Chapitre 17 : Oeil pour œil dent pour dent

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*Deux mois plus tard*

Sa bouche recrachait le sang accumulé depuis quelques minutes, lorsqu'il relâcha le liquide visqueux au sol puis tourna sa tête difficilement vers son agresseur.

– Tu veux toujours pas parler ? Réfléchis avant de me répondre Tae-Ju, pense à ta fille.

Hae Dong-Won fixa la réaction de Kim Tae-Ju qui peinait à garder la tête droite, son œil gauche avait gonflé et lâchait quelques larmes de sang. Sa bouche avait les lèvres éclatées et ses dents blanches étaient entièrement recouvertes de son sang ainsi que celui du Yongsu. La chair du visage du Deulaegon avait été coupé à vif ce qui allait lui donner probablement des cicatrices pour le restant de sa vie. Après de longues heures à gémir seul dans le noir, un gros bruit le réveilla de sa somnolence. Son visage cherchait d'où provenait le bruit sourd qui s'était rependu dans tout le hangar. La porte du garage en métal bougeait à cause du vent qui soufflait brusquement dessus. Tae-Ju baissa la tête douloureusement pour essayer de se rendormir encore quelques heures, mais soudain quelqu'un poussa d'un grand coup la porte métallique au fond du hangar. Une silhouette assez fine venait de pénétrer dans la pièce, Tae-Ju ne reconnaissait pas cette forme et pensa qu'il devait sûrement s'agir d'une nouvelle recrue. Mais plus cette personne avançait vers lui et plus il pouvait distinguer son apparence.

Lorsqu'elle arriva vers lui d'un pas rapide, les cheveux détachés et le visage ensanglanté il la reconnu enfin,

– Kim-Jia ? Souffla-t-il à bout de force.

*Cinq minutes plus tôt*

Je pris le temps d'observer encore quelques secondes les vas et viens des Yongsus postés devant l'entrée. Ils n'étaient que deux et ne portaient pas d'armes à feu, seulement deux couteaux rangés dans leurs étuis. Un jeux d'enfant ! Mon regard alla se porter vers les yeux de Pi Song-Ho dans le rétroviseur,

– J'y vais ! Déclarais-je sans plus attendre.

Je sortis de la voiture discrètement et attendis que les deux Yongsus sortent leurs cigarettes. Après deux secondes à attendre accroupi derrière le capot, l'homme à la barbe de trois semaines sortit enfin de sa poche son paquet. En deux secondes je me mis à courir vers le petit muret qui menait au bâtiment. Mon corps alla se coller derrière, ma respiration était rapide je devais prendre le temps de souffler avant d'attaquer. Je pouvais voir la voiture de Pi Song-Ho garée juste devant moi, il devait sûrement observer le moindre de leur mouvement pour m'avertir en cas de danger.

Sous mon t-shirt se trouvait caché un grand couteau à viande, je le sortis de son étui et comptais jusqu'à trois. Lorsque j'entendis le dernier chiffre dans ma tête mon corps entier était prêt à en découdre.

Je sortis de ma cachette et courus sans plus attendre vers eux. Le premier à réagir fut la barbe de trois mois qui s'avança vers moi avec son petit couteau il me lança une première attaque lente que j'esquivais sans grand mal. Je profitais de son ouverture du flanc gauche pour lui enfoncer le plus profondément possible mon couteau, bien plus robuste et plus long. Il poussa un cri de douleur tandis que son copain courut sur moi et me poussa d'un coup de pied à l'abdomen. Ce qui me poussa à quelques mètres d'eux.

Je remis ma garde le couteau devant moi et attendis que le deuxième vienne m'attaquer. Il n'attendit pas plus longtemps et se rua vers moi. Je sortis de l'axe pour venir le couper à la cuisse droite avant de revenir au visage trois fois. Mon entraînement intensif avait porté leur fruit mes mouvements étaient très rapides. Trop rapide pour eux.

Les deux étaient gravement blessés mais le corps humain était une machine unique et complexe. Ce n'était pas un coup au flanc et trois petites coupures qui mettaient ko.

Alors avant qu'ils ne me blessent ou me tuent je sortis en une seconde mon pistolet silencieux et tirait deux fois. Dans leurs deux têtes. Les balles n'eurent aucun mal à trouver leur front.

Je pris le temps de remettre deux balles dans mon chargeur, tandis que leurs corps tachaient le sol, puis remis mon gun dans mon étui. Je pris le temps de me retourner pour faire une grimace à Pi Song-Ho qui devait se marrer derrière la vitre, puis enjambais leurs corps inertes. De toute façon ils avaient essayé de me tuer c'était œil pour œil et dent pour dent.

Un petit échauffement ne fait pas de mal...

En poussant la porte d'entrée je découvris un vigile seul assis sur une chaise dans le long couloir. En une seconde il se leva et me dévisagea,

– T'es qui toi ? Me lança brusquement l'homme aux tatouages démodés.

Je me passais la main dans les cheveux et pris un air frustré,

– Qui je suis ! T'es sérieux là ! Et en plus tu me tutoies... Tu ne tiens pas à ton poste toi, déclarais-je d'un air froid.

Il me regarda de haut en bas avant de bafouiller confus,

– Heu... Désolé mais on m'a pas prévenu...

Je le coupais tout en avançant vers lui,

– Je suis la nouvelle maîtresse de Kim Myung Gil.

– Oh excuser moi Madame... ?

– Joo-Jung et assurez vous de ne laisser passer personne d'autre que moi. Je serai en entretient avec le prisonnier.

Le vigile acquiesça avant de se décaler du passage et s'incliner respectueusement.

Je ne pus m'empêcher de sourire de fierté avant de sortir du couloir. Mon pied m'aida à pousser la lourde porte, lorsque j'ouvris je découvris un immense hangar plongé dans le noir. Une grande porte métallique était à ma droite et prenais tout le mur. A ma gauche je pouvais distinguer difficilement des engins mécaniques, des étagères, une moto au fond de la pièce, des chaînes sur le sol... Rien n'était rangé et des bâches transparentes salis délimitaient la pièce en deux. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il se passait derrière.

Après quelques secondes à m'avancer doucement et silencieusement je pris la décision de sortir mon arme. Je ne pouvais pas voir plus loin qu'un mètre et nous n'avions aucune information sur l'intérieur du bâtiment.

Mais plus j'avançais et plus je pouvais voir une chaise et un homme attaché dessus. Soudain un élan d'espoir me prit : Papa !!

Je courus jusqu'à l'homme et sortit une petite lampe de poche pour éclairer son visage. Soudain un sentiment de dégoût me prit : Son visage avait des coupures longeant toute sa peau, ses yeux étaient gorgés de sang, ses lèvres étaient explosés et son corps complètement torturé. Mes yeux lâchèrent deux larmes en une seconde, tandis que des frissons me parcouraient,

– Kim-Jia ?

Je ne pus m'empêcher de sangloter, son visage se déformait à mesure que les larmes coulaient le long de mes joues. Mon père était en vie ! Je venais enfin de le retrouver, après tant de semaines à souffrir de son absence... Il était enfin devant moi. Je devais tout faire pour le faire sortir de là.

– Oui papa... C'es... C'est moi... Bafouillais-je le visage gonflé.

Son visage s'illumina malgré le manque de lumière et ses blessures. Nos émotions se mélangèrent, rendant l'atmosphère plus familière moins hostile. Après quelques secondes à se câliner, je découpais ses liens avec mon couteau et le força à marcher avec mon aide. 

Kim-JiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant