Chapitre 10

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Lundi matin, à onze heures, j'avais une boule au ventre. Pas de celle qui me tordait le ventre d'excitation quand il me frôlait la semaine précédente, plutôt une boule qui témoignait de la peur que j'avais de le revoir, que j'avais de flancher. Je m'étais volontairement assise entre Amélie et Simon dont le flirt semblait n'avoir pas eu de suite, afin que la première me noie sous la description détaillée de son week-end et que le second me divertisse avec ses commentaires sur le cours.

Léopold arriva à onze heures pile. Il avait l'air de mauvaise humeur, se brûla avec son café chaud et nous annonça qu'il avait oublié sa clé USB avec le diaporama, que nous devrions donc être attentifs à prendre des notes correctes. Étonnamment, alors qu'il m'avait toujours ignorée lors de ses cours, je le vis sourire quand il m'aperçut dans l'amphithéâtre. Je baissai alors la tête sur mon écran et ne la relevai plus jusqu'à 13h. A 13h02, alors qu'il n'était même pas encore sorti de la salle et que des élèves l'assaillaient avec des questions, je reçus un message de Léopold : « on se voit ce soir ? L ».

Vers dix-sept heures, Simon et moi sortions du TD de droit civil que nous avions en commun quand il m'annonça qu'il prévoyait de passer son début de soirée à la bibliothèque. Le chargé de TD nous ayons mis une pression d'enfer pour nous inciter à apprendre les cours dès ce début septembre, je trouvais que c'était là une bonne idée et Simon eût l'air d'apprécier que je l'accompagnasse. Nous travaillâmes jusqu'à 20 heures, nous aidant l'un l'autre de temps en temps et riant quand l'un de nous faisait une blague sur un prof. Il y avait chez Simon une simplicité naturelle qui était confortable : je ne devais pas jouer ou prétendre être quelqu'un que je n'étais pas. Je disais ce que je pensais sans y réfléchir avant et c'était agréable.

En dépit de la proximité de mon studio, il me raccompagna sur son scooter après notre séance bibliothèque. Je n'avais pas grand-chose dans mon frigo mais je proposais de lui faire des pâtes à la sauce tomate et il accepta avec plaisir.

_ L'air de rien, c'est presque un T1, ton studio ?

_ Oui, c'est pour ça qu'on l'a choisi. Cette séparation en verre dépoli entre le lit mezzanine et le petit espace salon est vraiment bien pensée.

Nous discutâmes ensuite vaguement du marché immobilier à Paris, que nous ne connaissions tous les deux que superficiellement, puis je le charriai avec Amélie.

_ Tu as l'air de l'intéresser ...

Il haussa les épaules.

_ Bof, je ne sais pas, elle flirte un peu avec tout le monde. Et ... non rien.

_ Quoi ? Dis-moi.

_ Non, rien, je te raconterai plus tard. Et puis Robin m'a dit qu'il avait déjà couché avec elle.

Je ne savais pas quoi répondre. Bien sûr, c'était vrai puisqu'Amélie me l'avait elle-même dit, mais je ne voulais pas confirmer expressément : ce n'était pas à moi de le faire. Je choisis une option neutre.

_ Si c'est la seule chose qui t'embête, va en parler avec elle. Elle aura peut-être une autre version à te raconter que celle de Robin.

_ De toute façon, elle ne m'intéresse pas.

Au moins, c'était clair. Un silence passa et par peur de le voir s'éterniser, je choisis de détourner la conversation sur un terrain plus léger.

_ C'est déjà la semaine prochaine la soirée de rentrée !

_ Tu comptes y aller ?

_ Oui, bien sûr, c'est l'occasion de rencontrer du monde. Pas toi ?

_ Je ne sais pas, cette idée de se déguiser ne me plaît pas beaucoup.

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant