Depuis que la mission avait été un succès et que mon père était enfin rentré à la maison, Pi Song-Ho m'avait affirmé que j'allais devoir passer à l'étape supérieure. Maintenant que mon père était sain et sauf, ma soif de vengeance commençait à disparaître petit à petit. Au fond j'avais peur d'avoir perdu la motivation et la détermination de continuer dans cette voie. Même si je restais une gamine, le gang des Deulageons m'avaient aidé à atteindre mon but. Maintenant j'allais devoir payer ma dette.
Je ne pouvais pas m'empêcher de regarder son visage. Lorsqu'on lui avait nettoyé toutes ses plaies, un médecin faisant partie de l'organisation avait affirmé qu'il lui faudrait une hospitalisation s'il voulait enlever 90 % des cicatrices. Mais, faute de moyens financier, mon père avait refusé. Condamnant ainsi toute chance de dissimuler les quatre grosses coupures présentes sur son visage. J'avais hurlé, je lui avais ordonné de trouver l'argent... j'avais tellement mal pour lui... Mais Kim Tae-Ju était aussi têtu que moi et ne céderait jamais pour son besoin personnel. Je trouvais cela tellement injuste qu'un flic aussi doué et dévoué pour son pays soit obligé de garder les traces de ses tortures.
Lorsqu'il me vit l'observer, il se stoppa un instant et laissa léviter la poile remplie de légumes,
– Ma puce ? Tu vas bien ? Demanda-t-il les sourcils froncés.
Mes yeux pouvaient nier mon désespoir mais malgré cela je décidais de cacher cette frustration au fond de mon âme,
– Oui, ça va je suis juste fatiguée. Hier-soir Pi Song-Ho ne m'a laissé aucune chance ! Je pense garder les traces de nos combats encore pendant deux semaines... Affirmais-je tout en soulevant mon jogging pour laisser transparaître la ligne bleuté sur mon tibia.
Kim Tae-Ju reposa la poile sur le gaz et s'avança vers le frigo,
– Je sais que mon frère t'oblige à rester. Je ne veux pas que tu souffres à cause de moi. Tu dois reprendre une vie normale, aller à l'école, trouver un emploi de fonctionnaire... Te faire des amis de ton âge...
Je voyais bien qu'il était inquiet pour moi à sa façon de dire chaque mots,
– Papa... Ils m'apprendront bien plus de choses que dix ans d'études... Et puis, je commence à apprécier le sport, je me sens de plus en plus forte... Je n'ai pas envie de retrouver mon ancienne vie... Disais-je après avoir hésiter quelques secondes à si je devais continuer ou non.
Mon père baissa son regard jusqu'au sol puis referma le frigo d'un coup sec,
– Tu souffriras Kim-Jia...
Soudain une colère noire s'empara de moi,
– Je souffrirai ? Mais est-ce que tu as la moindre idée de ce qui me fait souffrir ? Demandais-je d'un ton glacial.
Son regard changea, se transformant en un regard de pitié,
– Ce que je vis là n'est même pas un dixième de ce que j'ai pu ressentir ses dix dernières années.
Les larmes me montaient aux yeux tandis que je m'ordonnais de ne pas me montrer faible. Toutes ses journées à cacher ma souffrance, toutes ses soirées à hurler silencieusement dans la douche tandis qu'il cuisinait, ignorant du poids que j'avais à porter. Toutes ses nuits à pleurer, suppliant dieu de m'épargner, de me donner une chance de respirer. Rien de tout cela n'était comparable à un simple combat au corps à corps. Cette douleur là était constante, brûlante et vous changeait à jamais.
Je me levais du canapé et me dirigeais vers ma chambre en claquant la porte. Une fois devant mon lit, je me mis dessus et commençais à pleurer les mains sur le visage. Pourquoi cela faisait si mal de l'admettre ? Admettre que je souffre et que j'ai souffert ?
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Kim-Jia
FanfictionKim Jia n'a rien d'une héroïne. Harcelée au lycée, humiliée à longueur de journée, la vie n'avait jamais été un cadeau pour elle. Elle ne savait même pas que le bonheur pouvait exister. Seule contre tous : Un père trop occupé à travailler dans la po...