IV Face à la peur

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          Les jours défilent lentement sur le Moby Dick. Pas qu'ils soient remplis de corvées ou d'un tas de tâches ingrates. Non. Sasha ne fait rien. Elle déambule dans les couloirs, sur le pont principal, évitant les regards de dégoût que lui lancent encore une partie de l'équipage, comme si elle allait aspirer leur vie rien qu'en les frôlant. Alors elle s'éloigne le plus possible, profitant de la paix que lui apporte la proue en forme de baleine, vide de tout passage la plupart du temps. Peu de pirates viennent lui parler. Marco la croise chaque jour et s'est confié comme mission de la faire aligner le plus de mots possibles à la suite ; Thatch la gave de plats - et de rab - pour qu'elle s'épaississe, et Blenheim la traque tous les matins pour lui demander le temps prévu et le sens du vent. A croire qu'il la prend pour une station météo ambulante depuis l'histoire de la tempête, qui n'a visiblement pas entaché sa fierté.

Dans ce quotidien, les repas communs sont probablement les pires moments. Assise seule au bout de la même table rectangulaire, la plus au fond possible du réfectoire, Sasha les entend tous. Ses plats, pourtant plus délicieux les uns que les autres - et qui ne lui font pas regretter son morceau de pain à l'eau du dernier voyage - en perdent leur saveur. Sa tête pulse au rythme des bruits qui imprègnent ses tympans. Les couverts qui grincent dans les assiettes, les chuchotements sifflants, les rires gras, l'alcool versé dans les verres, le claquement du pichet qui retourne lourdement sur la table, les conversations à des décibels beaucoup trop élevés, les rots jamais retenus, les insultes pour un bout de jambon en trop, les cris de joie, les rares échauffourées qui retombent instantanément... Jamais Sasha n'a connu une telle effervescence. Un brouhaha dont elle ne peut se défaire même en courant aussi loin que possible. Parfois, elle avale son verre d'eau d'une traite, engloutit deux cuillères de purée et tente de trouver un coin paisible. Fort heureusement, personne ne s'assoit avec elle donc, personne ne la retient avec une conversation difficile à supporter dans ces conditions.

Sur cette ville flottante, quelques recoins offrent la plus douce des mélodies : ces vagues qui se brisent sur la coque. Allongée sur une rambarde, loin de tous ces énergumènes bruyants, Sasha prend le temps de ranger sa mémoire débordante. A entendre toutes les discussions des pirates, elle apprend un paquet de choses sur le Moby Dick chaque jour. 1 600 membres d'équipage, seize divisions, quinze commandants tous plus forts les uns que les autres - l'un d'eux visiblement absent laisse la seconde division sans chef -, 43 équipages alliés dans tout Grand Line et le Nouveau Monde, une flotte qui vogue parfois ensemble et se sépare pour des missions diverses. Une organisation qui semble convenir à ces hommes et femmes, appelés fils ou filles par le grand Barbe-Blanche. Il les nomme ainsi dès qu'il les croise, et le sourire qui s'étire sur leurs lèvres atteste du bonheur de recevoir cette simple appellation.

Ce jour-là, alors que l'activité reprend de plus belle au milieu de l'après-midi pour amener de la vitesse au Moby Dick, Sasha file entre les pirates pour trouver un coin plus calme. Finalement, ce petit manège lui convient parfaitement. Perdue dans ses pensées, concentrée sur la mer plutôt que d'aligner un pied devant l'autre, la jeune fille ne voit pas un homme arriver droit devant elle. Leurs épaules s'entrechoquent si fort que notre protagoniste manque de tomber à la renverse et reprend son équilibre en écartant ses bras. Elle se redresse rapidement, prête à reprendre sa route, quand une voix sèche s'élève.

S, comme Shinigami [Ace X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant