Chapitre 21

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La robe que j'avais prise m'avait paru trop décolletée quand je l'avais sortie de ma valise un peu plus tôt dans la journée, mais elle me paraissait désormais parfaite. Ce soir, j'avais envie de plaire : non, j'avais besoin de plaire. Qu'importe l'homme qui serait sous mon charme, qu'importe son âge et son intellect, il fallait qu'il y en ait un ce soir qui me fasse une cour ouverte et outrancière. Sans ça, mon moral resterait au fond de mes chaussettes jusqu'au samedi soir. J'enfilai donc ma robe longue bordeaux dont le décolleté descendait assez bas pour que chacun puisse admirer la réunion de mes seins. Il y avait également une échancrure dans le bas qui dévoilait ma jambe gauche. J'ajoutai une paire d'escarpins à talons aiguilles et finissais par un maquillage élégant en insistant sur ma bouche. Quand Amélie vint frapper à ma porte à vingt heures, je sus que j'avais réussi à l'expression stupéfaite qui s'afficha sur son visage.

_ Louise, tu es ... tellement sexy !

Je répondis avec sourire en tentant d'oublier qu'elle était bras dessus bras dessous avec Léopold. Lui me regardait avec un sourire sur lequel je ne m'attardais pas. J'avais prévu de l'ignorer et pour ne pas me compliquer la tâche, il fallait absolument que j'évite de rencontrer ses yeux.

_ Et moi, qu'en penses-tu ?

Pour une fois, la tenue d'Amélie était assez élégante. Elle portait une robe bleue nuit en soie à décolleté bateau, des escarpins à plateforme et avait coiffé ses cheveux blonds dans un sage chignon. Nos rôles étaient inversés et c'était moi qui jouais la pétasse. Il allait me falloir beaucoup d'alcool pour le jouer avec talent.

_ Tu es très chic.

Nous descendîmes dans le salon où le président du concours avait commencé un petit discours, qui consistait surtout à remercier les sponsors qui avait permis sa réalisation. En étant le plus discrète possible, je me dirigeai directement vers le bar et commandai une double vodka. Le barman leva un sourcil comme pour me demander confirmation puis s'exécuta. J'avalai l'alcool d'un trait. J'aperçus alors Marcus dans l'assemblée. Il était très chic. Pas autant que Léopold, indétrônable, qui avait opté pour un costume trois pièces en omettant le nœud papillon. Je m'approchai de lui et il se retourna. Ses yeux s'attardèrent immanquablement sur mon décolleté mais se détournèrent aussitôt et il me complimenta sur ma tenue. Je désignai le président du menton :

_ Qu'est-ce qu'il dit ?

_ Rien d'intéressant. J'ai envie de fumer avant de manger, tu viens avec moi ?

Nous nous éloignâmes vers la terrasse et je sentis les regards d'Amélie et de Léopold nous suivre, la première paraissant excitée et le second impassible. Je me résignai : il paraissait désormais loin le temps où j'intéressais Léopold et je n'avais pas envie de passer ma soirée à le rendre jaloux. En suivant Marcus sur la terrasse, je me disciplinai à concentrer désormais mes pensées sur lui.

Il me proposa une cigarette que je refusai.

_ Je ne fume qu'occasionnellement.

J'avais l'impression qu'il se justifiait et je saisis là une perche pour tenter une approcher.

_ Ne t'excuse pas. Je trouve ça très sexy un homme qui fume.

Son visage changea, ses yeux se plissèrent et il commença à me sourire avec des intentions derrière la tête. J'aimai ça. Il parla un peu de ses préparations de l'après-midi pour le concours du lendemain puis, sa cigarette terminée, il l'écrasa dans un cendrier et m'embrassa. Je ne l'avais pas vu venir. C'était un petit baiser discret, bouche fermée et mains chastes. Je n'avais rien ressenti, mais j'aimais l'idée qu'il ait fait le premier pas. Quand il se recula, il tourna sa tête vers les portes fenêtres qui menaient au salon et je sentis une présence. Léopold se tenait sur la terrasse :

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant