Chapitre 15

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Ils avaient passé la matinée dans le lit de Gaspard, Vic la tête sur son torse (encore habillé), à lui triturer les mains. Il lui avait raconté comment elle avait fini dans son lit malgré ses souvenirs tout de même assez flous.
Après le baiser, Vic s'était sentie patraque. Gaspard avait d'abord cru qu'il embrassait tellement mal qu'il lui avait donné la gerbe. Puis finalement, il se souvint qu'elle avait bu pas mal de verres avant d'être venue s'asseoir à côté de lui. Lui qui habitait à seulement dix minutes de la maison rose, avait décidé qu'il était plus judicieux de la faire dormir dans son appartement que de la laisser rentrer en voiture.

"Et je puais tellement la vodka que t'as été dormir sur le canapé ? rit Vic.

- Rectification, tu puais trop la tequila.

- Tu dois me prendre pour une grosse ivrogne, maintenant. Je perds toute crédibilité.

- T'as perdu toute crédibilité en embrassant ton élève, lança Gaspard.

Un blanc s'installa. Vic n'avait pas su comment aborder le sujet et dans un sens, elle se sent libérée qu'il en ait parlé en premier. Elle se redresse et s'adosse à la tête de lit.
Il la regarde, les yeux rieurs, mais elle, elle est stressée, peut-être même éhontée.

- D'ailleurs, qu'est-ce qu'on fait à propos de ça ? demande Vic frileuse.

Gaspard feint de réfléchir.

- Je vois pas du tout de quoi tu parles. C'est quoi "ça" ? répond le garçon en mimant des guillemets.

- Gaspard...

Il se penche vers elle et l'embrasse à nouveau.
Vic est à ce moment-là complètement sobre et les sensations qu'elle avait du baiser d'hier soir sont décuplées. Le creux de son ventre est chaud et elle sent les battements de son cœur s'accélerer.
Tout se brouille dans son esprit ; Harvard, sa prodige de sœur, ses parents parfaits, son passé, son avenir. Elle se sent à bout de souffle et tant mieux pour elle, Gaspard se détache de ses lèvres. Il se recule légèrement en souriant.

- Peut-être que tu parlais de ce "ça" ? dit-il sournoisement. Je pense qu'on pourrait le refaire des centaines de fois, non, des milliers de fois.

Vic ancre ses yeux dans ceux du garçon et pense "Et si j'étais en train de tomber amoureuse ?".
Ça peut paraître rapide et précipité, mais s'il y a bien une chose que sa psy lui a appris, c'est que ce genre de sentiments ne se contrôle pas, surtout lorsqu'il s'agit de l'amour.

C'est fou ce qu'une soirée peut tout changer.

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