Chapitre 12

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A l'entrée, l'étudiant qui faisait office de videur annonça tout de suite la couleur :

« Attention, si vous enlevez votre masque, vous payez les boissons deux fois plus cher ! »

Le mien commençait déjà à me gratter sur les côtés, à l'endroit d'insertion des plumes, et je regrettais de l'avoir payé aussi cher. Nous étions arrivés volontairement tardivement pour ne pas se retrouver esseulés sur la piste de danse et ce fut une bonne idée car il y a déjà une ambiance folle quand nous entrâmes dans la salle. La fille en charge du dressing rangea nos affaires et nous donna en échange un ticket que je rangeai dans mon soutien-gorge.

Amélie nous quitta presque aussitôt notre arrivée. Elle arriva comme une furie sur la piste de danse et je ne la revis plus de la soirée, ou alors de loin, lorsque je repérais sa voluptueuse robe rose suivre ses mouvements endiablés. Il y avait en elle une énergie et une capacité à se mettre en scène qui me laissait pantoise et admiratrice. Simon s'ennuya fermement de toute la soirée. Nous parlâmes avec plusieurs personnes que nous reconnûmes de nos groupes de TD ou de la bibliothèque, mais cela restait superficiel. Simon détestait danser autant que moi et ne paraissait pas non plus enclin à l'alcool. La soirée fut longue.

Je ne sais pas ce que j'avais espéré en acceptant de venir d'y venir, mais c'était vraisemblablement un échec. Tout le monde se connaissait déjà et la musique était bien trop forte et la luminosité bien trop faible pour simplement discuter. J'entendais déjà mon père qui, m'ayant prévenu le dimanche précédent, me dirait : « mais oui Louise, évidemment, c'est une soirée étudiante alors à quoi t'attendais-tu ? ». Finalement, vers une heure du matin, je dis à Simon :

_ Je vais y aller je pense, je préviens juste Amélie que je pars et je m'en vais. Tu ne m'en veux pas ?

_ Non, pas du tout : j'allais y aller aussi. Tu peux dire au revoir à Amélie pour moi ? Je t'attends dehors.

_ Non, ne t'embête pas, le temps que je la trouve, j'ai peur que tu attendes longtemps !

Il rit et me souhaita un bon week-end. Cette soirée était décidément un échec total : je m'étais ennuyée, je ne m'étais pas fait d'amis et je n'avais pas réussi à me rapprocher de Simon comme je l'avais ambitionné.

Je mis en effet un certain temps à m'approcher d'Amélie, zigzagant entre les corps suant et saouls, et la retrouvai enlacée collé-serré à un garçon sur la piste de danse. Ne voulant pas les interrompre, je décidai d'attendre un peu et me tins sur le côté. Je visualisai l'image que je devais renvoyer et pensai que je devais faire pitié, alors que j'étais là, seule et sobre, au milieu de nulle part et les bras croisés.

En entendant une musique de slow retentir et constatant qu'Amélie se rapprochait encore un peu plus de son cavalier, je soupirais. Tant pis, je lui enverrai un message pour dire que je suis partie. Je n'allai pas attendre dix ans de pouvoir lui parler. Je pris un peu de temps pour déambuler à travers la salle parce qu'ils avaient baissé les projecteurs : c'était presque le noir complet et cela rendait mon chemin difficile à trouver. J'avançai encore quand une main s'empara de la mienne et inclina la tête vers la piste de danse. C'était Simon. Avait-il finalement décidé de rester ? Peut-être le slow l'avait-il convaincu de faire un pas vers moi. Sans le faire ouvertement, nous nous étions petit à petit rapprochés ces derniers jours et c'était l'occasion rêvée pour m'embrasser enfin. Je n'étais pas sûre d'en avoir envie mais j'étais persuadée que c'était un garçon gentil et je comptais me laisser faire.

Il m'entraîna au plein milieu de la piste et je le trouvai audacieux. Quand il me plaqua contre lui et qu'il posa ses mains sur ma taille, je sus que ce n'était pas Simon.

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant