Chapitre 39

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L'amour qu'avait reçu Gaspard au cours de cette année avait été démesuré. Il s'est rarement senti aussi choyé, que ce soit de la part de ses coéquipiers ou de ses supporters. Son nom était maintenant inscrit dans le journal du lycée et son maillot encadré dans la vitrine de l'accueil de la fac. Il avait compté pour l'équipe, et ça lui réchauffait le cœur.

Après avoir pris sa douche et s'être habillé dans une tenue plus confortable, Gaspard attendait le reste de l'équipe devant le vestiaire. Il naviguait à travers les différentes stories, qui documentaient chaque but du match. Il se sentait sourire, c'était amusant de voir comment chacun avait réagi à un même instant.

Il riait devant la story de Gabe, qui racontait à quel point tenir un stand pendant un de leur matches était l'enfer sur Terre, lorsqu'un homme est arrivé devant Gaspard.

Il était habillé confortablement, d'un pull en coton et d'un pantalon de jogging. Ses cheveux étaient gris et il avait quelques rides sous les yeux.

"Gaspard, c'est bien ça ? demande l'homme en tendant sa main.

Gaspard s'empresse de ranger son téléphone et serre la main du personnage.

- C'est ça.

- Eddy Gorton, sélectionneur des Rangers de...

- L'Université de New York, l'interrompt Gaspard, les yeux rivés sur l'emblème de l'Université de New York inscrit sur le torse de l'homme aux cheveux gris.

Monsieur Gorton acquiesce, un sourire aux lèvres. Il suit ensuite le regard de Gaspard et baisse la tête vers son torse.

- Tu es très observateur, c'est sûrement l'une des clefs de ta réussite au hockey.

Gaspard rit d'embarras. Il n'est pas sûr de comprendre comment il s'est retrouvé à discuter avec le recruteur de l'une des meilleurs universités du pays. Qui plus est, celle qu'il convoite.

- Je vous remercie, Monsieur.

- Appelle moi Eddy, je t'en prie.

- Compris, Eddy.

- Cela fait quelques semaines que j'assiste à quelques matches universitaires, et je dois avouer que tu m'as épaté, ce soir, poursuit Eddy.

Gaspard lui sourit. Ses coéquipiers commencent à sortir du vestiaire. Lorsqu'ils l'aperçoivent avec le recruteur, ils se taisent et passent leur chemin en jetant des regards furtifs vers les deux.

- J'ai cru comprendre que tu ne jouais que depuis quelques mois ?

- C'est exact, je suis en échange scolaire. A vrai dire, je devrais rentrer en France dans deux semaines.

Eddy Gorton écarquille les yeux et jette un coup d'œil à sa montre.

- Deux semaines ?! Et que prévois-tu de faire en rentrant ?

Gaspard n'en a aucune idée. Il pourrait terminer sa licence pour postuler dans les écoles de cinéma. Mais là encore, rien ne garantit qu'il ait une place. C'est un domaine qui demeure assez flou, surtout en France.

- Je retournerai à la fac.

Eddy ne le lâche pas du regard. Soudain, un sourire s'étire sur ses lèvres minces.

- Il en est hors de question, mon garçon. La manière dont tu glisses, dont tu défends et manies la crosse, est innée. J'ai vu des centaines et des centaines de joueurs, et toi, tu es une pépite.

Gaspard est confus. Il savait qu'il avait réussi à développer un petit niveau en ces huit mois, mais de là à parler de don ? Peut-être qu'il s'était sous-estimé. C'est vrai qu'il adorait se rendre aux entraînements et se surpasser, et ça, depuis le jour des sélections. C'est comme si, sans le savoir, il était né pour jouer.

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