Chapitre 39

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Le lendemain, c'était le grand jour.

Je me réveillai vers dix heures avec la lumière du jour qui transperçait les persiennes et caressait mon visage. Malgré mes tentatives pour rester discrète et laisser dormir Amélie, la surface réduite de mon studio entraîna son réveil dès que je me servis un verre d'eau. Elle s'étira doucement les bras et me demanda, peinant à garder les yeux ouverts, si j'étais prête.

_ Prête à quoi ? A voir l'homme que j'aime épouser une autre femme ?

_ A le voir te fixer dans les yeux quand il lui dira oui.

J'haussai les épaules et elle me lança ce regard doux de pitié dont on berce les gens qu'on aime quand on ne sait plus les sauver. Mais je n'avais pas besoin d'être sauvée : j'aimais Léopold et je savais qu'il m'aimait. Si notre relation était si singulière, cela lui donnait du piment.

Nous restâmes dans le lit à parler pendant un petit bout de temps puis elle m'invita à bruncher dans une brasserie parisienne près des jardins du Luxembourg où elle paya une fortune des produits de mauvaise qualité. On s'en fichait complètement. Sur la route du retour, Léopold m'envoya un message : « Olivier vient vous chercher à 16h, je t'aime, L ». C'était la première fois qu'il m'écrivait qu'il m'aimait. En toutes lettres. Juste avant la lettre de son prénom. C'était romantique et mon cœur se réchauffait un peu plus à chaque relecture de son message. Finalement, constatant mon sourire béat, Amélie lut aussi le message et la panique s'empara d'elle.

_ C'est dans trois heures ! On ne sera jamais prêtes !

Je la dépêchai : c'était sûr qu'à se contenter de parler, on n'irait pas plus vite. Elle passa la première dans la salle de bains puis se maquilla quand j'allai à me tour me doucher. Gênée mais ne voulant pas enfiler ma robe dans l'humidité et les vapeurs d'eau, je sortis en body. Amélie resta sans voix :

_ Louise, dis donc ! J'aimerais devenir lesbienne rien que pour te l'enlever ! Attends, laisse-moi deviner le regard que va te lancer Léopold quand il te verra comme ça.

Elle se mit alors à l'imiter, d'abord en souriant, puis en déviant vers le regard espiègle dont il habillait souvent ses sourires quand il avait des idées derrière la tête, puis en plissant les yeux et enfin en étant très sérieux avec les yeux de celui qui va me dévorer. Amélie avait vraiment repéré ses mimiques parce qu'elle l'imita à la perfection et je fus pliée de rire. Quand je retrouvai enfin mes esprits, je constatai qu'elle n'était toujours pas maquillée et qu'il était passé 15h. Vite, nous enfilâmes nos robes pour ne pas les tâcher de fond de teint et nous nous maquillâmes l'une l'autre. Comme d'habitude et compte tenu du succès que j'avais eu avec cette option, je lui demandai d'insister sur la bouche, rouge intense, tout en ne soulignant mes yeux qu'avec du mascara et de l'eye-liner. Elle au contraire, choisit de mettre le paquet sur ses yeux avec un maquillage charbonneux et des tons de bleu métallique pour rappeler la couleur de sa robe.

A 16 heures, nos escarpins enfilés, nous étions en bas de mon immeuble. Au vu des regards que les passants nous lancèrent durant les quelques minutes où nous attendîmes Olivier, nous savions que nos looks en jetaient. Cela se confirma avec l'arrivée d'Olivier qui n'avait d'yeux que pour Amélie. C'est vrai qu'elle était magnifique. Elle avait su allier ses goûts originaux avec l'élégance qu'imposait un tel événement et le combo était grandiose. Olivier la fixa quelques instants avec un sourire qu'elle lui rendit franchement, puis nous invita à nous installer dans la voiture.

A l'intérieur de l'habitacle, je reçus un message. Comme toujours, j'imaginais d'abord que c'était Léopold et mon cœur fit un bond. Ce n'était pas lui, c'était un message d'Amélie. Par réflexe, je me tournai vers elle mais elle me lança les gros yeux et m'intima de me taire. J'ouvris alors son message : « canon le chauffeur ! ». Elle avait l'air surprise, comme si elle voyait Olivier pour la première fois. Pourtant, j'avais souvenir qu'elle m'avait dit que Léopold l'avait fait raccompagnée chez elle après qu'ils aient passé cette fameuse soirée du dimanche soir chez lui à échafauder le grand mensonge. C'est ce dont je lui fis part par écrit mais elle secoua la tête de gauche à droite et me répondit en chuchotant que c'est un autre chauffeur qui l'avait reconduite chez elle.

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant