Chapitre 8

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3pm, soit 15h sonne et comme convenu, Victoria attend Gaspard devant les portes de la bibliothèque. Elle est loin d'être enchantée à l'idée de tutorer le petit nouveau pendant huit mois, mais Mme Hortense ne lui laisse pas le choix. Le plan était de passer une heure et demi grand maximum avec Gaspard, tous les jours à quinze heures en revoyant les grandes lignes de ce qu'il aurait pu aborder en cours, puis de ne plus se parler avant le lendemain, même heure. Il n'y avait rien de plus simple, ils étaient en collaboration, tout n'était fait que par intérêt. 

Victoria n'avait aucune envie de se familiariser avec ce garçon. Il était arrogant, sarcastique, nonchalant et franchement insupportable. Dans le fond, Victoria se reconnaissait en lui, mais elle préférait rester dans le déni que de s'assimiler à un tel individu. 

15h10. Elle reçoit un message d'Alizé. 

"J'ai croisé la momie en sortant de la salle de danse. Ce pauvre con ne savait pas comment aller à la BU."

Victoria sourit discrètement devant la vulgarité de sa copine. Après lui avoir répondu un pouce en l'air, elle voit arriver la momie, se trainant jusqu'à Vic. Arrivé à son niveau, il lui accorde un hochement de tête en guise de salut et pousse les portes de la bibliothèque. Vic le suit en roulant des yeux comme elle sait si bien faire.

Un silence de mort plane dans la pièce, pourtant, pas une place de disponible. La paire s'aventure dans le grand espace dont même la plus petite parcelle est occupée. Victoria a alors l'idée de monter au dernier étage où une sorte de jardin botanique a été planté. On y trouve quelques bancs et une table, idéal lorsque les étages inférieurs sont pleins à craquer. 

Gaspard suit sa camarade sans broncher. Il ne tient pas à rendre cette nouvelle routine plus insupportable qu'elle ne risque de l'être. Cela lui permet de visiter les lieux à nouveau, lui qui a failli se perdre une seconde fois en tentant de la rejoindre. 

Ils arrivent sur le toit et Victoria jure doucement en voyant un groupe d'étudiants étalés sur l'unique table du toit. Il semble que son plan B ait échoué. Elle se tourne vers Gaspard qui la regarde, attendant passivement.

- On pourrait aller chez moi, propose le jeune homme. 

Victoria secoue la tête de gauche à droite. 

- Oh ça va, c'est pas super bien rangé mais en même temps essaye de vivre dans cinquante mètres carré, continue Gaspard. 

- Cinquante mètres carré, c'est vrai que c'est minuscule, ironise Victoria. 

En réalité, elle n'ironise pas. C'est vrai que cinquante mètres carré c'est minuscule comparé à sa maison de famille. Elle avait le privilège d'être une privilégiée. Enfin, pas vraiment. Ses parents avaient travaillé dur pour en arriver là où ils en étaient. Le père de Victoria est médecin, elle ne le voit que le soir, au dîner, lorsqu'elle n'esquive pas toute interaction familiale. Quant à sa mère, styliste de stars, moins elle la voit, mieux elle se porte. Alors, il semble évident que la seule solution qui s'offre aux jeunes, c'est d'aller étudier chez Victoria. 

- Tu proposes quoi d'autre, petite maline ? 

- On va chez moi, pas le choix. 

Gaspard pouffe en déviant le regard. Il réajuste le sac à dos sur son épaule et hausse finalement les sourcils. 

- Ok, à pieds, en bus, à vélo ? Le temps presse, Victoria, on n'a qu'une heure et demi. 

Victoria ignore sa remarque et descend en direction du parking. Elle sort son trousseau de clefs et déverouille son véhicule dernier cri, offert par ses grands-parents. Elle entend Gaspard siffler. Elle se retient de lui en coller une et monte côté conducteur. 

En échangeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant