Chapitre 28

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Le haut du crâne de Gaspard touchait le plafond du placard, le forçant à se courber en avant. Il ne devait pas y avoir plus de cinquante centimètres entre lui et la petite blonde.
De ce fait, lorsque l'un des deux levait le bras pour s'arranger une mèche de cheveux ou pour se gratter la tête, il frôlait forcément l'autre. Georgie avait donc bien calculé la chose. 

"Hum, alors quoi de neuf ? dit Gaspard pour briser le silence.

Quitte à rester sept minutes ici, autant faire en sorte qu'elles passent vite.

Lentement, Tiffany lève ses yeux ronds vers ceux de Gaspard.

- Pas grand chose, et toi ? 

- A peu près pareil. 

Voilà le silence qui fait son grand retour. Sept affreuses minutes et il n'a même pas de montre pour compter les secondes qu'il lui reste. 

- Dis, commence Tiffany, tu sors avec Victoria Sloan ? 

Gaspard baisse rapidement les yeux vers elle. Il n'a pas assez de place pour prendre de la distance avec elle, et elle a sûrement entendu les battements de son cœur s'accélerer. 

Malgré cela, Gaspard tente de la jouer cool et décontractée.

- Pourquoi, ça t'intéresse ?

Tiffany s'adosse au mur derrière elle et croise les bras sous sa poitrine. On dirait un nain de jardin, pense Gaspard.

- Si par "ça", tu insinues "un grand brun français", alors oui, ça m'intéresse, répond la blonde en fléchissant les doigts. 

Gaspard est pris de court par l'audace de Tiffany. Il faut dire qu'il s'attendait à ce qu'elle soit plutôt barbante, réservée et un peu introvertie - pour ne pas dire énormément. 

Il s'adosse à son tour au mur derrière lui et l'imite, les bras croisés sur son torse. Il n'a pas assez de place pour plier sa jambe contre le mur, sous peine de donner un coup de genou à la fille devant lui. 

- C'est réellement ton jour de chance, car "ça" n'est en couple avec personne, dit le garçon en se montrant du doigt. 

Tiffany laisse apparaître sa dentition parfaite et plisse les yeux.

- Vous aviez quand même l'air super proches. 

- Ouais, mais ça ne veut rien dire. Il n'y a rien entre elle et moi, si c'est ce qui t'inquiète, enchaîne Gaspard. 

Tiffany rit brièvement, provoquant un sourire chez Gaspard. 

- Je ne m'inquiète absolument pas, je sais ce que je veux.

Gaspard fronce les sourcils et Tiffany se détache du mur. Seuls les bras croisés de Gaspard remplissent l'espace entre eux.  

- Et qu'est-ce que tu veux, au juste ? 

- Je veux que tu m'embrasses."

Tiffany n'est pas belle, elle est mignonne. Mais ce n'est pas de sa faute, il y a très peu de personnes que l'on peut complimenter avec sincérité en les gratifiant de l'adjectif "belle".
La beauté, c'est quelque chose qui nous est évident. Dès le premier regard, on sait qu'une personne est belle. La première fois que Gaspard a vu Tiffany, il ne l'a pas trouvée belle.

Mais en dépit de cela, Gaspard s'est quand même penché pour s'approprier les lèvres de la petite blonde, qui n'était que mignonne.  
En collant ses lèvres aux siennes, Gaspard a fait la jeune fille reculer, son dos heurtant le mur derrière elle. Ses petits bras se sont noués autour de la nuque de Gaspard, qui a préféré la porter pour un maximum de confort et ses jambes se sont accrochées à la taille du brun. 
A l'aide de sa main droite, Gaspard s'est appuyé au mur contre lequel Tiffany était collée, la laissant lui embrasser le cou, en prenant soin de lui mordre la peau à certains endroits. 
Dans un mouvement brusque, la fesse de Tiffany a cogné le mur, faisant trembler les cloisons fébriles du cagibi et les plongeant dans le noir complet. Elle avait éteint la lumière. 

Trop concentrés, aucun des deux n'a pris la peine de suspendre le moment pour retrouver la lumière. 

Ils ont donc fini les cinq dernières minutes dans l'obscurité complète, Gaspard oubliant que la personne enlacée autour de lui n'était pas celle qu'il avait trouvée magnifique au premier regard. Non, celle-là le détestait.


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