Chapitre 35

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Je trouvai le sommeil presqu'immédiatement et me levai donc le lendemain assez tôt, si bien que je ne savais pas l'attitude que je devais adopter étant donné que nous ne nous étions pas fixés d'heure pour se retrouver. J'avais toujours un livre avec moi dans mon sac et décidai de m'y plonger. Vers dix heures, je lisais depuis trois heures quand je reçus un message de Léopold sur mon téléphone : « Bien dormi bébé ? L ». Je pouffai. S'il voulait se moquer de moi et revenir sur notre échange sur les surnoms de la veille, j'allais faire de même. Je répondis : « Bien dormi mon canard et toi ? ». A ce moment-là, on frappa à la porte de ma chambre. Derrière, Léopold me souriait en plissant les yeux :

_ J'arrête de t'appeler bébé si tu ne m'appelles plus jamais mon canard.

_ Vendu !

Je tendis ma main paume en l'air vers lui et il y tapa la sienne comme pour sceller notre accord, en la laissant s'attarder pour que le contact entre nos peaux se prolonge. Hormis le minuscule baiser de la veille, c'était là la première fois que l'on se touchait depuis notre réconciliation.

_ Faim ?

_ Faim !

Durant le petit-déjeuner, Léopold m'apprit que l'hôtel disposait d'une piscine intérieure et d'un mini-golf, et me demanda si l'une de ces activités pouvait m'intéresser.

_ J'ai réservé pour deux nuits donc nous avons la journée rien qu'à nous. Si tu en as envie bien sûr.

Il avait ajouté rapidement, comme pour m'assurer que j'étais libre de partir à tout moment, qu'il ne ferait rien contre mon gré. J'eus alors la confirmation de ce qui m'avait trotté dans la tête durant le début de matinée. Je lui répondis que je voulais bien essayer du mini-golf, en le prévenant de mon peu de coordination et du risque de blessures auxquelles il s'exposait s'il me laissait jouer, puis je demandai :

_ Peut-être pourrais-tu annuler la réservation de ma chambre pour la nuit prochaine ?

Alors que je lisais sur son visage les prémices de l'inquiétude de me voir le quitter, j'ajoutai aussitôt :

_ Une chambre pourrait suffire pour nous deux.

Il se fendit d'un grand sourire qu'il tenta de dissimuler en se cachant derrière sa tasse de café.

Je fus extrêmement nulle au mini-golf et je constatai que Léopold l'était également. Nous passâmes mille ans à finir le premier parcours, celui qui est conseillé aux enfants. Cela nous fit bien rire. Il swinguait dans le vent, j'arrachais l'herbe avec mon club, ou bien c'était le contraire, et finalement nous ne touchions la balle qu'une fois sur trois. Nous décidâmes donc avec sagesse de nous arrêter après ce parcours et de descendre à la piscine après avoir grignoté un morceau et acheté des maillots et des bonnets de bain à la boutique de l'hôtel. Mon maillot était particulièrement affreux : un une-pièce de couleur parme à la texture duveteuse et à la coupe très peu avantageuse.

A notre étonnement, il y avait du monde à la piscine. Nous avions pris notre petit-déjeuner tellement tard que nous étions les seuls dans la salle et avions conclu à tort que nous étions seuls dans l'hôtel. Au contraire, une vingtaine de personnes étaient agglutinées dans ou autour du bassin. Sans nous concerter, nous entreprîmes naturellement de nager des longueurs. Je choisis la brasse car je n'avais pas de lunettes et mes yeux piquaient rapidement au contact du chlore, mais cela ne parut pas embêter Léopold qui nagea le crawl.

Je m'arrêtais au bout de deux kilomètres et après avoir fait beaucoup de sur-place pour laisser passer des enfants qui se trouvaient sur ma ligne de natation. J'étais vraiment fière de moi, n'ayant plus nagé depuis au moins deux ans. Léopold continua encore dix minutes puis se rendit compte que j'avais rejoint le petit bassin où il était possible de s'y asseoir en gardant la tête hors de l'eau et où l'eau était plus chaude. Il se moqua de moi en désignant le panneau qui interdisait la présence d'enfants de moins de cinq ans non accompagnés :

_ Ne régresse pas trop, j'ai besoin que tu restes majeure.

Il lut la lueur malicieuse dans mes yeux et s'assit face à moi en encerclant ma taille de ses jambes, de sorte que nos corps étaient presque l'un contre l'autre. Je savais au regard de la liberté qu'il m'avait laissée hier quant aux chambres qu'il ne s'avancerait pas davantage vers moi pour ne pas avoir l'air de précipiter les choses. Je posai donc mes bras sur ses épaules et rejoignis mes mains derrière son cou, puis je plantai mes yeux dans les siens, sombres, enivrants :

_ Embrasse-moi.

Il avança son visage puis dévia vers mon oreille et chuchota :

_ Je pense t'avoir dit de ne pas me donner d'ordre.

Je savais qu'il ne me plaisantait qu'à moitié mais je ne me laissais pas démonter.

_ Et moi je pense que je suis collée à toi et je pense aussi de source sûre, étant collée à ton anatomie, que tu as très, très envie de m'embrasser.

Il étouffa un rire.

_ Bien vu.

J'eus à peine le temps d'enregistrer ses paroles qu'il m'embrassait. C'était intense. C'était comme le premier baiser qu'il m'avait donné mais avec une puissance mille fois supérieure. Il me tenait par la taille avec ses mains pour me maintenir contre lui et peut-être aussi pour me faire sentir son érection qui avait considérablement augmenté depuis le contact entre nos lèvres. Il avait conservé un peu de la brutalité qui me faisait tant vibrer mais l'avait arrondie, de sorte qu'il m'excitait encore plus qu'avant. Nos langues jouaient, nos corps étaient en osmose et nos mains commençaient à s'aventurer sur le corps de l'autre. Je pense que nous eûmes cette idée en même temps puisque je me retrouvai bientôt avec un doigt de Léopold qui caressait doucement la culotte de mon maillot de bain tandis que ma paume se posa sur la bosse dure de son caleçon. Cela commençait à devenir intéressant, nos baisers ayant suivi la voie tracée par nos mains, quand nous entendîmes :

_ Oh les jeunes ! Prenez-vous une chambre, il y a des enfants ici !

Surpris, nous nous arrêtâmes immédiatement. Je baissai les yeux, honteuse, tandis que Léopold s'écartait de moi en s'excusant auprès de la mère qui avait crié. Puis il me souffla :

_ Je suis d'accord avec elle : prenons-nous une chambre ma chérie.

A Nancy, il m'avait fait l'amour avec domination et brutalité. J'avais adoré ça. Là, il me fit l'amour avec passion et douceur. J'adorai ça aussi et cela me donnait une idée excitante de la palette de jeux qui s'offraient désormais à nous.

Nous arrivâmes dans sa chambre en maillot de bains et chacun se déshabilla immédiatement. Puis il m'emmena vers le lit par la main et me dit qu'il m'aimait. C'était la première fois que je l'entendais de sa bouche et mon cœur fit un bond. C'était une sensation merveilleuse.

Nous fîmes l'amour comme des adolescents qui se délectent de la découverte du corps de l'autre. J'embrassai chaque partie de son corps et je crois qu'il n'en manqua pas une du mien. Il me couvrit de caresses, se perdit dans mes seins et m'initia au plaisir de sa langue sur mon sexe. Je me droguais à l'odeur de sa peau, m'attardais sur sa tâche de naissance. Je découvris le rebondi de ses fesses et le goût de son sexe. Une demi-heure passa sans aucune pénétration puis il m'allongea sur le dos et, comme pour me surprendre et dénoter avec notre délicatesse précédente, entra en moi d'un coup, sans prévenir et avec sauvagerie. Il savait que toute autre pénétration m'aurait procuré moins de plaisir que cette jouissance puissante et aiguë qu'il m'offrit alors. Il jouit très rapidement, probablement excité par tous nos préliminaires, et je ne fus pas déçue tant je baignais dans les endorphines.

Entre-temps le ciel s'était couché et nous nous rendîmes compte que nous avions tous les deux très faim. Léopold acheta un film sur le service vidéo de l'hôtel et nous nous endormîmes au bout d'une heure, nus, l'un contre l'autre dans son lit.

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant