Chapitre 37

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Le lendemain, Léopold ne fit pas cours non plus. Cette fois, personne ne me posa de question. Un mail nous fut envoyé par l'administration pour nous informer qu'un rattrapage de trois heures était prévu le vendredi qui suivait, soit la veille du mariage. Je m'impatientais beaucoup de le revoir.

Il y eu de nouvelles prospections par le bureau des élèves pour la fête organisée avant les vacances de Noël. Amélie annonça qu'elle y participerait mais je gardais pour ma part un avis plus réservé, me souvenant de la fête de rentrée où je m'étais ennuyée ferme et où j'avais échappé de peu à un viol. Seule l'intervention de Léopold, intervention double sur la piste de danse et en fin de soirée, avait rendu un quelconque intérêt à la soirée.

En fin de journée, comme annoncé, je suivais Amélie dans sa recherche de robe pour le mariage de Léopold, étant moi-même à la recherche d'une paire de chaussures. Elle m'emmena au Bon marché :

_ Ça va coûter la peau des fesses mais c'est peut-être le seul mariage grandiose auquel j'assisterai de toute ma vie alors autant mettre le paquet !

Elle marque une pause puis se ravisa.

_ Enfin non, le jour où Léopold et toi vous marierez ce sera hyper chic aussi et j'espère bien être invitée.

Je gloussai et la suivis dans sa sélection de robe. Contrairement à la dernière fois, quand nous étions allées avec Simon choisir nos masques pour la soirée de rentrée, la sélection d'Amélie fut cette fois-ci étonnamment sobre et élégante. Il n'y avait que des robes de cocktail distinguées, sans couleur tape à l'œil ni fanfreluches. Elle en essaya neuf en tout et son choix s'arrêta sur la sixième : une robe fourreau bleu dur qui s'arrêtait aux genoux, avec un col discret en V et des manches courtes. La robe étant en promotion, elle refusa mon aide financière et nous passâmes aux chaussures.

La vendeuse était beaucoup moins sympathique que celle qui nous avait servies pour les robes. Au contraire, celle-ci nous regarda de haut en bas et pinça les lèvres à chacune de nos nouvelles demandes. Mais nous n'en avions tellement rien à faire qu'Amélie commença à imiter son pincement de lèvres à chacune de ses remarques, si bien que je n'en finissais plus de rire. Finalement et probablement un peu pour l'embêter, nous n'achetâmes pas nos chaussures chez elle mais au stand d'à côté. Notre choix s'arrêta sur la même paire : des escarpins à talon épais en cuir et plateforme qu'Amélie choisit en blanc et moi en rouge. Ainsi, malgré ma robe blanche, Léopold aurait l'occasion de se souvenir de la couleur du dessous qu'il m'avait offert à chaque fois qu'il regarderait mes pieds. Quand je lui expliquais mon choix, Amélie s'excita :

_ Il faut absolument que tu me montres la robe et le body !

Je l'invitai donc à passer la soirée chez moi.

Le body provoqua chez elle la même expression qu'il avait provoquée chez moi. Elle toucha le tissu en se mordant la lèvre et me regardant en levant un sourcil :

_ Dis donc ... Quel homme audacieux !

Elle le reposa et s'empara de la robe. Ses yeux brillaient.

_ Tu vas oser mettre ça ?

_ Je l'ai déjà mise une fois et elle n'était pas doublée, alors bien sûr que j'oserai ! Et puis tu seras avec moi. Quand je suis avec toi, je n'ai peur de rien.

C'était vrai, je ne mentais pas. Elle avait le don de m'apaiser et de créer comme une sorte de zone de sécurité quand j'étais avec elle. Amélie était tellement forte, tellement sûre d'elle, que je me sentais protégée en sa présence. Mais c'est souvent les personnes que l'on pense invincibles qui sont les plus sensibles et je pensai en mon for intérieur qu'il allait falloir que je fasse attention à elle.

_ Au fait, c'est où le mariage ?

Je n'avais même pas regardé. J'avais été tellement estomaquée, puis curieuse du contenu des paquets, que je n'avais même pas pensé à regarder sur le faire-part. Il était posé sur ma table haute et je m'en saisis.

_ C'est marqué ... Château de Borrélion. A priori c'est dans les Yvelines.

Amélie sortit son téléphone et rechercha sur Google. Quand les images s'affichèrent, nous restâmes bouche bée.

_ J'y crois pas. C'est vraiment un château pour le coup.

C'était vraiment un château. Avec la grille d'entrée, les immenses jardins à la française, avec les grandes fenêtres rectangulaires et l'architecture en U. Nous restâmes bouche bée à regarder les photos défiler.

_ Et comment on y va ?

Ça non plus, je n'y avais pas pensé. Décidément j'avais vraiment eu la tête en l'air, obnubilée par le toucher de toute cette soie que je porterais et dont Léopold m'effeuillerait, et je n'avais même pas pensé aux détails pratiques. J'haussais les épaules.

_ Je n'en sais rien, mais il ne me semble pas y avoir mille solutions : on y va en taxi. Tu me vois prendre le RER avec ma robe blanche franchement ? Le vélo ou le scooter je n'en parle même pas. De toute façon, j'avais prévu de participer à ta robe et tu l'as finalement entièrement payée, donc on investira cet argent dans le taxi.

Je proposai à Amélie de rester pour la nuit mais elle déclina l'invitation.

Le lendemain, je travaillai à bibliothèque le matin. Le rattrapage du cours de Léopold avait lieu l'après-midi à quatorze heures. En arrivant dans la salle, je sentis tous les regards se tourner vers moi. C'était la première fois que j'assistais à un de ses cours depuis l'épisode de la gifle. Je constatai que les bancs n'avaient jamais été aussi remplis et pensai qu'ils étaient venus nombreux dans l'espoir d'avoir droit à un spectacle. S'ils savaient que désormais je caressais les joues de Léopold et que je ne les giflais plus, ils auraient été déçus.

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant