Chapitre 40

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« Autre temps, autres amours. »
Arsène Houssaye, Les grandes dames, 1868.

Cette semaine, Victoria est en déplacement à Boston pour interviewer l'équipe des Bruins, classée troisième dans tout le pays. On vient de lui attribuer la rubrique des sports et elle doit avouer que parmi les nombreux sports que son métier la force maintenant à suivre, le hockey n'est plus réellement sa tasse de thé. Il lui rappelle trop ses années de fac, qui n'ont pas été les plus agréables.

Cependant, elle doit avouer que ça fait tout drôle de revenir à Boston, trois ans après avoir été diplômée. Rien ne semble avoir changé.
Elle se revoit, dix ans avant, en train de poser ses bagages dans sa chambre universitaire, sous le regard ému et fier de ses parents. Qui aurait cru qu'aujourd'hui, elle sillonerait les villes des Etats-Unis, à communiquer avec les plus grands athlètes de la Nation ? Sûrement pas Vic.

La porte de sa chambre d'hôtel retentit et Victoria autorise la personne à entrer. C'est son assistante Danielle.

"Coucou, je viens juste vous donner les infos sur le joueur que vous allez interviewer.

Plongée dans sa valise, Victoria lui fait signe de s'asseoir.

- Faites-moi voir ça, lui demande-t-elle en attrapant la feuille.

- C'est un certain Casper Martin, je crois, leader des Bruins, qui rafle tout sur son chemin. Je ne vous ai pas mis de photo, mais mon Dieu, ce qu'il est sexy, s'emballe Danielle, oubliant qu'elle parle à sa patronne.

Quand Victoria lui lance un regard accusateur, Danielle se reprend.

- Quelle idée de me coller une star du hockey pour ma première interview Sports, dit Victoria en posant la feuille sur le lit. J'y jetterai un coup d'œil dans le taxi."

Danielle acquiesce et la prévient qu'elles doivent être en bas dans dix minutes. Victoria souffle, se plaignant de ne pas avoir une minute à elle. Elle prend son téléphone, qui ne cesse de vibrer sous le coup des vingtaines de mails qu'elle reçoit chaque minute.

Parfois, elle aurait aimé s'être retirée dans un monastère, comme elle l'avait envisagé dix ans plus tôt. Puis elle se rappelle que la condition avait été d'être refusée à Harvard, condition non remplie.

Comme prévu, Victoria descend dix minutes plus tard et retrouve le taxi qui l'attend. Danielle la rejoint et elles se mettent en route pour le stade dans lequel les Bruins vont disputer leur dernier match de la saison. Elle était tellement débordée ces derniers temps entre les préparatifs du mariage de sa sœur, sa mutation à New York et le travail, qu'elle n'a pas eu le temps de s'informer à l'avance sur l'équipe qu'elle va voir ce soir. Ce n'est vraiment pas dans ses habitudes d'être si peu anticipatrice.

Et ce n'est pas pendant ces sept minutes de trajet qu'elle a eu le temps de se mettre à jour. Elle ne voit toujours pas l'intérêt de lui commander un taxi pour des trajets aussi courts, mais Victoria n'a pas encore son mot à dire face à la régie.

Danielle et elles se font déposer aux pieds de l'immense stade, où des fans attendent déjà de rentrer. C'est le grand match à ne pas rater, et beaucoup ont du se battre pour obtenir une place.

"Madame Sloan ? demande le vigile à l'entrée du stade.

- Mademoiselle, le corrige Victoria.

- Au temps pour moi, Mademoiselle Sloan. Je vous remets vos accréditations pour la soirée, dit l'homme en leur donnant leurs badges.

Les journalistes l'enfilent autour du cou et suivent le colosse. Elles se retrouvent dans une salle meublée de canapés confortables, d'une table ornée d'encas et d'un distributeur.

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