Chapitre 45

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Il était parti et moi, encore en body string remonté jusqu'au nombril, je ne pouvais évidemment pas le suivre. Quelle baise extraordinaire ! Jamais je n'aurais pu dire ces mots vulgaires il y a quelques semaines, mais, sans préjudicier de mes sentiments profonds pour Léopold, c'était exactement ce que j'avais ressenti : une baise extraordinaire.

Je rabattis le bas du body et scellai le bouton pression. Les chaussures encore aux pieds, je ramassai ma robe et la passai au-dessus de ma tête puis fermai la tirette. Sans même penser à aller à la salle de bains, je réarrangerai mes cheveux du bout des doigts, tirai un peu sur la peau sous mes yeux pour faire disparaître le mascara qui avait probablement coulé durant nos ébats et quittai la chambre en emportant avec moi les rubans de satin. Je les rangerai avec le pull de Léopold, ce pull en laine mérinos qu'il m'avait offert lors de notre première rencontre et que j'avais depuis porté la nuit. Il fallait garder les objets pour se remémorer plus facilement les beaux souvenirs.

Je traversai la suite nuptiale et descendis les escaliers. Quand Amélie m'aperçut, elle se rua vers moi et m'emmena dans un des recoins du hall.

_ Si ton plaisir est à la hauteur de la ruine de ton maquillage, je t'envie !

_ Tu n'as même pas idée.

Elle sortit de sa pochette un coton, l'imbiba d'eau et le passa autour de mes yeux. Puis elle me prêta un rouge à lèvres et je redessinais ma bouche. Quand je lui racontai que Léopold allait m'attendre - maintenant c'était dans cinq minutes -, elle ouvrit grand les yeux et pressa ses lèvres l'une contre l'autre.

_ Il te fait vraiment le grand jeu !

Cinq minutes plus tard, je descendais les escaliers majestueux à l'entrée du château, en faisant attention de ne pas tomber. Léopold m'attendait en bas, sa Porsche garée près de lui, et tendit son bras pour m'aider avec les dernières marches. Je l'embrassai, puis nous entendîmes une voix qui provenait des escaliers :

_ Tu peux faire ce que tu veux Léopold : dorénavant tu es à moi.

Gabrielle se tenait en haut des marches.Droite, les poings posés sur les hanches. Je ne remarquai qu'alors combien sa robe était moche. Riche comme était sa famille, elle aurait pu avoir toutes les robes de mariée qu'elle voulait et elle avait choisi cette horreur qui élargissait ses hanches et aplatissait sa poitrine, au tissu épais de couleur crème foncé. On aurait dit une mauvaise copie de la robe de la princesse Diana.

En la voyant ainsi, en haut des escaliers avec sa robe moche, sa haine et ses supplications pour faire rester Léopold alors qu'elle voyait clairement que tout était fini, en la voyant et en imaginant l'image que nous donnions, Léopold et moi, lui dans son complet veston hyper chic, avec ses boutons de manchettes, ses cheveux brillants, ses yeux noirs et ses belles manières de gentleman, et moi dans ma robe en soie, hyper canon pour la première fois de ma vie, en nous voyant donc nous face à elle, j'eus un peu pitié. Un tout petit peu. Pas le genre de pitié à me faire changer d'avis ou à la prendre dans mes bras, ni même à la soutenir par un mot. Non, juste assez de pitié pour que je ne la haïsse plus, pour qu'elle disparaisse de ma tête et qu'elle n'encombre plus mon esprit.

Léopold lui répondit :

_ Ah bon ? Je suis à toi ? En es-tu bien sûre ?

Alors il me prit dans ses bras et me fit basculer en arrière en posant sa main au creux de mes reins pour m'embrasser, comme on fait dans les films. Il m'embrassa avec passion, en faisant jouer nos langues et en caressant mon visage en même temps. Puis il me releva et me murmura d'entrer dans la voiture. Il en fit le tour pour atteindre la portière du conducteur et lâcha à l'adresse de Gabrielle :

_ Non, tu as tort : je suis à elle, je lui appartiens.

Léopold démarra la voiture, fit déraper les roues pour un demi-tour et nous fit quitter le château à vive allure.


FIN

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant