Chapitre 13

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La maison rose ne se trouvait qu'à deux rues de la résidence universitaire de Gaspard. Il n'eut pas de mal à trouver le chemin, la musique retentissait à au moins deux kilomètres.
Les rues du quartier universitaire étaient remplies ; les filles avaient troqué leur survêtements tachés pour des mini robes et des talons hauts, tandis que les garçons avaient fait l'effort de mettre un jean. Gaspard n'avait pas changé sa manière de se vêtir, si ce n'est sa casquette qu'il a mise à l'envers, afin de dégager ses mèches rebelles de sa vue.

Après avoir marché dix minutes, Gaspard atterit devant une villa aussi grandiose qu'un film de Damien Chazelle. Des guirlandes roses ornent la devanture de la maison, les portes et fenêtres sont toutes ouvertes et des jeunes débordent de partout. La musique généraliste bat son plein et il doit au moins y avoir une centaine de personnes, rien que sur le parvis de la résidence.

Gaspard se fraye un chemin afin d'atteindre l'intérieur de la maison, où il découvre cinq fois plus de personnes.
Certains jouent au beer pong, d'autres boivent des shots dans la cuisine, sans oublier de se rouler un joint au passage et de l'autre côté, des couples jouent à "qui succombera à la tentation de copuler sur le canapé". L'intérieur de la maison empeste l'alcool, la cigarette et la drogue. Ce à quoi assiste notre Français est aux antipodes des soirées auxquelles il a l'habitude de se rendre. C'est presque digne des années folles.

Dans ce tumulte de la décadence, Gaspard se rend tout de même au bar et se sert un verre de tequila. Il prend gare à ne pas quitter son gobelet des yeux pendant qu'il arrive à se couper une tranche de citron vert. Une fois chose faite, il s'empresse de quitter la cuisine vers la pièce principale de la maison : le salon ou la piste de danse.

Gaspard se pose dans un coin de la pièce et commence à siroter son verre. Il a besoin d'un temps d'adaptation à tout ça. Il ne sait pas encore s'il va rester ou rentrer chez lui. C'est un mec qui aime la fête, pas les orgies et les bordels.

"T'es venu ! hurle une voix lointaine.

Le brun se tourne et rencontre la brune de la supérette. Il est plutôt abasourdi par le fait qu'elle l'ait trouvé dans tout ce beau monde. Après mûre réflexion, ils doivent bien être huit cent dans une seule maison, ce qui est vraiment ahurissant.
La brune tient deux gobelets rouges dans sa main droite et sa robe est légèrement retroussée. Elle titube jusqu'à Gaspard, qui remarque ses yeux rouge sang. Son mascara bave et elle sent l'alcool.

- Comment c'est ton nom ?! demande la jeune, beaucoup trop ivre pour entretenir une quelconque conversation.

- Gaspard, répond le jeune homme dans son oreille.

Elle hoche vivement la tête en dansant au rythme de la musique et boit une gorgée de sa boisson.

- Moi, c'est Georgie !

- Enchanté, dit Gaspard un peu plus fort pour se faire entendre.

- Dis, j'ai ma copine Tif qui est en total kiffe sur toi ! Tu veux pas aller lui parler ? lance Georgie en hurlant dans le tympan de Gaspard.

En réalité, Tiffany n'est pas moche. Mais elle n'intéresse absolument pas Gaspard. Il a besoin de quelqu'un qui puisse le challenger, le provoquer et le confronter sur ses idées. Certes, il ne connait pas cette Tiffany, mais de ce qu'il a pu voir d'elle, elle ne correspond pas tout à fait aux critères cités. Ayant très peu de tact, Gaspard ne sait comment l'expliquer à cette Georgie, qui est complètement bourrée.

- Non, pas vraiment, non.

Georgie lui pousse l'épaule mollement et le fait pivoter vers la veranda où se trouvent des jeunes. Des jeunes, encore des jeunes, ça n'en finit plus ici.

En échangeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant