Kim-Jia

Chapitre 7 : La découverte d'un nouveau monde

Je titubais à chaque pas, essayant de suivre ses mouvements tout en évitant les débris sur mon passage. Sa poigne me faisait mal, il serrait si fort ma main droite que je commençais à ressentir des picotements dans les doigts. Lorsque nous arrivions devant l'une de leurs voitures, il me lâcha enfin la main puis remit ses deux mains dans ses poches laissant le silence parler.

Ses hommes de main étaient relativement jeunes, certains devaient avoir dix huit et trente ans. Ce qui me choquais c'était le silence qu'il y avait entre eux. Aucuns ne se parlaient. Ils observaient la rue, les autres maisons ou leur chef, sans vraiment penser à communiquer avec moi.

Mon oncle inspira bruyamment puis tourna la tête vers un homme à sa gauche, qui avait les cheveux attachés en chignon ainsi qu'un tatouage qui allait de son cou à ses yeux, en forme de dragon. L'homme au dragon sortit une cigarette de son manteau puis la posa sur les lèvres de mon oncle.

– Je n'aime pas les gamins et encore moins les jeunes filles fragiles, expliqua-t-il. Mais tu es la fille de mon frère alors tu as le droit à ta chance.

Il alluma sa cigarette à l'aide d'un briquet qui avait comme dessin le même dragon que celui sur le cou de son homme de main. Ses épaules se soulevèrent légèrement ce qui permettait d'apercevoir nettement sa musculature hors norme. Ses épaules étaient larges et formaient des courbes à travers sa chemise. Après avoir inhalé deux fois, il prit sa cigarette entre ses doigts puis fit un léger signe de main à l'homme dragon qui alla dans la voiture.

– Tu ne causes pas beaucoup ? Me demanda-t-il avant de rejeter toute la fumée à côté de mon visage.

Le froid du soir commençait à se sentir, je n'avais pas mis de manteau. Son odeur avait une pointe de menthe fraîche qui arrivait jusque dans mes narines. Cet homme avait un côté rassurant que mon père ne me dégageait pas. La posture de son corps sculptée ainsi que la façon dont il s'adressait à moi le rendait charismatique.

Je pris une longue inspiration en reniflant puis fixais la portière à côté de moi,

– Je ne vous connais pas, déclarais-je d'une voix timide.

Il parut assez surpris de ma réponse car il s'en mordit la lèvre pendant un instant puis lança sa cigarette encore pleine au sol,

– Et bien Kim-Jia tu vas apprendre à me connaître. Monte, je n'aime pas être en retard.

Sa froideur me fit frissonner, ce type était vraiment mon oncle ? Il était tellement différent... Du caractère chaleureux de mon père.

Je pris la portière en main puis m'installais sur le siège du fond et fus surprise que mon oncle ne nous rejoignit pas. Mon oncle alla dans une des autres voitures. Chris démarra rapidement puis s'engagea directement vers la sortie. Sans un bruit, il me conduisait vers un endroit inconnu, cela ne me dérangeait pas qu'il ne dise rien mais l'absence d'informations me tuais. D'habitude je savais ce qu'il allait se passer et comment j'allais devoir agir. C'était facile : ignorer les insultes, suivre les filles jusqu'aux toilettes, boire l'eau des toilettes, vomir... Courir pour acheter les bonbons préférer de Han sol avant la fin de la pause... J'étais habituée à tout ça et cela m'aidait à garder un peu de contrôle sur mes émotions. Rien n'était différent. Mais là, dans cette voiture, je ne savais pas si je devais me faire écouter, ne rien dire, pleurer, supplier ?

Chris leva un instant les yeux vers le rétroviseur, ses pupilles étaient à peine visibles à cause de la noirceur de ses yeux, ce qui rendaient son regard assez insistant. Je décidais de lui rendre son geste, en plongeant mes yeux dans les siens, le cœur palpitant attendant de savoir si c'était la chose appropriée. Même si je ne m'y connaissais pas en hommes d'affaires je savais qu'en bande il ne fallait jamais soutenir un regard mais au contraire lorsque les ennemis étaient seuls face à moi, les fixer déstabilisait le peu de courage qu'ils avaient. Même si je doutais qu'il avait déjà été battu une fois.