Sourit-il, espiègle.

Il attrape le dit pull et le colle au buste de la jeune femme pour faire l'essaie devant un miroir fendu au milieu. Elle commence un peu à le connaître, ce Fabiane. D'une douceur inégalité, très joueur et qui ne saisit que le bon côté de chaque chose. Ses zygomatiques ne sont jamais au repos. Il dit ce qu'il pense, constamment, sans filtre, mais jamais avec méchanceté. Un soleil brillant, qui n'éblouit pas. Délestée d'une centaine de berrys, Sasha traîne en baillant jusqu'à trouver Thatch, accroupie, immobile et son rythme cardiaque emballé.

— T'as trouvé un super couteau de cuisine ? Le charrie-t-elle en s'approchant.

— Mieux, beaucoup mieux...