En échange

Chapitre 10

"Attends, attends. Tu sors avec Gaspard ?!

Tarte aux fraises ou muffin au chocolat ? Vic hésite entre les deux desserts pendant que sa meilleure amie manque de renverser son plateau sur le sol carrelé de la cafétéria.
Elle vient de lui raconter sa première session d'études avec Gaspard et au passage, le mensonge infime qu'elle a délivré à sa mère.

- Victoria Mary Sloan, je t'ai posé une question, réitère Alizé en attrapant un muffin à la volée. 

 Vic part finalement sur la tarte aux fraises. Elles arrivent devant la cantinière chargée de les encaisser et Vic continue d'ignorer sa copine, ses lèvres étirées en un léger sourire. 

- Bonjour Marisol, salue Vic à la dame. 

Marisol sourit et se tourne vers Alizé en lui indiquant le boitier où entrer sa carte. 

- Marisol, ma meilleure amie va me rendre folle. 

La cantinière secoue la tête désespérée et souhaite une bonne dégustation aux deux copines, qui s'en vont à la recherche de deux places assises. 
Après avoir fait deux tours dans la salle, elles trouvent des sièges de libres, près des première année. Ce n'est pas l'emplacement idéal, mais elles n'auront pas à déjeuner debout.

Vic entame sa salade sous le regard accusateur de son amie. Elle ne lui a toujours pas répondu.

- Tu comptes quand même pas lancer une bombe et puis te mettre en silence radio, Victoria ?

Vic ne parvient plus à contenir son air sérieux et explose de rire. Alizé roule des yeux et ne peut s'empêcher de sourire à son tour.

- Je voulais voir combien de temps je pouvais tenir sans t'adresser un mot, mais tu es beaucoup trop bavarde, affirme Vic.

- Logique ! On rencontre ce mec hier matin et le lendemain, tu m'annonces que vous sortez ensemble, s'exclame la brune. 

- On fait semblant, corrige Victoria en finissant la dernière tomate du bol. 

Alizé balaie l'air de la main. 

- On sait comment ça va se finir. 

Vic lui donne un léger coup de poing dans l'épaule et la fausse victime feint une douleur atroce.

- D'ailleurs, pourquoi t'as menti à ta mère ? Tu penses qu'elle le prendrait mal si tu lui disais que le tutorat t'était, genre indispensable pour avoir une chance à Harvard ? demande Alizé la bouche pleine.

Victoria hausse les épaules, jouant lassablement avec sa fourchette. Sa mère ne le prendrait pas mal, mais elle se ferait un malin plaisir à la rabaisser et à l'accabler. Victoria ne supporterait pas d'entendre sa mère se plaindre de l'échec académique de sa cadette. 

- Elle ne le prendrait pas mal, mais elle me saoûlerait bien avec quoi. Le pire, c'est mon père.

Alizé grimace, comme si un courant d'air glacial venait de la traverser. Elle a eu la chance -le malheur- de rencontrer le Docteur Sloan, une fois, l'année dernière, lorsque sa voiture est tombée en panne et qu'elle a dû se faire ramener par l'homme.
Encore aujourd'hui, elle aurait préféré rentrer à pieds. 

- Oh non, murmure Alizé.

Alizé se tourne complètement vers son amie, tentant de se cacher le visage. Vic se met alors à observer les horizons, mais rien ne semble l'interpeller, si ce n'est un grand blond à lunettes, s'approchant de leur table. Il affiche un large sourire et ses yeux ne quittent pas la petite brune, qui ferait tout pour être six pieds sous terre. 

Vic n'a pas le temps d'avertir sa meilleure amie que le blond a déjà posé son plateau sur la table ronde.

- Enfin, je te trouve !