Chapitre 13

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Le corps las de déception et les pieds meurtris, je me déchaussai et entrepris de rentrer chez moi pieds nus. Ce devait normalement être un quartier animé, mais il était près de deux heures du matin et l'environnement était désert. Je marchai dix minutes sans croiser personne et arrivée dans ma rue, alors que je pensais être tranquille, j'entendis deux voix d'hommes derrière moi. C'était de toute évidence deux étudiants qui m'avaient suivi à la sortie de la soirée. Ils m'apostrophaient.

_ Eh princesse, eh oh ! Attends-nous un peu !

J'essayai d'accélérer mon pas mais malgré leur alcoolisme apparent, j'étais sûre de ne pas arriver à les semer. Ils arrivèrent à ma hauteur avant même que je ne sois à cent mètres de ma porte d'immeuble.

_ Alors, on n'est pas intéressée ma jolie ? On n'est pas assez bien pour toi peut-être ?

Le plus soul des deux, celui qui avait mis sa cravate sur sa tête et dont le costume était souillé d'alcool, approcha sa main de ma joue. Je me dérobai rapidement mais l'autre m'attrapa par la taille. Il était moins soul et plus robuste, et ne semblait pas avoir de mal à me maintenir contre lui.

_ Allez, sois gentille et on ne te fera pas de mal. On n'est pas méchants nous, si ? On veut juste une petite gâterie.

Celui qui avait sa cravate sur la tête commença à déboutonner son pantalon. Je me mis à pleurer en sachant bien que ça ne servirait à rien. Il y a vingt minutes encore, je me sentais princesse, à danser la valse avec le plus bel homme du monde, et maintenant, je me retrouvais encerclée par deux étudiants poivrots qui allaient probablement me violer. Je n'ai pas vu ma vie défiler, mais j'ai pensé à ma mère à ce moment-là. A ma mère qui a le don pour me mettre hors de moi, pour me faire péter les plombs et me harceler à toutes heures, mais à ma mère qui m'aime tant, que j'aime tant et qui m'a protégée depuis que je suis toute petite. Je n'ai même pas été capable de me protéger moi-même trois semaines à Paris.

Alors que l'un parvenait tant bien que mal à baisser son pantalon malgré ses titubations, l'autre posa ses mains sur mes épaules et appuya dessus pour me faire agenouiller. Perdu pour perdu, je tentai un coup dans les testicules. Ce fut un échec cuisant : déjà parce que j'ai mal visé et que j'ai atterri sur la cuisse, et parce que ça l'a énervé et qu'il a resserré son emprise.

_ Tu vas la sucer sa bite maintenant ! Et après c'est mon tour !

Soudain, une voix d'homme s'éleva dans la rue.

_ Lâchez-là !

J'entendis des pas courir et se rapprocher. Léopold. Forcément, c'était lui. Il était venu m'attendre près de chez moi après la valse pour que nous passions la fin de soirée ensemble. Je parvins à me dérober de la prise du deuxième homme, me levai et fichai un coup de pied dans les testicules du premier. Je m'appliquai à bien viser cette fois-ci et comme il était nu et alcoolisé, cela suffit à le mettre hors d'état de nuire. Je me tournai vers l'homme qui arrivai et le prit dans mes bras.

Ce n'était pas Léopold. Oh, comme j'aurais aimé que ce soit lui, comme j'aurais aimé me lover dans ses bras et qu'il m'arrache aux griffes de ces bandits, mais ce n'était pas lui. C'était Robin.

_ Allez, cassez-vous les mecs.

J'aurais voulu lui dire que non, je ne voulais pas qu'ils partent : je voulais les amener au commissariat et porter plainte. Si moi je ne disais rien, alors il y aurait d'autres filles, et d'autres encore qui se feraient encercler et agenouiller. Mais je ne dis rien, je restai figée, conscience de la chance que j'avais eu que Robin soit passé dans le coin.

Les deux garçons s'en allèrent sans se presser, en me traitant vaguement de pute entre deux gorgées de vodka. Je rassemblai un peu mes esprits et me tournai vers Robin.

Tentations parisiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant