Chapitre 43

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Quand le plat arriva, je jetai un coup d'œil à Léopold qui me regardait aussi. Il afficha un sourire en coin puis retourna à ses invités. Je n'avais pas envie de manger : j'avais le ventre serré par l'excitation qui m'attendait. Amélie ne mangea pas beaucoup non plus, je la sentais pensive après la discussion que l'on venait d'avoir. Quoique distraite, je discutais un peu avec Céleste qui m'apprit qu'elle était elle aussi en études de droit à Assas, en dernière année de licence. Nous discutâmes des cours en général et elle commençait juste à me parler de ses projets de voyage pour l'été suivant quand je vis Léopold me faire un signe de tête en désignant la porte du hall. Par bonheur, Céleste comprit tout de suite et me libéra.

_ Tu es adorable, je te remercie ! Peux-tu me dire où est la suite nuptiale ?

_ La suite nuptiale, carrément ! Il te sort le grand jeu !

Je souriais en rougissant.

_ C'est la suite parentale au second. Bon amusement ...

J'aurais voulu monter les escaliers quatre à quatre pour retrouver Léopold au plus vite et ne manquer aucune seconde du temps que nous avions ensemble, mais ma robe m'imposa un rythme plus lent et je ne parvins au deuxième étage que quelques minutes plus tard. J'apposai mes mains sur la porte pour faire savoir ma présence et elle s'ouvrit sous la pression.

A l'intérieur, c'était immense. Il y avait l'espace pour un très grand appartement. La porte s'ouvrait sur une immense pièce plongée dans le noir : un salon-salle à manger gigantesque décoré avec soin dans les tons verts et le style Second Empire. Léopold n'y était pas. Seule restait la dernière porte, face à moi. Sur le petit guéridon attenant, un mot était déposé et n'y était écrit qu'une lettre : « L ».

Cela pouvait être le « L » de Louise ou le « L » de Léopold mais dans tous les cas, j'étais au bon endroit. Je repensais immanquablement au mot qu'il m'avait laissé le lendemain de la nuit où nous avions dormi dans son appartement. La forme alambiquée de son « L » pouvait laisser croire à la forme d'un cœur mais j'avais eu peur de me faire avoir par mes sentiments naissants. Désormais je n'avais plus de doute : c'était bien un cœur qu'il voulait mêler à notre lettre commune. J'eus du mal à garder mon calme tant je sentais l'excitation monter. Je posai la main sur la poignée et entrai.

La pièce était plongée dans le noir. Respectant les proportions du château, la chambre était également très grande. Elle se composait d'un large lit à baldaquin, de trois fauteuils, d'un bureau et sa chaise, d'un guéridon, d'une commode, d'une télévision à écran plat et une porte au fond laissait présager l'emplacement d'une salle de bains et d'un dressing. Léopold était assis dans un des fauteuils, les bras posés sur les accoudoirs et les mains ramenées au centre, les chevilles croisées, le regard droit. Il ne souriait pas. Je ne pus m'empêcher de rire : il tenait tellement bien ce rôle de l'homme froid et austère qui m'excitait tant. Dieu qu'il était sexy dans cette position autoritaire.

_ Regarde sur le guéridon à ta droite.

Je regardai sur le guéridon à ma droite : il y avait trois rubans en satin pliés soigneusement.

La boule d'excitation dans mon ventre se transforma en une boule de peur. Il n'avait pas compris. Ou je m'étais mal exprimée. Ce n'était pas ce que je voulais, je ne voulais pas avoir mal. Je voulais qu'il m'excite avec des mots, avec sa force et en étant impitoyable, mais je ne voulais pas de douleur. Pour moi, le sexe ne rimait pas avec douleur. C'était à la mode et ça décuplait le plaisir de certains, mais ce n'était pas ce que je voulais. Je ne voulais pas être attachée, je ne voulais pas être fessée ni giflée, je ne voulais pas être pincée. J'eus soudain peur. Il avait prouvé plusieurs fois lors de nos ébats qu'il parvenait à me maîtriser complètement s'il le souhaitait et j'eus peur : s'il voulait m'obliger à quelque chose, je savais qu'il y parviendrait. Je me ressaisis aussitôt : c'était Léopold, il m'aimait, il ne me ferait pas de mal. Il fallait juste que je lui dise ce que je pense.

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant